• L’IPC sous‑jacent a baissé un peu plus qu’attendu; or, il s’emballe tendanciellement.
  • Le logement et les biens essentiels ont fait reculer l’inflation…
  • ... Pourtant, l’inflation des prix des services essentiels continue de s’embraser.
  • Les marchés ont relativement peu réagi, ce qui a marginalement renforcé l’anticipation d’une baisse dans les cours des titres. 
 
  • IPC américain/IPC sous‑jacent, évolution en % sur un mois et en données désaisonnalisées, septembre 2025 :
  • Données réelles : 0,23/0,31
  • Banque Scotia : 0,3/0,3
  • Consensus : 0,4/0,3
  • Auparavant : 0,4/0,3

Aux États‑Unis, l’inflation sous‑jacente a été légèrement inférieure à presque toutes les attentes pour le mois de septembre. Son ralentissement s’explique essentiellement par le logement, et on ne relève guère de statistiques confirmant que les sanctions douanières se sont répercutées sur les prix des biens essentiels. Or, sous le capot, de fortes pressions s’exercent toujours sur les prix sous‑jacents des services essentiels.

Le résultat a légèrement relevé les attentes des marchés vis‑à‑vis des baisses de taux de la Réserve fédérale. Le rendement des bons du Trésor à deux ans a d’abord perdu 5 ou 6 points de base; il s’est toutefois rattrapé et a accusé un recul de l’ordre de 3 points de base. L’anticipation cumulative des baisses de taux d’ici à la réunion de la Fed en avril a légèrement augmenté : les nouvelles baisses anticipées sont de l’ordre de 80 points de base. Le dollar a été hésitant : après s’être valorisé par rapport à la plupart des grandes monnaies, il a cédé du terrain à la plupart de ces monnaies, sauf le dollar CA dans la foulée des offensives de Trump contre le Canada hier soir et encore ce matin.

Le graphique 1 fait état de la tendance récente. L’IPC sous‑jacent s’est établi à 2,75 % sur un mois, en données désaisonnalisées et annualisées, en septembre, contre 4,2 % en août. La moyenne mobile sur trois mois se chiffre aujourd’hui à 3,6 % sur un mois, en données désaisonnalisées et annualisées. Ne me dites surtout pas que les pressions inflationnistes se sont dissipées aux États‑Unis. Je ne crois pas que c’est ce que déclarera mercredi prochain le président Jerome Powell, même s’il s’est déjà engagé à faire peu de cas des effets inflationnistes des droits de douane en affirmant qu’ils seraient transitoires s’ils devaient se produire.

Graphique 1 : L'inflation selon l'IPC de base aux États-Unis

LES DÉTAILS

L’ampleur des pressions inflationnistes, même si elle s’est légèrement amoindrie, reste considérable (graphique 2).

Graphique 2 : L'ampleur de l'inflation aux États-Unis

L’inflation des biens essentiels — sur lesquels les droits de douane pèseraient probablement le plus — s’est timidement inscrite à 0,22 % sur un mois en données désaisonnalisées, soit 2,7 % sur un mois, en données désaisonnalisées et annualisées (graphique 3). Sans être légère, l’inflation est quand même plus modérée qu’elle l’était le mois précédent.

Graphique 3 : L'inflation des biens aux États-Unis

L’inflation des services essentiels (sauf le logement et l’énergie) représente le quart environ du panier de l’IPC, et les prix de ces services ont gagné 0,35 % sur un mois en données désaisonnalisées, soit 4,3 % sur un mois, en données désaisonnalisées et annualisées (graphique 4). L’inflation des prix des services essentiels est toujours très résiliente dans l’économie américaine.

Graphique 4 : L'IPC sous-jacent aux États-Unis : services sauf le logement

Des facteurs saisonniers pourraient avoir faussé les chiffres. On a comptabilisé en septembre un gain moyen supérieur, sur un mois en chiffres non désaisonnalisés, de l’IPC sous‑jacent (graphique 5), qui a toutefois été amoindri par un facteur de désaisonnalisation inférieur à la normale (graphique 6). L’IPC sous‑jacent a été à peu près aussi faible que ce qu’il aurait pu être par rapport à l’application d’autres facteurs de désaisonnalisation puisés dans les mois de septembre des années précédentes (graphique 7). Les facteurs de désaisonnalisation ont été mécaniquement calculés de manière irréfléchie d’après des redressements standards de la méthode de désaisonnalisation X12A, et ces redressements ont un fort parti pris de récence qui pourrait donner des facteurs de désaisonnalisation qui ne sont pas appropriés.

Graphique 5 : La comparaison de l'IPC sous-jacent aux États-Unis pour tous les mois de septembre; Graphique 6 : La comparaison des facteurs de désaisonnalisation de l'IPC sous-jacent aux États-Unis pour tous les mois de septembre; Graphique 7 : Les scénarios de l'IPC sous-jacent aux États-Unis pour septembre

Bien qu’il s’agisse d’une lecture plutôt superficielle sans l’IPP, en comparant les différentes pondérations de l’IPC sous‑jacent à celles des dépenses de consommation des ménages de base, on constate que ces dépenses sont effectivement très proches de l’IPC sous‑jacent, à 0,22 % sur un mois en données désaisonnalisées. Il y a aussi d’autres différences, dont les revenus et les effets de substitution que les dépenses de consommation des ménages permettent mieux de capter. Mais quoi qu’il en soit, nous n’aurons l’heure juste, sur les dépenses de consommation des ménages, que lorsque la suspension des services publics sera levée. Il faut se rappeler que les impératifs de l’indexation sur le coût de la vie sont la seule raison pour laquelle nous nous en remettons à l’IPC.

Il faut être attentif à la publication de la part du panier de l’IPC estimée à l’aide de quasi‑indices : les chiffres seront probablement publiés après 11 h, heure de l’Est. Cette part représente plus du tiers du panier — ce qui est un sommet sans précédent — en raison des compressions budgétaires du BLS.

Nous invitons le lecteur à consulter les graphiques 8 à 16, qui donnent la répartition de certaines constituantes de l’IPC américain. Les graphiques 17 et 18 donnent la ventilation de l’ensemble du panier en chiffres sur un an qui correspondent à des apports bruts et à des apports pondérés à la fois pour l’ensemble de l’évolution de l’IPC. Les graphiques 19 et 20 font de même pour ce qui est des variations de l’IPC sur un mois.

Graphique 8 : L'inflation du logement; Graphique 9 : L'inflation des loyers aux États-Unis; Graphique 10 : L'inflation des voitures neuves par rapport aux voitures d'occasion; Graphique 11 : Les assurances de véhicules automobiles aux États-Unis
Graphique 12 : L'IPC des États-Unis : essence; Graphique 13 : Les ventes de vêtements aux États-Unis; Graphique 14 : Les prix des aliments aux États-Unis; Graphique 15 : L'IPC des États-Unis : ameublement des ménages
Graphique 16 : Les tarifs du transport en avion aux États-Unis
Graphique 17 : Les variations sur 12 mois en juin dans les catégories de l'IPC de synthèses aux États-Unis; Graphique 18 : Les apports pondérés en juin à la variation sur 12 mois de l'IPC de synthèse aux États-Unis
Graphique 19 : Les variations en septembre dans les catégories de l'IPC de synthèse aux États-Unis; Graphique 20 : Les apports pondérés en septembre à l'évolution mensuelle de l'IPC de synthèse aux États-Unis
Tableau : RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION AUX ÉTATS-UNIS
Tableau : RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION AUX ÉTATS-UNIS
Tableau : RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION AUX ÉTATS-UNIS