Lorsque Seun Ogungbile a quitté le Nigeria pour s’installer au Canada en 2017, elle avait à son actif plusieurs années d’expérience en tant que pharmacienne. Mais, rebâtir sa carrière n’a pas été de tout de repos. Elle s’est rapidement retrouvée dans un véritable labyrinthe. En plus des examens pour obtenir une licence de pratique et des coûts élevés associés au processus de réaccréditation, elle a dû repartir de zéro dans un nouveau système de santé.
En tant que pharmacienne qualifiée dans son pays d’origine, Mme Ogungbile était en mesure d’évaluer, de recommander et de prescrire des médicaments. Mais, le premier emploi qu’elle a occupé dans son domaine au Canada a été celui d’assistante en pharmacie en Ontario. Elle s’est retrouvée avec beaucoup moins d’autonomie et de responsabilités que ce qu’elle se savait capable d’assumer.
«J’avais fait mes recherches et avais élaboré un plan détaillé avant de venir au Canada, mais j’ai quand même eu quelques surprises une fois arrivée, se rappelle-t-elle. J’ai trouvé difficile d’être sous-employée, mais j’ai continué à me concentrer sur mon objectif final.»
Déterminée à réussir au Canada, Mme Ogungbile a entrepris les premières démarches pour rebâtir sa carrière en 2018 et s’est préparée aux examens menant à l’obtention d’une licence de pratique. À la fin de l’année 2018, elle avait réussi deux des trois examens requis pour avoir l’autorisation d’exercer la profession de pharmacien au Canada. Toutefois, la difficulté de concilier travail et études et d’avoir à assumer des frais d’examen élevés se faisait sentir.
«La vie ne se déroule pas toujours comme prévu. J’ai échoué à ce troisième examen… et ce n’était pas dans mes plans», explique Mme Ogungbile.
Aider les immigrants qualifiés et les réfugiés à financer leur accréditation
C’est alors qu’un de ses amis lui a parlé de l’organisme Le Moulin Microcrédits qui aide les immigrants et les réfugiés qualifiés à réussir leur carrière au Canada en leur offrant des prêts abordables pour financer l’obtention d’une accréditation professionnelle, des formations et des études.
Le Moulin Microcrédits accorde des prêts à faible taux d’intérêt pouvant atteindre 15 000 dollars aux professionnels formés à l’étranger qui viennent d’arriver au pays. Depuis 2005, l’organisme de bienfaisance, financé par les secteurs public et privé, a aidé plus de 11 000 immigrants à se requalifier en tant que travailleurs de la santé, pharmaciens, architectes, ingénieurs et autres professionnels dont le Canada a besoin. En plus du prêt, Le Moulin Microcrédits offre également un soutien global à ses clients, notamment une formation sur la littératie financière et du mentorat.
«Le Moulin Microcrédits s’emploie à résoudre un problème très canadien, explique Claudia Hepburn, cheffe de la direction de l’organisme établi à Toronto. L’ensemble de notre plan d’action en tant que pays repose sur l’idée de faire venir de l’étranger les personnes les plus talentueuses, les personnes les plus éduquées et ayant les meilleures compétences linguistiques… mais nous supposons ensuite qu’elles sont prêtes à exercer leur profession dès qu’elles ont franchi la frontière.»
Ce n’est souvent pas le cas.
«J’avais besoin de soutien», raconte Mme Ogungbile.
« Les immigrants apportent tant de talents à ce pays... Et l’histoire de Mme Ogungbile souligne à quel point les programmes comme celui de notre organisme sont essentiels pour les aider à prospérer. »
Suivant les conseils de son ami, elle a demandé et obtenu un prêt auprès de l’organisme. Le prêt a couvert ses frais d’examen final et lui a donné la marge de manœuvre financière nécessaire pour se concentrer sur ses études, ses dépenses courantes et sa carrière. Le Moulin Microcrédits lui a également offert un soutien global grâce au financement du programme ScotiaINSPIRE. Ce soutien comprend notamment une formation sur la littératie financière, des recommandations visant à faciliter la réussite des clients sur les plans économique et professionnel, le jumelage des clients avec des mentors qui leur offrent du coaching personnalisé, l’élaboration d’un plan de carrière et divers conseils. De plus, les clients apprennent comment gérer leur crédit au Canada.
«Aider à améliorer l’expérience des personnes nouvellement arrivées au pays est une priorité pour la Banque Scotia, car nous reconnaissons le rôle essentiel que les personnes immigrantes ont à jouer dans la prospérité future du Canada», explique Meigan Terry, première vice-présidente et cheffe, Durabilité, Impact social et Communications à la Banque Scotia.
«Nous sommes fiers de notre partenariat de longue date avec Le Moulin Microcrédits, qui vise à aider les nouveaux arrivants en ce qui a trait à la planification de leur carrière, aux techniques d’entrevue, au réseautage et à l’alliance inclusive, des aspects nécessaires pour rétablir leur carrière professionnelle au Canada», ajoute-t-elle.
Le partenariat ScotiaINSPIRE-Windmill vise à soutenir 2 300 nouveaux arrivants
Le partenariat avec Le Moulin Microcrédits a été établi en 2021 par le biais de ScotiaINSPIRE, l’initiative de solidarité sociale de la Banque visant à améliorer la résilience économique des groupes défavorisés. À l’origine, l’objectif du partenariat était d’augmenter le nombre de femmes nouvellement arrivées au pays pouvant bénéficier des programmes de prêt et de mentorat de l’organisme. Avec plus de 2 100 personnes immigrantes soutenues au cours des années, ScotiaINSPIRE a renouvelé son investissement de 2,5 millions de dollars en 2024, et ce, pour trois années supplémentaires, afin de continuer à offrir un soutien global à la clientèle de l’organisme Le Moulin Microcrédits.
«Les immigrants apportent tant de talents à ce pays, remarque Mme Hepburn. Et l’histoire de Mme Ogungbile souligne à quel point les programmes comme celui de notre organisme sont essentiels pour les aider à prospérer.»
En 2019, une étude réalisée par World Education Services a révélé que parmi les immigrants qualifiés au Canada qui ont été interrogés, seuls 39 % occupaient un emploi dont le type et la complexité des tâches étaient similaires à celles qu’ils accomplissaient avant d’immigrer. Les obstacles à l’emploi sont le refus des employeurs d’accepter les qualifications et l’expérience, la non-reconnaissance des études poursuivies à l’étranger et l’absence d’autorisation d’exercer au Canada.
Selon les données compilées par Le Moulin Microcrédits, en moyenne, les revenus de ses clients sont multipliés par trois et le taux de chômage passe de 41 % à 9 % après le remboursement de leur prêt. Grâce à la réaccréditation de ses clients et aux importants services de soutien offerts, le taux de remboursement de prêt historique de la clientèle s’élève à 96 %.
Pour Mme Ogungbile, son parcours en fut un de persévérance et de gratitude. Elle se souvient encore de ce jour d’octobre 2018 où elle a enfin obtenu son accréditation, quelques jours avant son anniversaire.
«C’était un sentiment incroyable. Je suis autorisée à exercer ma profession et j’ai réalisé mes objectifs et mes rêves», remarque-t-elle.
Mme Ogungbile a maintenant sa licence de pharmacienne. Après avoir débuté comme assistante en pharmacie chez Pharmaprix, elle est aujourd’hui propriétaire de son propre magasin Pharmaprix à Canmore, en Alberta.
« Le Moulin Microcrédits a cru en mes objectifs de carrière lorsque j’ai eu besoin d’aide. Aujourd’hui, je suis fière de contribuer à ma communauté et de redonner au pays qui m’a permis de prendre un nouveau départ.