L’allié des communautés LGBT+ et autochtones, Anthony Johnson (il/lui), s’est donné pour mission d’élargir l’accès limité des personnes LGBT+ et des Autochtones et de favoriser la compréhension de ces groupes. Sa participation à la populaire émission de téléréalité The Amazing Race Canada lui a donné l’occasion unique de sensibiliser le public à ces enjeux.

Grâce aux quelque deux millions de téléspectateurs qui suivaient chacun des épisodes à l’échelle mondiale, Anthony Johnson savait qu’il disposait d’une tribune d’envergure. «En raison de l’homophobie à laquelle j’ai été confronté et de l’éducation que j’ai reçue, mais également en raison de la situation difficile dans laquelle vivent de nombreux Autochtones, un contexte dans lequel moi aussi j’ai grandi, j’ai dit à mon partenaire que cette course était une occasion que nous ne pouvions manquer», raconte Anthony Johnson, lors d’un récent événement virtuel organisé pour les employés de la Banque Scotia dans le cadre du mois de la Fierté.

«Je crois que jusqu’à maintenant, pour bien des gens, l’apprentissage se faisait de façon individuelle, principalement auprès de quelqu’un qu’ils connaissaient, soit un frère, un collègue de travail ou encore un voisin queer qui partageaient avec eux certains aspects de leur vie», explique-t-il.

Anthony et son mari, le Dr James Makokis, se sont servis de leur tribune mondiale avec une intention bien définie. Au cours de leur périple télévisé de plusieurs semaines à travers le Canada, le couple choisissait stratégiquement ses tenues dans le but d’exposer des enjeux précis, comme les nombreux cas de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées. Ils ont également montré l’importance culturelle et cérémonielle de l’eau et leur engagement à l’égard des personnes trans et bispirituelles. Pour mettre en lumière ces enjeux, ils ont revêtu des jupes à rubans et des t-shirts portant la mention «L’eau, c’est la vie» et ont même écrit des messages sur leur front.

Volunteer pilot, Sylvio Roy

Photo : Anthony Johnson

«Je suis allé à la salle de bain et j’ai inscrit les lettres «FADA» (femmes autochtones disparues ou assassinées) sur mon bandeau que j’ai ensuite enfilé sur ma tête. L’équipe de l’émission allait pouvoir modifier au montage les prises de vue montrant ma jupe, mais le message sur mon front allait se retrouver sur tous les plans de caméra», raconte Anthony Johnson. «Quand nous sommes arrivés, nous pouvions voir dans le regard des personnes présentes qu’elles avaient compris la signification profonde de ce message.»

Leur périple, qui a eu un fort impact, s’est terminé par une victoire lors de la septième saison de l’émission. Maintenant, Anthony Johnson et son mari voyagent beaucoup pour raconter leur expérience et faire part de leurs réflexions dans les entreprises de toutes tailles, dans le but de les aider à améliorer leur approche à l’égard de la clientèle issue de la diversité et les activités liées à celle-ci. «Notre travail consiste principalement à écouter. Nous écoutons ce qui se passe, nous posons des questions, puis nous transmettons cette information aux divers gouvernements et dans le cadre de consultations», explique Anthony Johnson.

Pendant la conversation qui s’est tenue à la Banque Scotia, Anthony Johnson, qui s’identifie comme une personne bispirituelle, a admis qu’il peut être difficile de définir ce terme relativement nouveau, qui a été créé au plus fort de la crise du sida dans les années 1990, lorsque la communauté LGBT+ luttait encore pour l’égalité. C’est donc dans un contexte qu’il décrit comme étant «très chargé en émotions» que le terme «bispirituel» a vu le jour.

«Des aînés autochtones rassemblés au Manitoba trouvaient cette lutte pour l’égalité un peu étrange, car à l’Île de la Tortue (nom désignant l’Amérique du Nord) l’égalité, l’équité et la justice règnent déjà et chacun a sa place», raconte-t-il.

Pendant que ce mouvement politique prenait forme, les communautés autochtones ont inventé le terme «bispirituel». «Il s’agit d’un terme générique que les Autochtones utilisent pour souligner la diversité sexuelle et de genre,» soutient Anthony Johnson.

Il a ensuite expliqué que le concept de binarité de genre est fondé sur une croyance selon laquelle il ne peut y avoir que deux genres, homme et femme, et que chacun remplit un rôle précis. Le terme «bispirituel» rejette cette notion de binarité et reconnaît les communautés intégrées. «Selon les concepts de la bispiritualité et de l’identité queer, on peut être tout ce que l’on veut», précise Anthony Johnson. «Le terme “bispirituel” permet aux  personnes de se sentir considérées, il reconnaît la culture et l’histoire, et sert de cri de ralliement pour appeler les gens à agir.»

Anthony a souligné l’importance de l’ouverture, de l’élargissement et de la remise en question des normes sociétales en guise d’étape préliminaire pour devenir des alliés. «La chose à faire présentement, c’est d’adopter une attitude d’ouverture, de remettre en question le modèle de société actuel et de déterminer ce que ces enjeux signifient vraiment pour vous.»

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Lorsque le principe selon lequel nous sommes tous égaux est bien ancré dans vos valeurs et dans vos croyances, il ne reste plus qu’à l’appliquer dans chacune des décisions que vous prenez et à mener votre vie en fonction de celui-ci.

Anthony Johnson

Il a admis avoir lui-même dû apprendre comment être un allié. «Lorsque j’étais aux études, les problèmes auxquels faisaient face les personnes trans ne m’étaient pas familiers, et j’ai dû me départir des différents stéréotypes et sentiments négatifs qui m’avaient été inculqués pendant mon enfance sans que je ne me rende compte», souligne Anthony Johnson.

Lorsqu’il a compris l’origine de son point de vue, il a été en mesure de voir les possibilités réelles d’inclusion et les possibilités d’accepter les autres comme ils sont.

Après avoir adopté une attitude de croissance et s’être informé sur le sujet, la prochaine étape vers l’alliance inclusive consiste à passer à l’action. «Jetez un coup d’œil aux politiques de votre entreprise et aux groupes dont vous faites partie pour voir s’il y a diversité au sein des organes dirigeants», propose Anthony Johnson.

Ce n’est qu’après avoir travaillé avec un groupe de personnes issues de la diversité que vous pourrez vous engager à fond dans l’alliance inclusive, qui comprend notamment les actions politiques et législatives et la redistribution des ressources vers des causes et des politiques importantes, soutient Anthony Johnson.

«Lorsque le principe selon lequel nous sommes tous égaux est bien ancré dans vos valeurs et dans vos croyances, il ne reste plus qu’à l’appliquer dans chacune des décisions que vous prenez et à mener votre vie en fonction de celui-ci.»