L’ancien gouverneur général du Canada, David Johnston, voit le masque comme une métaphore ultime de la confiance dans notre société.

Lorsque nous le portons en faisant nos activités quotidiennes, c’est pour nous protéger et protéger les autres du virus. En soi, il s’agit d’un acte qui reconnaît « notre vulnérabilité mutuelle », expliquait récemment M. Johnston lors d’une discussion virtuelle.

« Et plus que jamais, cette vulnérabilité mutuelle s’impose à nous en tant que société. Je pense que les bonnes institutions auront une conscience beaucoup plus aiguë de cette vulnérabilité et de la confiance qu’elle demande. »

Ces propos, David Johnston les a tenus lors d’une causerie virtuelle au coin du feu avec Nicole Frew, chef de la conformité de la Banque Scotia. La discussion portait sur l’importance de la confiance, le sujet du livre de M. Johnston publié en 2018, Trust : 20 Ways to Build a Better Country (« Confiance : 20 façons de construire un meilleur pays »).

La confiance, cette valeur qui prend une importance toute nouvelle en cette période de pandémie.

Pendant la discussion d’une heure, David Johnston a parlé du rôle vital de la confiance dans notre société et il a expliqué comment on pouvait la cultiver. Il s’est inspiré de son expérience, notamment comme représentant de la Reine au Canada de 2010 à 2017, ainsi que de son enfance à Sault Ste. Marie, en Ontario.

David Johnston définit la confiance comme la rencontre entre l’équité et une certaine vision de la vérité et de la transparence; selon lui, c’est un trait fondamental du caractère canadien.

« C’est aussi à la fois “la colle et l’huile” de notre société, expliquait-il. La colle qui maintient les choses et les gens ensemble, et l’huile qui rend les transactions plus simples, comme une machine bien huilée. »

   

Photo : David Johnston, ancien gouverneur général du Canada  

Cultiver la confiance, c’est aussi « faire la bonne chose, par opposition à bien faire la chose », expliquait David Johnston. Il s’agit donc de laisser ses valeurs, et non les processus, dicter la façon dont on gère une situation.

M. Johnston a rapporté une anecdote de son temps comme étudiant et membre d’un club social à l’Université Harvard à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Il explique qu’à l’époque, il n’y avait pas de membres noirs. Lorsqu’un jeune afro-américain a été proposé comme recrue potentielle pour le club, un vote a été organisé pour déterminer si les noirs pouvaient devenir membres. David Johnston explique avoir été « stupéfait » de voir les membres voter contre, une décision qui l’a incité à se retirer du club.

« Le test, pour moi, c’est de me demander comment j’expliquerais à mes enfants pourquoi j’ai fait ou je n’ai pas fait quelque chose. Et très souvent, on prend des décisions qui ne sont pas bonnes ou mauvaises, mais qui sont juste les moins mauvaises. Je pense que c’est là que notre boussole morale et notre sens des valeurs deviennent très importants. »

Respecter ses principes et faire ce qui est juste est une priorité absolue pour la Banque, a indiqué Nicole Frew. Elle note que ce mois-ci, les BanquiersScotia sont appelés à s’engager à respecter le Code d’éthique de l’institution. Le Code énonce un ensemble de normes en matière de comportement éthique qui guident les employés, ainsi que la promesse que fait la Banque aux collectivités où elle exerce ses activités. Il est renouvelé chaque année, ce qui souligne encore davantage l’importance de ces normes.

« C’est une promesse, une promesse que nous faisons à nos clients, à notre groupe diversifié de parties prenantes et à nos instances de réglementation, a déclaré Nicole Frew. Et surtout, pour revenir à l’importance de la confiance entre les membres de l’équipe, c’est la promesse que nous nous faisons les uns aux autres. »

David Johnston soulevait aussi que, si les règles du Code sont importantes, leur esprit l’est tout autant.

« C’est la culture sous-jacente, celle qui demande de faire le bien dans vos collectivités, d’établir une relation de confiance non seulement avec vos clients, mais aussi avec tout le monde. Vous êtes une force pour le bien, pour de bonnes institutions financières. Et vous êtes responsables de la gestion des fonds qui sont déposés chez vous, des prêts que vous accordez et des transactions que vous faites. Vous contribuez à l’édification de collectivités. »

David Johnston a rappelé comment, à Sault Ste. Marie, ce sont les banquiers de la collectivité qui soutenaient le Centraide de la région en aidant les banques alimentaires et en siégeant aux comités de sport pour soutenir les équipes locales.

« [Les banquiers] jouaient un rôle qui allait bien au-delà de la bonne gestion de leur succursale : ils amélioraient la collectivité à tous les égards », a-t-il raconté.

Pour cultiver la confiance et assurer l’adhésion à un code d’éthique, ce dernier doit être « authentique. Tout le monde doit passer de la parole à l’acte. »

Et d’ajouter M. Johnston : « Tous vos gens doivent se l’approprier, et leurs actions doivent le refléter autant au travail qu’à l’extérieur. Nous utilisons d’ailleurs une métaphore dans le livre Trust, celle de la ligne droite opposée. Parce que vous êtes peut-être bon sous les acclamations de la foule, en début de peloton ou à la ligne d’arrivée. Mais moi, ce qui m’intéresse, c’est : que faites-vous dans la partie difficile, quand personne ne vous regarde? C’est ça le test. »