SYNTHÈSE ADMINISTRATIVE
- Les marchés boursiers se sont très bien tirés d’affaire dans les derniers trimestres. Depuis 2023, leur performance étaye considérablement l’activité économique aux États-Unis et au Canada.
- Nous constatons que le bond des cours boursiers des dernières années a haussé d’un peu plus de 1 %, par rapport aux niveaux de la fin de 2023, le PIB réel du Canada et celui des États-Unis au T3 de 2025.
- Un repli significatif des marchés boursiers produirait des chocs retentissants sur la croissance, en éliminant un point d’appui essentiel pour les économies qui tâchent de s’adapter à une conjoncture de droits de douane élevés. Nos simulations laissent entendre qu’un repli de 20 % des marchés boursiers américains, ce qui ferait perdre 10 % sur les valeurs boursières canadiennes, réduirait de 0,8 % et de 0,5 % en 2027, aux États-Unis et au Canada respectivement, le niveau du PIB réel par rapport à notre scénario de base.
LE CONTEXTE
Les marchés boursiers ont gagné environ 40 % depuis 2023. Cette explosion a musclé le patrimoine financier et étayé les dépenses des ménages au Canada comme aux États-Unis. Nous constatons qu’il s’agit d’une source de croissance importante dans les dernières années et que cette progression continuera d’étayer l’activité économique à terme. Or, ces valorisations élevées font intervenir des attentes considérables pour la croissance soutenue des résultats bénéficiaires dans les secteurs liés à l’intelligence artificielle, et ces attentes pourraient ne pas se matérialiser, ce qui multiplierait les inquiétudes sur une survalorisation potentielle. Il s’agit d’un risque de baisse dans nos prévisions. Dans cette note, nous nous penchons sur l’impact des mouvements passés des marchés boursiers sur le niveau actuel de l’activité économique, en faisant ressortir les incidences d’une correction boursière potentielle à terme.
1. RÉTROSPECTIVE : LES MARCHÉS BOURSIERS ONT MUSCLÉ CONSIDÉRABLEMENT LA CROISSANCE
Nous nous inspirons de notre modèle macroéconométrique pour évaluer les impacts du rebond des marchés boursiers depuis la fin de 2023. Isolément, la hausse des valeurs boursières est venue étayer l’économie américaine et l’économie canadienne grâce à la fortification des bilans des ménages et à l’assouplissement des conditions financières. Nos simulations indiquent que la remontée des marchés boursiers a rehaussé d’environ 1,2 % au T3 de 2025, par rapport à la fin de 2023, les niveaux du PIB des États-Unis. Au Canada, cet effet a eu la même ampleur, mais a été différent dans sa composition, puisqu’il s’explique essentiellement par les retombées commerciales positives (graphique 1). Effectivement, les effets sur la richesse sont moindres au Canada puisque les ménages consacrent une proportion inférieure de leurs avoirs aux titres boursiers, ce qui veut dire que le rebond des cours boursiers au Canada a eu un moindre effet sur les dépenses des ménages. Par contre, la forte exposition des exportations canadiennes à l’activité économique américaine laisse entendre que le PIB canadien a fortement réagi aux mouvements des cours boursiers américains.
Ces simulations nous apprennent que le décollage des cours boursiers dans les dernières années a eu un impact retentissant sur la croissance économique. À lui seul, il est intervenu pour 30 % environ dans la croissance de l’économie américaine et pour 40 % approximativement dans la croissance de l’économie canadienne entre 2023 et 2025, et il explique presque entièrement la dynamique des investissements aux États-Unis, en raison du fait que les investissements américains sont très sensibles au coût du capital boursier et par la hausse des valorisations, qui a fait baisser le coût du capital. Si d’autres facteurs y ont participé durant cette période, dans l’ensemble, la croissance aurait été nettement plus anémique sans ce coup de pouce.
2. SCÉNARIO DE RISQUE : LA CORRECTION DES VALORISATIONS
Le coup de pouce apporté par la valorisation élevée devrait perdurer sur notre horizon prévisionnel; or, une éventuelle réévaluation des cours boursiers représente un risque pour nos prévisions. Dans l’analyse de nos scénarios, nous supposons que les cours boursiers (S&P 500) perdent 20 % dans la période comprise entre le T4 de 2025 et le T1 de 2026, pour s’établir à un niveau sans précédent depuis le milieu de 2024, et qu’une correction menée par les États-Unis fera baisser le TSX de l’ordre de 10 % selon notre hypothèse (graphique 2).1 Nous évaluons aussi l’impact d’un scénario pessimiste dans lequel les titres boursiers fléchissent de 40 % aux États-Unis et de 20 % au Canada. Nous faisons appel à notre modèle macroéconométrique pour simuler l’impact économique de ce redressement. Dans ce cas, il est essentiel de faire appel à un modèle macroéconométrique, puisqu’il permet de capter les effets d’équilibre généraux des mouvements des marchés boursiers et qu’il rend compte de la forte intégration commerciale et financière de l’économie de ces deux pays.
Dans notre modèle, le redressement des valorisations boursières se répercuterait sur l’économie selon trois grands moyens :
1. Les effets sur la richesse : Les dépenses des ménages
Lorsque les cours boursiers plongent, la valeur du patrimoine des ménages baisse elle aussi, ce qui vient amoindrir les dépenses. Les consommateurs américains sont particulièrement vulnérables à cet effet, puisque les titres boursiers constituent une part importante de leur patrimoine.
2. La conjoncture financière : Les investissements
Un vaste repli des marchés rapprocherait les écarts de crédit, réduirait le goût de souscrire aux émissions de titres des sociétés et pèserait sur les intentions des investisseurs.
3. Les retombées commerciales et financières : Le surchoc sur le Canada
En plus de l’effet direct des cours boursiers sur les dépenses des ménages canadiens, l’intégration commerciale du Canada avec le cycle économique des États-Unis amplifie des retombées. Il s’agit en fait du moyen le plus important de transmission pour l’économie canadienne.
LA FED ET LA BdC AMORTISSENT LE CHOC
Dans l’ensemble, un vaste repli des marchés boursiers pèserait sur la consommation et sur l’investissement au Canada comme aux États-Unis, ce dernier pays étant en outre exposé via les échanges commerciaux. Ce repli ferait perdre au PIB 0,8 % aux États-Unis et 0,5 % au Canada (graphique 3) et réduirait l’inflation de 0,2 point de pourcentage et de 0,1 point de pourcentage respectivement. Ce ralentissement de l’activité économique pèserait aussi sur la croissance de l’emploi, en réduisant d’environ 500 000 aux États-Unis et de 35 000 au Canada le nombre d’emplois par rapport à notre référentiel. Dans le scénario du pire, les effets de ce macrochoc seraient essentiellement doublés (tableau 1).
Un choc aussi négatif serait suffisant pour déclencher une intervention monétaire, qui ne serait toutefois pas assez importante pour effacer complètement le choc économique. Nos simulations modélisées laissent entendre que la Fed baisserait de 60 points de base, par rapport au référentiel, le taux des fonds fédéraux, alors que la BdC baisserait ses taux d’un peu moins, soit 50 points de base, en raison de l’impact relativement moindre sur le PIB.
1 L’impact moindre sur les titres boursiers canadiens s’explique par les effets de répercussion historiques intégrés dans le modèle entre les deux marchés. Il s’explique aussi par le fait que le marché boursier canadien est moins exposé à l’intelligence artificielle.
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