Wes Hall, homme d’affaires canadien et vedette de Dragon’s Den, affirme que le leadership inclusif et empathique n’a jamais été aussi crucial dans un monde où la promotion de la diversité, de l’équité et de l’inclusion est confrontée à de nouveaux défis.

Selon lui, la diversité, l’équité et l’inclusion ne sont pas de simples mots à la mode; ce sont les fondements d’une société juste.

M. Hall, qui a reçu le Prix du chef d’entreprise canadien de l’année en 2022 de la Chambre de commerce du Canada, a pris la parole lors d’un événement organisé par la Banque Scotia sur le thème du leadership inclusif.

L’événement organisé dans le cadre de ScotiaINSPIRE, une initiative d’investissement de 500 millions de dollars sur 10 ans visant à développer la résilience économique de groupes défavorisés, a permis à M. Hall de s’entretenir avec Mark Mulroney, vice-président et chef, Partenaires financiers, Services bancaires d’investissement à la Banque Scotia.

Le fait que M. Hall a grandi dans une cabane au toit en zinc en Jamaïque lui a appris très tôt à faire preuve d’empathie.

Il a évoqué sa grand-mère, un modèle d’abnégation, qui l’a recueilli, avec sept autres petits-enfants, après qu’il eut été abandonné par sa mère à 18 mois.

Le fait d’être arrivé très jeune au Canada – il n’avait que 16 ans – et de gravir les échelons du secteur des affaires lui a permis de voir le monde sous différents angles.

M. Hall a surmonté de nombreux défis pour devenir un entrepreneur prospère et fonder Kingsdale Advisors, une société de services-conseils aux actionnaires de premier plan en Amérique du Nord, en 2003. Kingsdale Advisors, qui a des bureaux à Toronto et à New York, a pris part à des courses aux procurations et à des opérations importantes. En 2014, M. Hall a lancé une société de capital-investissement, WeShall Investments (anciennement connue sous le nom de KSS HoldCo).

L’homme d’affaires s’est également consacré à la lutte contre le racisme anti-Noirs. En 2020, il a lancé l’Initiative BlackNorth, une organisation qui vise à éliminer les barrières systémiques auxquelles les Noirs font face. En 2021, il a publié ses mémoires autobiographiques intitulées No Bootstraps When You're Barefoot : My Rise From A Jamaican Plantation Shack To The Boardrooms Of Bay Street.

Voici les quatre conseils donnés par M. Hall lors de la discussion sur le leadership et l’inclusion.

1. La diversité et l’inclusion favorisent de meilleurs résultats financiers

D’après un rapport de McKinsey & Company, les entreprises comprenant une diversité au sein de leurs effectifs sont plus susceptibles de profiter d’un rendement supérieur à la médiane nationale de leur secteur.

« Nous en voyons les résultats, a indiqué M. Hall. Des équipes diversifiées apportent des points de vue uniques, de la créativité et de l’innovation, ce qui fait accroître la rentabilité. »

Cependant, il ne suffit pas d’avoir une diversité au sein de l’équipe. Il faut surtout surveiller l’environnement de travail et l’adapter pour créer une culture inclusive. « En tant que leaders, a soutenu M. Hall, nous ne pouvons pas demander à quelqu’un d’autre de le faire à notre place. »

La société de capital-investissement WeShall Investments se concentre sur l’accès à du capital pour les femmes et les personnes autochtones, noires et de couleur en affaires. Il ressort de sa récente étude d’impact économique que les entreprises qu’elle soutient ont généré environ 1,1 milliard de dollars en production économique totale entre 2020 et 2022.

2. Il ne faut pas se laisser freiner par les fausses idées de la société

Lorsqu’il se remémore les débuts de sa carrière, M. Hall est heureux d’avoir été naïf à ce moment-là.

Il se souvient de l’entrevue à laquelle il s’était présenté, vêtu de son plus beau costume, mallette en main, dans l’espoir de décrocher un poste de parajuriste auprès de l’avocat général d’une entreprise.

Quand est venu le temps de l’entrevue, la personne qui est venue chercher « M. Hall » dans la salle d’attente s’est adressée à un homme blanc vêtu d’un jean et d’un tee-shirt. M. Hall n’a pas compris que cette personne avait un préjugé social, car pour elle, il était impossible qu’un noir soit candidat à un poste très convoité dans une grande institution.  

« Je n’y ai pas porté attention, parce que j’étais naïf », a-t-il expliqué. Mais cette naïveté lui a permis de ne pas se décourager lors de l’entrevue et de saisir l’occasion.

Si bien qu’il a réussi l’entrevue et obtenu le poste.

Selon lui, dans la société actuelle, les gens ne sont plus naïfs. Et lorsqu’ils reconnaissent les préjugés sociaux, ils peuvent se laisser décourager, ce qui risque d’entraîner des conséquences désastreuses sur eux, leur carrière, leur famille et notre communauté.

En tant que leader, M. Hall croit qu’il est primordial de créer un environnement où la race et l’orientation sexuelle, par exemple, n’ont pas d’importance. Il espère ainsi pouvoir exercer une influence sur l’avenir.

"

Lorsque vous avez d’excellents leaders, vous accomplissez de bien grandes choses.

Wes Hall, fondateur et président exécutif de WeShall Investments, de Kingsdale Advisors et de l’Initiative BlackNorth

3. Une mauvaise gestion entraîne une diminution importante de la valeur de l’entreprise  

M. Hall estime que les leaders vraiment exceptionnels comprennent l’essence du leadership, qu’ils perçoivent comme une force de motivation plutôt qu’une contrainte.

Il donne l’exemple des généraux qui motivent réellement leurs troupes. Lorsque les généraux ordonnent à leurs soldats d’attaquer la colline, ces derniers avancent avec une détermination inébranlable, même s’ils savent qu’ils risquent d’y laisser leur peau.

« Lorsque vous avez d’excellents leaders, vous accomplissez de bien grandes choses, a affirmé M. Hall. Dans le monde des affaires, un mauvais leadership pèse sur la valeur de l’entreprise. La piètre gestion entraîne une diminution importante de la capitalisation boursière. »

Il a observé ce schéma dans le cadre de son travail à Kingsdale.

« Je m’attaque aux entreprises et je remplace les dirigeants. Ce qu’il faut savoir au sujet de l’activisme, c’est que les activistes ne s’attaquent pas aux mauvaises entreprises, mais plutôt aux leaders médiocres qui dirigent d’excellentes entreprises ».

Une fois que la piètre gestion est éliminée, notamment grâce à l’activisme actionnarial, M. Hall affirme que l’on peut constater une augmentation massive du cours de l’action.

4. L’empathie est essentielle au leadership inclusif

Pour illustrer le rôle que joue l’empathie, M. Hall a donné l’exemple de son ami le juge Donald McLeod, l’un des seuls juges noirs de la région de Peel. Ayant été élevé par sa mère monoparentale à Regent Park, un quartier historiquement mal desservi de Toronto, le juge utilise aujourd’hui cette expérience dans son travail.

« Il est empathique en tant que leader et juge, parce qu’il est en mesure de prendre en compte les expériences vécues par la personne en face de lui lorsqu’il prononce une sentence », a expliqué M. Hall.

Pour l’homme d’affaires, l’empathie est la pièce maîtresse d’un leadership efficace.

« J’aime toujours penser à la différence entre la diversité et l’inclusion : la diversité consiste à faire entrer des personnes dans la salle, alors que l’inclusion consiste à s’assurer qu’elles sont entendues et valorisées par des leaders empathiques. »

« L’empathie et l’intelligence émotionnelle sont les éléments qui vous distinguent le plus », a indiqué M. Hall. C’est votre capacité à comprendre votre employé ou votre équipe ainsi que leurs besoins. »