- Le Canada a comptabilisé un autre solide mois pour la croissance de l’emploi, selon des détails en demi-teinte.
- Les chiffres l’emportent pour l’instant sur la BdC et sur le budget du premier ministre Mark Carney.
- Les emplois au Canada sur un mois, en milliers // taux de chômage en %, octobre, en données désaisonnalisées :
- Données réelles : 66,6/6,9
- Banque Scotia : -25/7,1
- Consensus : -5/7,1
- Auparavant : 60,4/7,1
Le Canada a engrangé un plus grand nombre d’emplois d’assez faible qualité, ce qui a fait baisser le taux de chômage; il a comptabilisé une croissance astronomique des salaires et une baisse temporaire des heures de travail, ce qui étonne. Le graphique 1 comprend certaines statistiques de synthèse.
Tous ces chiffres justifient — du moins pour l’instant — le maintien des taux clairement télégraphié par la BdC et la résistance de l’administration de Mark Carney à de nouvelles mesures de stimulation cycliques.
BRUISSEMENT OU RÉALITÉ?
En toute justice, bien qu’il s’agisse d’un tour de roue pour une enquête statistique volatile, nous ne pouvons pas balayer deux mois de gains solides; les statistiques nous rassurent : nous pourrions même faire peu de cas du bref passage à vide de l’été en considérant qu’il s’agit d’un simple bruissement statistique.
Comme en fait foi le graphique 2, l’intervalle de confiance de 95 % dans les changements mensuels comptabilisés de l’emploi au Canada se chiffre à +/-57 000 environ. Autrement dit, si l’on répétait l’Enquête sur la population active, dans 95 cas sur 100, l’enquête aurait donné un gain compris entre 10 000 et 124 000 emplois. Le mois précédent se serait situé n’importe où entre 3 000 et 117 000 emplois. Le mois d’avant aurait été compris entre -123 000 et -9 000, et en juillet, les résultats auraient été compris entre une perte de -98 000 et un gain de 16 000 emplois.
Vous avez bien saisi? Il faut éliminer le bruissement dans une enquête follement volatile, sans toutefois trier sur le volet les chiffres du mois auxquels on croit. Ne soyez pas du nombre des observateurs conciliants qui s’en sont remis aux baisses de juillet et d’août en balayant les gains énormes de septembre et d’octobre. Ne soyez pas non plus du nombre des purs et durs qui ont balayé les rapports de juillet et d’août pour préférer les gains extraordinaires des deux mois suivants.
Toujours est-il que le graphique 3 est le signe de la confiance limitée que l’on peut porter au rapport. Il s’agit pourtant de la même agence statistique. On relève d’importantes différences dans la croissance récente de la population. L’écart entre les estimations trimestrielles totales de la croissance de la population publiées jusqu’au T3 et ce que l’Enquête sur la population active nous apprend pour la population mensuelle des adultes de 15 ans et plus s’est, dans l’année écoulée approximativement, creusé significativement et plus constamment qu’au plus fort de la pandémie. Ces différences assez importantes en pourcentages contrastent avec le nombre d’habitants du pays. Si on a tant de mal à estimer la population en faisant appel à ces deux approches, il faut peut-être mettre en doute la confiance qu’on peut porter à l’ensemble des chiffres.
LES DÉTAILS
Dans l’ensemble, les gains de l’emploi ont été essentiellement portés par trois secteurs : le commerce de détail et de gros, le transport et l’entreposage, et enfin, l’information, la culture et les loisirs (graphique 4). Tendanciellement, il ne s’agit pas d’emplois relativement très payants, et on a tendance à s’en remettre aux travailleurs à temps partiel par rapport à certains autres secteurs.
Il faut aussi tenir compte du fait que l’emploi à temps partiel porte l’ensemble du rapport grâce à un gain de 85 000, alors que les emplois à temps plein ont reculé de 19 000, ce qui n’est pas non plus un signal de grande qualité.
Toute la croissance de l’emploi est attribuable aux postes salariés dans le secteur privé le mois dernier (+73 000), puisqu’on a comptabilisé des baisses modestes dans les postes salariés du secteur public et dans les postes de travailleurs autonomes. Pour l’ensemble de l’année, le graphique 5 nous apprend que les postes salariés dans le secteur privé dominent la croissance de l’emploi.
Les heures de travail ont perdu -0,2 % sur un mois en données désaisonnalisées pour le deuxième mois d’affilé. Si d’autres emplois sont créés à la marge, le total des heures de travail de tous les travailleurs canadiens accuse une baisse. En octobre, cette baisse s’explique par la grève des enseignants de l’Alberta (graphique 6); dans le prochain rapport, nous constaterons que cette incidence s’infléchit, puisqu’on leur a imposé un retour un travail.
Pour l’ensemble du T4, les heures de travail pointent une baisse de -1,3 % sur un trimestre en données désaisonnalisées et en rythme annualisé dans la foulée d’un dérapage tendanciel (graphique 7). C’est très provisoire : a) puisque ce chiffre est établi d’après octobre et la moyenne du T3 seulement; et b) à cause de l’effet de la grève. Or, d’après l’information publiée jusqu’à maintenant, il s’agit d’un signal négatif pour le PIB du T4, puisque le PIB s’entend des heures de travail multipliées par la productivité des travailleurs.
C’était au tour de l’Ontario de porter les gains de l’emploi le mois dernier (graphique 8), après que l’Alberta ait produit le gain du mois précédent. L’Alberta a quand même créé un nombre plus modeste d’emplois le mois dernier de concert avec la Colombie-Britannique; or, par ailleurs, les gains n’ont guère d’ampleur dans les deux derniers mois.
La croissance des salaires s’est suraccélérée à 9,6 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé en octobre (graphique 9). Il s’agit du gain le plus vigoureux depuis juin 2022. Le lissage des chiffres nous apprend que la croissance nominale des salaires se situe toujours au-delà du taux cible d’inflation de 2 % de la BdC, alors que la productivité continue de sombrer. Dans l’ensemble, il s’agit d’un risque d’inflation poussée par les coûts.
Il faut continuer de s’attendre à une forte croissance tendancielle des salaires puisque le tiers des travailleurs du Canada sont soumis à des conventions collectives qui arrivent à expiration, ce qui continue de relancer à la hausse la progression des salaires pour rattraper le terrain perdu par rapport à ce qui a été négocié en moyenne il y a quatre ans. Malheureusement, les données sur les règlements de salaires sont à nouveau à la traîne jusqu’en juillet.
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