CANADA : LA LÉTHARGIE DES CHIFFRES SAISONNIERS MASQUE LA CROISSANCE SUR UN AN

En septembre, les ventes d’automobiles au Canada n’ont essentiellement pas bougé, à 1,86 million d’exemplaires (‑0,1 % sur un mois) en rythme désaisonnalisé et annualisé, selon Omdia, anciennement Wards Automotive (graphique 1). Les ventes désaisonnalisées accusent toujours une baisse par rapport aux niveaux supérieurs de l’ordre de deux millions d’exemplaires atteints au printemps, en baisse pour une moyenne de 1,89 million d’exemplaires au T3 (‑3,5 % sur un trimestre). En chiffres non désaisonnalisés, les ventes de septembre ont crû de 2,4 % sur un an et ont gagné 4,4 % sur un an au T3 par rapport à la même période l’an dernier. Au T3, la croissance annuelle des ventes d’automobiles a été légèrement inférieure à celle du T1 de 2025 (4,5 % sur un an); il s’agissait toutefois du rythme de croissance sur un an le plus lent dans un trimestre depuis 2022, à l’heure où l’incertitude et le ralentissement de la croissance économique, en raison des vents contraires que font souffler les droits de douane, pèsent sur la demande de véhicules.

Graphique 1 : Les ventes de véhicules légers au Canada

Au Canada, les données sur l’emploi pour septembre ont rebondi plus qu’attendu, puisque le marché s’est enrichi de 60 400 emplois, ce qui contrepasse essentiellement les pertes d’emploi d’août; le taux de chômage se maintient à 7,1 % et atteint une moyenne de l’ordre de 7 % depuis avril 2025. Dans le même temps, le budget fédéral prévu le 4 novembre devrait faire état d’un déficit plus considérable, puisque le gouvernement prévoit de stimuler l’investissement et la croissance pour enrayer les vents contraires que continuent de faire souffler les droits de douane américains sur les échanges commerciaux. Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada abaisse une fois de plus de 25 points de base le taux directeur, en ramenant le taux à un jour à 2,25 % d’ici la fin de l’année, aux vues du ralentissement de la croissance de l’économie et de l’emploi, alors que l’inflation continue de s’inscrire dans la fourchette cible de 1 % à 3 %. La BdC pourrait toutefois décider de ne pas modifier le taux directeur à sa prochaine réunion du 29 octobre, puisqu’il se pourrait que le marché du travail, malgré sa léthargie, ne se soit pas autant ralenti qu’on s’y attendait et que l’incertitude pèse sur les mesures budgétaires, qui pourraient alourdir les pressions inflationnistes à court terme, à déposer dans le prochain budget fédéral.

Pour les ventes de véhicules légers au Canada, nos prévisions s’établissent à 1,89 million d’exemplaires en 2025 et à 1,84 million d’exemplaires en 2026. Le rythme des ventes d’automobiles devrait continuer de tourner au ralenti jusqu’à la fin de 2025 par rapport au printemps, puisque la léthargie des marchés du travail fait souffler des vents contraires sur la croissance des dépenses de consommation.

ÉTATS‑UNIS : RISQUES DE VENTS CONTRAIRES PLUS VIOLENTS

En septembre, les ventes d’automobiles aux États‑Unis ont perdu ‑6,0 % sur un mois en chiffres désaisonnalisés pour se chiffrer à 15,9 millions d’exemplaires en rythme annualisé d’après Omdia, anciennement Wards Automotive (graphique 2). Les ventes d’automobiles se sont établies à une moyenne de 16,5 millions d’exemplaires (en rythme désaisonnalisé et annualisé) au T3, soit une hausse de 2,9 % sur un trimestre : ces ventes sont résilientes depuis le début de l’année, mais volatiles en chiffres mensuels. Le rebond des ventes d’automobiles aux États‑Unis au T3 s’explique probablement par la demande exprimée par les consommateurs, qui souhaitaient profiter de la subvention qui leur était offerte jusqu’au 1er octobre sur l’achat des véhicules électriques. Les ventes non désaisonnalisées ont progressé de 6,7 % sur un an en septembre et de 6 % au T3, pour inscrire le gain annuel le plus solide dans un trimestre depuis la fin de 2024.

Graphique 2 : Les ventes de véhicules légers aux États-Unis

La suspension des services publics fédéraux américains depuis le 1er octobre vient aviver l’incertitude, ce qui amène beaucoup d’observateurs à s’en remettre aux données de tiers ou du secteur privé pour suivre l’évolution de l’économie en l’absence de données publiques. À la fin de septembre, le président Trump a annoncé des droits de douane variant de 10 % à 25 % sur les importations américaines de bois de sciage résineux, de meubles capitonnés, d’armoires de cuisine et d’autres produits en bois; ces droits de douane sont entrés en vigueur le 14 octobre et s’inscrivent dans la foulée de la volatilité des politiques douanière et commerciale. Dans le même temps, le ministère du Commerce de la Chine a annoncé de nouveaux contrôles sur les exportations de terres rares, de pièces essentielles pour les véhicules électriques et de produits électroniques, ce qui pourrait raviver, dans la chaîne logistique, des perturbations comparables à celles du début de l’année. L’escalade continue des mesures de restriction des échanges commerciaux viendra probablement faire souffler d’autres vents contraires sur l’horizon économique, dont le secteur de l’automobile.

Selon nos prévisions pour les ventes d’automobiles aux États‑Unis, nous nous attendons à ce que le rythme des ventes trimestrielles reste au ralenti dans le deuxième semestre de 2025, compte tenu de la léthargie du marché du travail, ce qui devrait donner des ventes de 16,2 millions d’exemplaires en 2025 et de 15,9 millions d’exemplaires en 2026.

VENTES MONDIALES D’AUTOMOBILES : LÉTHARGIE EN SEPTEMBRE À L’ÉCHELLE RÉGIONALE

En août, les ventes mondiales d’automobiles ont reculé de ‑0,9 % sur un mois (en données désaisonnalisées), puisque les ventes mensuelles se sont repliées dans toutes les régions que nous suivons, sauf l’Asie‑Pacifique, et qu’elles continuent de baisser tendanciellement après avoir atteint des niveaux supérieurs au début de l’année (graphique 3). En Europe de l’Ouest, les ventes d’automobiles ont fléchi de ‑5,8 % sur un mois (en données désaisonnalisées), ce qui efface le bond de 5,2 % du mois précédent. En Europe de l’Est, les ventes d’automobiles ont perdu ‑0,9 % sur un mois (en données désaisonnalisées); elles continuent toutefois de frôler leur plus haut depuis décembre 2024. Dans la région de l’Asie‑Pacifique, les ventes d’automobiles ont progressé de 0,8 % sur un mois (en données désaisonnalisées), grâce au relèvement des ventes en Chine (3,5 %) et en Corée du Sud (4,1 %), ce qui est toutefois largement masqué par la baisse des ventes dans les autres pays que nous suivons dans l’ensemble de la région. Dans la région de l’Amérique latine, les ventes de véhicules se sont ralenties de ‑3,4 % sur un mois (en données désaisonnalisées) en août, parce que le rythme des ventes s’est replié après avoir culminé au milieu de l’année; il continue toutefois d’augmenter sur un an. Selon nos prévisions, les ventes mondiales de véhicules progresseront de 2,2 % en 2025 et de 0,9 % en 2026, même si les droits de douane et l’incertitude font souffler des vents contraires sur les perspectives mondiales (graphique 4).

Graphique 3 : Les ventes mondiales de véhicules par région; Graphique 4 : Les contribution des régions à la croissance des ventes mondiales automobiles
Tableau 1 — Perspectives des ventes mondiales d'automobiles (Millions d'unités); Tableau 2 — Les perspectives des ventes d’automobiles dans les provinces (en milliers d’exemplaires par an)
Les perspectives trimestrielles du secteur de l’automobile en Amérique du Nord: Graphique 1 : Ventes de véhicules légers au Canada; Graphique 2: Ventes de véhicules légers au États-Unis; Graphique 3 : Les prévisions de la production automobile nord-américaine de Wards Automotive; Tableau 3 — Les perspectives annuelles de production en Amérique du Nord