A cognitive bias, or psychological bias is like a subconscious trick your brain plays on you that might cloud your judgement. When it comes to investing, there’s a unique set of cognitive biases that could prevent you from making rational decisions with your money.
Andy Nasr, the Chief Investment Officer at Scotia Wealth Management, is back on the Perspectives podcast to breakdown five common investing biases and how you can avoid them.
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Faits saillants :
1:30 — Avant tout, Stephen a quelque chose d’important à avouer à Andy.
2:03 — En placement, qu’entend-on par préjugé sur les placements?
3:30 — Biais no1 : Excès de confiance
5:35 — Biais no 2 : Aversion au regret
11:34 — Biais no 3 : Effet de troupeau
12:37 — Biais no 4 : Perte de repères face aux options possibles
15:47 — Biais no 5 : Effet de dotation
17:24 — Points à retenir sur ces biais
Stephen Meurice : Un biais cognitif ou biais psychologique est un mode de pensée systémique qui nous amène à interpréter le monde d’une manière irrationnelle. Autrement dit — humaine.Vous avez peut‑être déjà entendu parler de certains de ces biais, et vous en avez peut‑être presque certainement été victime dans certains cas. Le biais de la confirmation en est un exemple classique. Il s’agit des cas dans lesquels vous sélectionnez dans votre subconscient des faits qui confirment ce que vous croyez déjà. On parle aussi de l’effet de projecteur. Il s’agit des cas dans lesquels nous supposons que les autres nous portent beaucoup plus d’attention que celle qu’ils nous portent effectivement. Et bien entendu, il y a les biais cognitifs, par exemple quand il s’agit d’investir. Il s’agit des stratagèmes auxquels votre cerveau fait appel et qui pourraient assombrir votre jugement et vous empêcher en définitive d’investir judicieusement. Ils sont même parfois difficiles à éviter.
Andy Nasr : Il faut être disposé à se livrer à une analyse approfondie, au lieu de se laisser emporter par ses sentiments.
SM : Voici Andy Nasr, chef des placements de Gestion de patrimoine Scotia. Il peut parfois jouer le rôle de conseiller, et même de thérapeute, auprès des clients.
AN : Il s’agit plutôt de rationaliser ce qui est irrationnel [rires]. Ça fait partie du travail. Il s’agit des comportements irrationnels que les gens peuvent adopter à cause de ces partis pris ou biais. Il faut s’assurer que tout reste dans le domaine du rationnel.
SM : Andy est notre invité dans cet épisode, et nous allons tâcher de nous en tenir rigoureusement au domaine du rationnel. Il nous parlera des cinq biais cognitifs les plus répandus chez les investisseurs et des moyens de les éviter. Je m’appelle Stephen Meurice, et j’anime le balado Perspectives.
Andy, merci infiniment d’être à nouveau des nôtres. C’est toujours un plaisir de vous accueillir dans nos balados.
AN : Merci de m’avoir invité. C’est toujours un plaisir d’être ici.
SM : Avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez‑moi de me libérer d’une inquiétude. Je suis un peu triste que la question n’ait jamais été évoquée, mais on m’a dit que vous n’aviez aucune présence sur les réseaux sociaux, alors que votre chien a un compte Instagram. Est‑ce bien vrai?
AN : Mais pas du tout. J’ai un chat, et il a plutôt un compte TikTok. Mais je n’ai encore rien publié sur ce compte, ce qui vous donne une idée de toute l’importance que je consacre aux réseaux sociaux. J’ai une nette préférence pour les chats.
SM : Oh, c’est un chat. Très bien. Comment s’appelle‑t‑il?
AN : Teddy.
SM : Très bien.
AN : Son pseudonyme sur TikTok est « meek meow ». Mais je ne crois pas qu’il ait d’abonnés. J’ai peut‑être désactivé son compte [rires].
SM : [rires] Très bien. Nous allons parler aujourd’hui des biais parmi les investisseurs. Et je crois que nous avons même parlé un peu dans nos précédentes discussions sur les réactions qui ne paraissent pas parfaitement logiques sur les marchés. Mais nous pourrions peut‑être commencer par définir un peu cette notion avant d’aller plus loin. Qu’est‑ce qu’un biais psychologique pour un investisseur?
AN : Quand on parle des biais psychologiques des investisseurs, ont fait référence au fait qu’ils prennent des décisions en se basant sur leur expérience, leurs convictions personnelles et leurs émotions. Quand nous avions abordé cette question, je crois que nous avons fait la différence entre les fondamentaux, soit la façon dont les activités sont censées se dérouler, et le moral des investisseurs. Il s’agit d’une assez bonne définition de la question. Il faut penser à la théorie traditionnelle des finances ou aux marchés qui sont supposés être efficients. Les investisseurs prennent toutes sortes de décisions d’après ce qu’ils croient que les autres font ou en fonction du fil des actualités, ce qui peut certainement avoir une incidence sur leur capacité à atteindre leurs objectifs sur des durées prolongées. Et la plupart du temps, ils finissent par prendre des décisions plutôt désastreuses.
SM : Très bien. Se peut‑il que vous jouiez parfois le rôle de thérapeute auprès de vos clients?
AN : Il s’agit plutôt de rationaliser l’irrationnel [rires]. Ça fait partie du travail. Il s’agit de se pencher sur les comportements irrationnels que les gens ont tendance à adopter à cause de ces biais. Il faut tâcher de s’assurer qu’on reste dans le domaine du rationnel, au lieu de réagir spontanément.
SM : Très bien. Il y a donc une liste de biais psychologiques répandus quand il s’agit d’investir. J’imagine qu’on pourrait les parcourir un par un et que vous pourriez nous expliquer en quoi ils consistent et ce qu’il faut faire pour les éviter.
AN : Bien sûr.
SM : Le premier biais de notre liste paraît assez répandu : il s’agit de la surconfiance.
AN : Oui. Je crois que dans bien des cas, les investisseurs ont l’impression d’en savoir plus que les marchés. Et les marchés sont étranges. Ils sont constitués de toutes sortes de personnes qui ont des objectifs et des horizons temporels différents. Or, les investisseurs peuvent faire preuve d’un excès de confiance lorsqu’ils croient par exemple tout savoir ou qu’une entreprise ou une idée est meilleure que toutes les autres. C’est ce qui peut généralement conduire à d’autres biais, notamment lorsqu’on s’en tient pendant trop longtemps à certaines convictions ou qu’on pense simplement qu’on peut sortir d’une mauvaise passe, ce qui ne finit pas toujours bien.
SM : Quel est donc l’antidote de la surconfiance?
AN : Il s’agit vraiment d’adopter un point de vue rationnel équilibré et de reconnaître qu’on ne peut pas toujours avoir toutes les réponses. C’est ce que l’on constate par exemple chez les différentes personnes qui misent sur les actions cultes et qui s’en tiennent à ces titres ou à ces entreprises parce qu’elles croient qu’il s’agit d’une tendance ou d’une mode qui va les propulser dans l’avenir. Si ces placements commencent à être productifs, ils peuvent donner lieu à la surconfiance : les investisseurs s’en tiennent alors à ces titres. Mais même dans ce cas, comme vous le savez, tout peut monter, et tout peut aussi baisser. On hésite donc généralement à s’en tenir à la réalité parce que l’on mise beaucoup sur les titres dans lesquels on a investi.
SM : Les professionnels font‑ils eux aussi parfois preuve d’un excès de confiance?
AN : Oui, absolument.
SM : [rires]
AN : Évidemment qu’ils font preuve d’un excès de confiance. Les petits investisseurs représentent une part modeste de l’ensemble du marché. Beaucoup d’institutions gèrent les fonds des petits investisseurs et ont tendance à être celles qui font tourner les capitaux. Ainsi, comme les petits investisseurs qui ont des convictions, les investisseurs institutionnels ont eux aussi leurs titres convictionnels, comme ceux très prisés sur Reddit il n’y a pas si longtemps. Si tous les investisseurs ont des convictions, ce sont généralement les grands investisseurs qui peuvent mieux influencer la valorisation des titres ou les attentes vis‑à‑vis de la croissance, entre autres. Ce sont donc vraiment les convictions qui imprègnent le domaine institutionnel.
SM : Parlons du biais suivant : l’aversion au regret. Je dois vous confier, Andy, que j’ai beaucoup de regrets. C’est donc un biais que je connais bien et qui m’est cher. De quoi s’agit‑il pour l’investisseur?
AN : J’ai beaucoup de regrets moi aussi [tous les deux éclatent de rire]. Il faudrait en reparler après ce balado. Je vous raconterai des anecdotes. Comme vous le savez, au rez‑de‑chaussée de cet immeuble dans lequel nous travaillons chaque jour, il y a un magasin Winners. Je vais vous donner un exemple. Winners appartient à TJX. Pour nos auditeurs, il ne s’agit pas d’un conseil que je donne.
SM : [rires]
AN : En examinant ce titre, je crois qu’il s’agit d’un assez bon exemple de l’aversion au regret, surtout dans les dernières années. La phobie du regret, c’est aussi la phobie de la perte. C’est la même notion. Le concept est vraiment fondé sur l’idée que les investisseurs sont beaucoup plus sensibles aux pertes : ils ont l’impression que les pertes sont beaucoup plus pénibles que les gains qu’ils pourraient obtenir. Ils commencent donc par liquider leurs placements, surtout s’il y a des risques et de l’incertitude à l’horizon; puis, ils espèrent se rattraper plus tard. Mais revenons à Winners et à sa société mère, TJX. Ce que l’on constate, c’est que dans les dernières années, le titre s’est simplement bien illustré. Oublions le sommet atteint pendant 52 semaines : dans ce cas, ce sommet a été atteint pendant cinq ans. Et si on remonte un peu plus en arrière, disons au début de la crise sanitaire, on remarque que le titre, lorsque la crise sanitaire s’est abattue sur nous au début de 2020, valait 65 $; la crise sanitaire s’est déroulée et le titre a perdu la moitié de sa valeur. Pourquoi? Parce que naturellement, de vastes pans de l’économie ont été confinés, ce qui est compréhensible. Les investisseurs se sont vraiment inquiétés du moment auquel l’économie reprendrait son cours normal, si jamais elle réussissait à le faire. Or, il s’agit d’une entreprise assez bien capitalisée. On peut affirmer que la valeur de l’entreprise n’a pas baissé de 50 %. Or, tous ont eu la même réaction, non seulement pour ce titre, mais aussi pour les actifs risqués en général, parce qu’ils s’inquiétaient. C’est donc un bon exemple de l’aversion à la perte. Aujourd’hui par contre, on peut constater qu’il y a d’autres formes de biais psychologiques quand on commence à se demander si ces titres se sont bien tirés d’affaire depuis. Je sens que vous allez me poser des questions sur les tendances au mimétisme ou à la ruée sur certains titres. Il s’agit toutefois d’un autre domaine dans lequel les investisseurs commencent à montrer qu’ils sont plus tentés de prendre des risques parce qu’ils croient que la situation va nettement s’améliorer. Ils s’en tiennent à des convictions et finissent par vouloir passer outre tout le bruissement à court terme qui pourrait exister. Ce principe fonctionne donc dans les deux sens. Si on reprend l’exemple de cette entreprise, nous parlons aujourd’hui de ces biais psychologiques parce que c’est d’actualité. Nous sommes sur le point de connaître une récession. On pourrait même dire que certaines régions du monde sont en pleine récession. Et les investisseurs s’inquiètent vraiment de faire fructifier leurs fonds. Pourtant, le marché a un peu rebondi. Il remonte la pente. Et les investisseurs commencent à reprendre certaines réflexions sur les valeurs mobilières. « Même s’il y a une récession et qu’elle ne dure que 12 mois, dois‑je vraiment m’inquiéter si l’entreprise rate quelques trimestres? » Ils commencent donc à être prêts à prendre plus de risques malgré certains problèmes. Ce sont les réactions que l’on commence à constater sur le marché, et elles fonctionnent aux deux extrémités du spectre. Mais dans le cas de l’aversion au regret, il s’agit d’une aversion à la perte. C’est beaucoup plus pénible, pour les investisseurs, de subir cette aversion que de s’en tenir à Winners ou d’engranger des gains. C’est pourquoi ils commencent souvent par liquider leurs placements, pour ensuite poser des questions. Et puisqu’il est difficile d’anticiper le marché, les investisseurs pensent qu’il faut le faire, puisqu’ils sont beaucoup plus sensibles à l’idée de perdre de l’argent.
SM : Je me demande si la réponse à cette question sera la même pour chacun des termes dont nous allons parler. Mais quel est l’antidote pour l’aversion à la perte ou au regret?
AN : Disons que ce qu’il y a de plus difficile pour les investisseurs, lorsque les marchés sont extrêmement volatils, c’est de tâcher d’imaginer les moyens de créer des portefeuilles, n’est‑ce pas? Il s’agit de savoir comment affecter les capitaux pour atteindre les objectifs à long terme. Le plus souvent, les investisseurs ont tendance à penser un peu trop à court terme. C’est pourquoi ils s’inquiètent des récessions, qui ne durent pas très longtemps, ou de la conjoncture géopolitique, qui peut avoir une influence énorme sur l’économie et sur l’humeur des investisseurs. Les investisseurs pensent à tous ces facteurs, même s’il s’agit de facteurs macroéconomiques. Comme vous le savez, les taux d’intérêt élevés et la flambée des prix ont un effet négatif sur le patrimoine parce que les prix des maisons baissent ou que les marchés plongent. C’est ce qui vient hanter les investisseurs. Et c’est dans ce cas que demander des conseils et adopter un plan permettent d’avoir les idées un peu plus claires. Si on a un plan, il doit s’agir d’un plan à long terme, et les fluctuations des marchés ne devraient pas vraiment vous empêcher d’atteindre vos objectifs sur un horizon à long terme. Ce plan vous permet aussi de réaliser ce qui est vraiment important. Si vous avez un portefeuille largement diversifié, vous pouvez commencer à repérer les grandes catégories d’actifs, ou même les actifs risqués et les titres risqués, ainsi que les titres qui perdent de la valeur. Par « risqué », je veux dire « plus volatil ». On a vraiment l’occasion de déployer tactiquement le capital et de profiter de la volatilité. Mais pour y arriver, on ne peut pas céder au regret, ni faire preuve d’un excès de confiance, et il faut avoir les deux pieds sur terre. On peut donc vraiment dire que les conseils sont très importants.
SM : Il s’agit de ce que l’on dit et de ce dont on parle à long terme, entre autres. Certains investisseurs ne planifient pas nécessairement leur retraite. Ils recherchent une rente ou font pratiquement des paris. Certains pourraient dire que l’un des aspects de l’investissement sur les marchés boursiers consiste à rechercher des gains rapides. Voyez‑vous beaucoup de ces cas ou est‑ce vraiment ce que vous constatez chez les investisseurs qui pensent à long terme?
AN : On me pose souvent cette question. On me demande toujours « Donnez‑moi le nom d’un titre ou deux. Quel titre achèteriez‑vous si vous deviez mettre tous vos fonds dans le même panier? » Ma réponse est toujours la même. Je réponds qu’on s’adresse à mauvaise personne. Pour reprendre une analogie avec le baseball, on ne va jamais frapper de coup de circuit. On veut se rendre sur les buts et gagner le match. Et quand on parle de portefeuilles et de titres de grande qualité, il s’agit de bâtir les fondations d’un portefeuille. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas prendre de risques. Il est absolument essentiel de connaître les risques que l’on prend et le type de rendement auquel on peut s’attendre en prenant ces risques. Il s’agit d’un concept vraiment essentiel. C’est ce qu’on appelle le rendement corrigé du risque. Et quand les investisseurs veulent rapidement faire de l’argent, ils finissent souvent par prendre énormément de risques. C’est ce qui peut donner lieu à certaines difficultés que nous avons évoquées, par exemple les pertes et d’autres problèmes qui peuvent avoir des incidences sur les résultats à long terme.
SM : Très bien. Vous avez déjà parlé brièvement de ce biais. Il s’agit du mimétisme. Je peux deviner, d’après le nom de ce biais — le MIMÉTISME — que c’est ce dont nous venons tout juste de parler?
AN : Oui. Un bon exemple serait celui des titres cultes ou des investissements prisés sur Reddit, qui étaient tous très en vogue il n’y a guère longtemps. Il s’agit des cryptomonnaies et des jetons non fongibles, par exemple. On vendait même des images représentant des pierres avec des yeux de rayons lasers. Sans compter les titres boursiers des entreprises de marijuana, la liste pourrait s’allonger à l’infini. Et quand tout le monde a l’impression d’avoir une bonne mise sur un titre, surtout quand les voisins en profitent déjà et qu’ils ont des idées pour s’enrichir rapidement, on a naturellement tendance à vouloir être dans le feu de l’action. C’est ce qui peut créer beaucoup d’effervescence et de bulles. Mais quand les bulles éclatent, la situation devient plutôt instable.
SM : C’est vrai.
AN : C’est la raison pour laquelle, encore une fois, on peut faire ces opérations si on est à l’aise de perdre l’argent qu’on va y consacrer. Mais il vous faut des fondations solides qui vous permettront au moins de compter sur de bonnes nouvelles chemin faisant.
SM : Il faut donc être disposé à perdre effectivement tout cet argent, advenant le pire.
AN : Oui.
SM : D’accord. Notre prochain biais psychologique est le fait de se laisser dominer par les options.
AN : Les options sont tellement nombreuses.
SM : Il y en a beaucoup.
AN : Comme vous le savez, j’ai été gestionnaire de portefeuille dans une autre vie. Et quand on est gestionnaire d’un portefeuille boursier mondial, on peut faire un choix parmi des dizaines de milliers d’entreprises, littéralement, partout dans le monde. Il suffit de penser à la capitalisation boursière et au territoire géographique des industries et des secteurs. Le choix est très vaste. Imaginons le petit investisseur qui se dit : « Qu’est‑ce que je vais donc acheter, combien de titres ai‑je achetés ou comment dois‑je faire pour créer un portefeuille afin d’optimiser le rendement et le risque et d’atteindre un équilibre? ». C’est très difficile. Et quand on pense à toutes les variables qui influent sur les rendements, il n’est pas question seulement du microrisque, autrement dit les projets de l’entreprise et les moyens grâce auxquels l’équipe de dirigeants pourra gouverner la société. Comment l’entreprise va‑t‑elle se tirer d’affaire malgré la turbulence de l’économie? Il y a aussi la question des conversions de change, de la réglementation, ainsi que de tous les perfectionnements et de la disruption numérique. Il est vraiment difficile de trouver des entreprises de grande qualité, auxquelles on pourra faire confiance pendant longtemps. C’est la raison pour laquelle souvent, les investisseurs apportent des changements à leur portefeuille, parce que l’économie mondiale change à vive allure. L’économie est très intégrée et elle se numérise à un rythme fulgurant. Il est donc vraiment très difficile de construire des portefeuilles. Et il ne fait aucun doute qu’il y a énormément de choix. Mais on peut faire valoir que les choix peuvent se réduire énormément si on souhaite d’abord construire une solution puissante et durable, qui vous permettra d’atteindre vos objectifs. Il y a beaucoup d’éléments inutiles que l’on peut supprimer pour simplement s’assurer que l’on connaît le risque que l’on court quand on pense à ses investissements.
SM : Tout à fait. Même quand il s’agit des fonds communs qui regroupent des entreprises dans une catégorie de placement, il y a toujours un nombre infini de choix à faire. S’agit‑il d’un moyen de simplifier l’analyse?
AN : Absolument. Un fonds commun ou un FNB est un bon moyen d’externaliser une partie de ces risques. Ce sont des options satisfaisantes, qu’elles soient gérées passivement ou activement. Si on mise sur un fonds commun géré activement, on espère que le gestionnaire de portefeuille ou l’institution qui gère les capitaux prendra ces décisions pour nous. Nous avons d’excellents partenaires dans la gestion des actifs qui ont démontré des compétences exceptionnelles et qui sont en mesure de le faire. Dans la gestion passive, vous êtes en fait propriétaire des titres d’un indice, ce qui permet de connaître le rendement des titres cotés en Bourse dans une région. Les risques sont moins spécifiques aux titres; toutefois, il suffit de miser sur un panier de titres largement diversifié. Le panier n’est pas toujours largement diversifié, et je crois que vous pourriez me poser des questions sur d’autres types de biais qui pourraient surgir dans ce cas. Il y a entre autres le biais de familiarité, qui amène les investisseurs à s’en tenir à des notions qu’ils connaissent parfaitement ou auxquelles ils sont habitués. Le biais du pays d’origine en est un excellent exemple. Il y a beaucoup d’investisseurs au Canada qui sont propriétaires d’un trop grand nombre de titres canadiens, en oubliant que le Canada n’a qu’une part modeste de l’économie mondiale et de la capitalisation boursière mondiale. Plus on en parle, plus on constate que ces biais surgissent dans presque tous les passages du dialogue.
SM : C’est vrai. Nous allons quand même finir par parler d’un autre biais. Il est peut‑être en quelque sorte lié à ce que vous venez d’évoquer. Il s’agit de l’effet de dotation. De quoi s’agit‑il?
AN : Il s’agit du parti pris de ceux qui survalorisent ce qu’ils possèdent simplement parce qu’ils en sont propriétaires. Ou encore, ils ont tendance à donner plus d’importance à ce qu’ils possèdent ou à ce qu’ils connaissent. Ce parti pris est lié au biais de la familiarité. Il y en a bien des exemples. Très souvent, les investisseurs survalorisent des entreprises simplement parce qu’ils se disent que « [c’]est une entreprise canadienne exceptionnelle qui a un monopole ou un oligopole ». Même s’il peut y avoir des entreprises qui exercent la même activité ailleurs dans le monde, elles sont beaucoup moins chères parce qu’elles sont peut‑être plus nombreuses à exister. Cet effet de dotation peut donc être assez dangereux puisqu’à nouveau, on a tendance à ne pas prendre les décisions les plus optimales quand il s’agit du rendement corrigé du risque dans les portefeuilles. Ce principe s’applique également aux fonds. C’est le même genre de notion.
SM : C’est ce qui nous ramène au biais de l’aversion à la perte, parce qu’on se dit qu’il est préférable de rester fidèle aux titres dans lesquels on a investi et de ne pas s’aventurer en territoire inconnu, c’est-à-dire dans des titres qu’on ne connaît peut‑être pas aussi bien.
AN : Effectivement. C’est ce qu’on pourrait croire, et en définitive, on pourrait courir plus de risques. Car si on est à l’aise avec l’effet de dotation ou le biais de la familiarité, le problème, c’est qu’on pourrait reléguer aux oubliettes certains problèmes en gestation, mais qu’on pourrait aussi être disposé à oublier simplement parce qu’on est plus à l’aise.
SM : Y a‑t‑il d’autres biais psychologiques auxquels il faudrait s’intéresser dans nos placements ou dans notre quotidien? Je suis toujours en quête de conseils judicieux à ce sujet.
AN : Oui. Nous en reparlerons après. [Tous deux éclatent de rire.] Il y a bien des solutions auxquelles on peut faire appel quand il s’agit de la finance comportementale. Je pense que ce qu’il faut surtout retenir, c’est qu’il faut profiter des occasions que nous offrent les périodes de volatilité extrême des marchés. Nous en avons parlé, mais quand on a commencé à constater que la performance des catégories d’actifs diverge et que cette divergence ne s’est pas produite récemment, presque tous les titres ont évolué dans le même sens, en baissant. Mais quand on commence à relever une certaine divergence et à constater que ces occasions surgissent, il faut être disposé à prendre un peu plus de risques. Il faut aussi être disposé à faire une analyse approfondie, au lieu de se laisser emporter par les sentiments. C’est probablement ce qu’il y a de plus important à retenir. Et c’est dans ce cas que les conseils peuvent être utiles. C’est aussi dans ce cas qu’il peut aussi être utile de s’adresser à nos partenaires exceptionnels dans la gestion du patrimoine.
SM : Je crois que c’est tout le temps que nous avons. Andy, merci d’avoir été des nôtres. C’est toujours un plaisir de vous inviter à cette émission.
AN : C’est toujours un plaisir de participer à ce balado.
SM : Je viens de m’entretenir avec Andy Nasr, chef des placements de Gestion de patrimoine Scotia. Le Balado Perspectives est animé par moi, Stephen Meurice, par Armina Ligaya et par notre producteur, Andrew Norton, qui n’a pas de chat ni de compte TikTok, et encore moins un chat qui a un compte TikTok.