Voici le premier numéro des Échos douaniers. Il s’agit d’une nouvelle infolettre des Études économiques de la Banque Scotia. Ce compte rendu mensuel fait état des mutations du commerce en Amérique du Nord, en mettant en lumière ce que nous constatons dans l’environnement commercial dynamique d’aujourd’hui, en plus de faire état des conséquences de cette mutation pour la croissance à terme.
- Les données d’avril ont fait ressortir le choc des droits de douane, même si les baisses sont probablement attribuables en partie à la fin de l’anticipation des droits de douane américains et aux effets produits sur les taux de change. Les exportations canadiennes ont reculé de 10,8 % en avril, après avoir baissé de 2,2 % en mars. Comme elles l’ont fait en mars, les exportations à destination des États‑Unis ont fléchi (‑15,7 %), alors que les exportations hors des États‑Unis ont progressé (+2,9 %). Les exportations à destination des États‑Unis se sont repliées pour l’ensemble des biens, en se ralentissant dans 10 des 11 catégories de produits.
- Pour le Canada, avril a été le premier mois complet dans l’application des droits de douane sur les biens, l’acier et l’aluminium et les voitures non conformes à l’Accord Canada–États‑Unis–Mexique (ACEUM). Les taux de conformité du Canada à l’ACEUM ont bondi pour s’inscrire à 89 %, alors que le taux de conformité des exportations mexicaines à destination des États‑Unis est tombé à 82 %.
- Aux États‑Unis, les perspectives commerciales ont été encore moins favorables. Les données du Census Bureau des États‑Unis indiquent que les importations américaines ont cédé 16,3 % et que les importations de biens ont flanché de 19,1 % (elles aussi impactées par l’anticipation des droits de douane). Expliquent surtout ces décrochages, les importations de produits pharmaceutiques de métaux finis et de voitures particulières.
- Pour les États‑Unis, il faut rappeler que les chiffres d’avril correspondent à un environnement commercial différent. À certains points dans ce mois, le taux tarifaire effectif des importations américaines s’est élevé à 27 %, alors que les importations chinoises ont été soumises à un taux tarifaire de 145 %. Le taux tarifaire effectif actuel sur les importations américaines est de l’ordre de 12 %. Malgré les forts volumes d’exportations, les données sur l’incertitude liée au commerce (qui ont été publiées pour mai) ont fléchi par rapport aux niveaux d’avril, probablement en raison de la réduction des droits douaniers.
- Même si les courants du commerce peuvent en quelque sorte rebondir le mois prochain, les ralentissements pourraient perdurer à cause de la politique et de l’incertitude. Les mesures en place à l’heure actuelle permettent d’éviter les scénarios du pire pour le Canada et le Mexique (même si les répercussions seront toujours considérables). Les exemptions tarifaires pour les pièces détachées et la conformité à l’ACEUM amoindrissent les effets, et ces deux pays se voient imposer actuellement un taux tarifaire effectif de <5 % chacun. Ces niveaux, qui étaient impensablement élevés il y a un an, concordent avec les hypothèses optimistes plus récentes.
- L’optimisme n’est pas seulement une tendance américaine. Les exemptions offertes par le gouvernement du Canada s’appliquent à 30 % environ des biens ciblés par les tarifs importateurs, ce qui réduit l’impact des efforts de riposte à un taux effectif de 1,6 % sur les importations canadiennes. Ces niveaux comportent des risques haussiers pour la croissance si d’autres baisses se produisent et que l’on évite d’intensifier la production nationale.
- L’incertitude reste vive, compte tenu du nombre de variables. La confirmation de l’abrogation des droits de douane imposés en vertu de l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA) (qui feraient plonger à 4 % environ les droits de douane effectifs sur les importations américaines et qui feraient baisser à 2 %-2,3 % les taux des exportations canadiennes et mexicaines) pourrait se dérouler de concert avec des hausses ou des extensions (nouvelles) des sanctions tarifaires de l’article 232 comme substituts. L’abrogation des droits de douane serait toujours aussi favorable pour le Canada, même si les droits tarifaires de l’article 232 continuent de s’appliquer, puisque les vents contraires qui soufflent sur la croissance mondiale s’apaisent, ce qui ouvre de meilleures perspectives pour les exportations outre‑mer.
- En bref, les données d’avril paraissent représenter une baisse importante; or, elles sont aussi probablement faussées par la fin de l’anticipation à l’heure où les droits douaniers entrent en vigueur. Dans les prochains mois, on continuera de ressentir les effets des droits de douane, et les impacts sur la demande, sur l’inflation, sur l’investissement et sur les dépenses des ménages devraient se préciser, tout autant que leurs incidences pour l’ensemble des perspectives économiques.
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