• Les baromètres de l’IPC sous‑jacent se sont encore une fois trop embrasés.
  • L’inflation continue de prendre de l’ampleur.
  • L’inflation des services s’est accompagnée de l’inflation des biens de base.
  • Les emplois, l’inflation, l’ambiguïté des politiques commerciale et budgétaire…
  • … méritent tous de rester en veilleuse à la BdC.
  • Les marchés continuent de se rallier à notre point de vue : la BdC doit continuer de faire preuve d’attentisme cette année.
 
  • IPC canadien, évolution en % sur un mois//en % sur un an, en données non désaisonnalisées, juin :
  • Données réelles : 0,06/1,86
  • Banque Scotia : 0,2/2,0
  • Consensus : 0,1/1,9
  • Auparavant : 0,55/1,73
  • IPC en moyenne tronquée, évolution sur un mois en %, en données désaisonnalisées et en rythme annualisé : 2,8
  • IPC en médiane pondérée, évolution sur un mois en %, en données désaisonnalisées et en rythme annualisé : 3,4

L’attentisme dont la Banque du Canada continue de faire preuve est conforté par les chiffres de l’inflation sous‑jacente publiés cet avant‑midi : il est très probable que les taux ne bougent pas le 30 juillet, puisque 83 000 emplois ont été créés en juin et que l’IPC sous‑jacent continue de trop s’embraser alors que des signes laissent discrètement paraître le début des effets des droits de douane, qui pourraient commencer à se répercuter sur l’économie et puisqu’aucune précision n’est apportée aux politiques commerciale et budgétaire. Je ne serais guère étonné de constater que la BdC renonce de nouveau à publier une prévision référentielle pour privilégier des scénarios incertains dans le RPM du 30 juillet.

Le dollar CA surclasse la plupart des autres grandes monnaies comparables aujourd’hui : la paire USD/CAD a augmenté pour passer d’environ 1,3675 avant la publication des données à 1,37 après cette publication. Le rendement à deux ans des obligations du Canada a gagné 6 points de base après la publication des données. Les cours des swaps indexés sur le taux à un jour pour la réunion de juillet ont été réduits de quelques points pour produire un écart presque nul, tandis que les marchés ont ramené à environ 7 ou 8 points de base la valorisation d’une baisse en septembre et l’ont abaissée à 17 points de base à peine d’ici la fin de l’année, par rapport aux 65 points de base anticipés au point culminant d’avril, alors que les Études économiques de la Banque Scotia ont toujours maintenu pour 2025 une prévision de maintien des taux.

Les indicateurs privilégiés de la BdC pour l’IPC sous‑jacent se sont inscrits à une moyenne de 3,1 % sur un mois en rythme désaisonnalisé et annualisé en juin. L’IPC en moyenne tronquée a gagné 2,8 %. L’IPC en médiane pondérée a monté de 3,4 %. L’inflation qui sous‑tend l’économie reste nettement supérieure à la cible de synthèse de 2 %.

Ces indicateurs de l’inflation continuent tendanciellement d’exercer des pressions sous‑jacentes beaucoup trop explosives sur l’inflation (graphiques 1 et 2). La Banque du Canada n’a pas encore gagné le combat contre les précédents facteurs porteurs de l’inflation, sans parler des incertitudes prospectives qui pourraient faire en sorte qu’elle s’inscrive dans la durée. La BdC s’est targuée d’être intervenue plus rapidement que la plupart des autres banques centrales en abaissant les taux; or, on peut faire valoir qu’elle est intervenue trop rapidement et qu’elle les a trop abaissés sans preuve concrète que l’inflation sous‑jacente se calmait, et on peut soutenir qu’aujourd’hui, la politique monétaire est trop laxiste aux vues des grandes incertitudes que fait peser le risque inflationniste. 

Graphique 1 : Les baromètres fondamentaux privilégiés de la BdC; Graphique 2 : Baromètres de l'IPC sous-jacent canadien

L’inflation s’est répercutée sur les prix des services (graphique 3) comme sur les prix des biens de base, sauf l’alimentation et l’énergie (graphique 4).

Graphique 3 : Inflation des services canadiens; Graphique 4 : L'inflation des biens au Canada

L’IPC sous‑jacent traditionnel a lui aussi été trop explosif (graphique 5). Il est ressorti à 3,1 % sur un mois, en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, en juin, après s’être inscrit à 3,2 % en mai et à 4 % en avril. L’IPC‑X et l’IPC excluant huit des composantes les plus volatiles ont eux aussi explosé. Le prétexte de l’inflation a fini par s’épuiser, puisque chacun des indicateurs de l’inflation sous‑jacente lance des signaux d’avertissement.

Graphique 5 : L'inflation fondamentale traditionnelle au Canada

Les facteurs de désaisonnalisation n’ont pas joué cette fois de rôle évident dans la distorsion, puisque le facteur de désaisonnalisation de juin 2025 n’a pas été très différent de celui des mois précédant juin (graphique 6).

Graphique 6 : Comparaison de l'IPC sous-jacent du Canada pour tous les mois de juin

L’ampleur des pressions inflationnistes a généralement de nouveau augmenté dans les fourchettes supérieures. La part des composantes du panier de l’IPC haussées de 3 % ou plus a dégringolé pour passer de 30 % à 26 %; toutefois, la part des composantes haussées de plus de 4 % a progressé pour passer de 15 % à 18 %, et la part des composantes haussée de plus de 5 % a gagné un point pour s’établir à 9 % (graphique 7).

Graphique 7 : L'ampleur de l'inflation au Canada

Parmi les composantes, la catégorie des loisirs, de la formation et de la lecture — qu’on appelle simplement la catégorie des loisirs — s’est hissée à 0,2 % sur un mois en données désaisonnalisées puisque certaines composantes se sont accélérées, alors que l’engouement des voyages au printemps s’est un peu calmé d’après l’indice des prix des voyages organisés (graphique 8).

Graphique 8 : Répartition de l'évolution mensuelle dans la catégorie de l'IPC des loisirs, de la formation et de la lecture

Les frais de logement ont augmenté de 0,2 % sur un mois (graphique 9) : les pressions ont continué de peser sur les loyers. Or, les prix des logements étaient désinflationnistes en raison de la méthode selon laquelle ils ont été captés (graphiques 10 et 11).

Graphique 9 : Les frais de logement au Canada; Graphique 10 : Les loyers au Canada; Graphique 11 :  IPC canadien : Coût de remplacement par le propriétaire

Les frais de transport sont restés discrets (graphique 12), essentiellement en raison de la léthargie des prix de l’essence, puisque les prix des véhicules ont continué d’augmenter (graphiques 13 et 14).

Graphique 12 : IPC canadien : Transport; Graphique 13 : IPC canadien : Achat privé de voitures particulières; Graphique 14 : IPC canadien : Essence

Les prix des vêtements et des chaussures ont bondi de 0,7 % sur un mois en données désaisonnalisées en juin pour surpasser toutes les autres grandes catégories (graphique 15). Statistique Canada a précisé que les droits de douane expliquaient probablement la hausse des coûts.

Graphique 15 : IPC canadien : Vêtements et chaussures

Les repas dans les restaurants ont subi certaines pressions inflationnistes (graphique 16). Les prix des « vices » restent volatils (graphique 17).

Graphique 16 : IPC canadien : Repas dans les restaurants; Graphique 17 : IPC canadien : Boissons alcoolisées et produits du tabac

Les graphiques 18 et 19 donnent la répartition du panier de l’IPC sur un an et selon les apports pondérés à l’évolution sur un an de l’IPC respectivement. Les graphiques 20 et 21 font de même pour les variations sur un mois.

Graphique 18 : Évolution sur 12 mois des catégories détaillées en juin de l'IPC canadien; Graphique 19 : Contributions des catégories détaillées en juin dans l'évolution sur 12 mois de l'IPC canadien
Graphique 20 : Évolution mensuelle des catégories détaillées en juin de l'IPC canadien; Graphique 21 : Contributions des catégories détaillées en juin dans l'évolution mensuelle de l'IPC canadien
Tableau : RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION CA
Tableau : RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION CA