• L’inflation sous‑jacente reste trop forte selon tous les indicateurs.
  • Les hausses de prix continuent de prendre plus d’envergure.
  • La BdC devrait continuer d’éviter tout penchant pour un assouplissement.
 
  • IPC canadien, évolution en % sur un mois, en données non désaisonnalisées//évolution en % sur un an, mai 2025 :
  • Données réelles : 0,6/1,7
  • Scotia : 0,4/1,6
  • Consensus : 0,6/1,7
  • Auparavant : ‑0,1/1,7
  • IPC en moyenne tronquée : 2,84 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé
  • IPC en moyenne pondérée : 2,22 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé

L’inflation sous‑jacente reste trop forte pour envisager des baisses de taux (graphique 1). Ignorez l’IPC de synthèse, qui continue d’évoluer à la baisse en raison du retrait de la taxe sur le carbone pour les consommateurs. Le taux de variation est effectivement inférieur à la cible de 2 %, mais la distorsion causée par le retrait de cette taxe rend ce chiffre insignifiant. Ce qu’il faut surtout dire dans ce cas, c’est que les pressions sous‑jacentes qui pèsent sur les prix restent trop fortes et que la hausse de l’envergure vient télégraphier qu’il faut encore mieux maîtriser l’inflation. Autrement dit, la Banque du Canada ne devrait même pas « penser à réfléchir » au moment à choisir pour abaisser les taux. Penchons‑nous d’abord sur un pacte dans le commerce et la sécurité, sur le budget de l’automne, puis sur les données complémentaires.

Graphique 1 : Les baromètres fondamentaux privilégiés de la BdC

La moyenne des deux baromètres privilégiés de la BdC pour l’inflation sous‑jacente s’est établie à 2,5 % sur un mois en rythme annualisé et désaisonnalisé en mai. La moyenne tronquée s’est inscrite à 2,8 % et la moyenne pondérée, à 2,2 %. Après la publication, en avril, d’une moyenne de 4,5 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, on pourrait à juste titre s’attendre en mai à des chiffres moins élevés parce que les seuils ont été haussés. Ce qui ne s’est pas produit de façon convaincante.

La tendance reste trop forte. Selon la moyenne mobile sur trois mois, les deux indicateurs sous‑jacents privilégiés de la BdC se chiffrent à 3 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé. Comme l’indique le graphique 2, il ne s’agit pas d’un simple feu de paille. C’est ce qui se passe depuis nettement plus d’un an, comme en témoigne la tendance tenace des chiffres sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé, qui sont trop élevés. Mais on peut simplement les ignorer. 

Graphique 2 : Baromètres de l'IPC sous-jacent canadien

Vous pensez que ces baromètres surcomptabilisent l’inflation sous‑jacente? C’est ce que Tiff Macklem a déclaré, sans pourtant fournir la preuve qu’ils sont sériellement corrélés et qu’ils évoluent considérablement au fil du temps. Faudrait‑il plutôt s’en remettre à d’autres baromètres sous‑jacents plus simples? Alors très bien. Le graphique 3 nous apprend que l’IPC sous‑jacent traditionnel s’est embrasé encore plus à 3,2 % sur un mois en données désaisonnalisées et en rythme annualisé en mai, à 4 % en avril, à 0 % en mars, à 5,6 % en février et à 3,2 % en janvier. On peut aussi ignorer ces chiffres.

Graphique 3 : L'inflation fondamentale traditionnelle au Canada

En outre, l’inflation s’embrase à nouveau. Les pressions qui pèsent sur les prix continuent de se multiplier (graphique 4). C’est ce qu’a constaté la BdC et c’est ce que nous avons‑nous‑mêmes constaté, ce qui devrait continuer de préoccuper le Conseil de direction. Ni vu, ni connu, ignorons ça aussi.

Graphique 4: L'ampleur de l'inflation au Canada

Ainsi, il n’y aurait plus de pression inflationniste sous‑jacente, et la BdC aurait atteint son objectif d’endiguer une inflation sous‑jacente nettement supérieure à la cible, ce qui la placerait dans une situation favorable pour se pencher sur les risques prospectifs. À moins que l’on tienne compte de la preuve statistique. Mais pourquoi laisser les faits entraver les penchants de la BdC dans l’application de la politique monétaire?

De surcroît, l’inflation selon l’IPC sous‑jacent traditionnel serait encore plus forte si elle n’était pas distorsionnée par des facteurs de désaisonnalisation artificiellement faibles (graphique 5). La désaisonnalisation de mai constitue le deuxième facteur de désaisonnalisation le plus faible dans les annales. Les facteurs de désaisonnalisation des mois de mai 2023 et 2024 font aussi partie des facteurs les plus faibles dans les annales. L’inflation en données désaisonnalisées sur un mois pourrait être plusieurs dixièmes de points supérieure selon des facteurs de désaisonnalisation plus centristes. Les facteurs de désaisonnalisation sont censés tenir compte des changements non désaisonnalisés et les désaisonnaliser pour les influences saisonnières afin de savoir ce qui se passe vraiment à défaut de variations dans les prix qui peuvent être répandus durant certaines époques de l’année, surtout dans un pays comme le Canada. Or, les facteurs de désaisonnalisation font aujourd’hui plus qu’on leur en demande à cause de la manière dont ils sont calculés, puisqu’on insiste fortement sur les tendances de la saisonnalité des dernières années. L’effet de récence dans leur mode de calcul distorsionne les indicateurs et amoindrit artificiellement les pressions déclarées sur les prix, à moins de croire qu’en 2025, la saisonnalité est toujours la même que celle qui existait au plus fort de la pandémie et aussitôt après, alors qu’on multipliait des ouvertures et des fermetures et qu’on distorsionnait les messages publiés sur les politiques. Je ne le crois pas.

Graphique 5: Comparaison de l'IPC sous-jacent du Canada pour tous les mois de mai

Qu’est‑ce qui porte ces pressions? Le graphique 6 nous apprend que l’inflation des services a remonté. Le graphique 7 indique que l’inflation des biens en a fait autant. Il faut être attentif à ces sous‑indices de prix puisqu’ils n’excluent pas les effets fiscaux, ce qui constitue une distorsion absolument essentielle pour les prix de synthèse des biens en raison de l’élimination de la taxe carbone et de ce qui s’est produit par la suite. Les baromètres privilégiés de la BdC pour mesurer l’inflation sous‑jacente excluent les effets directs des variations de taxes comme les taxes carbone, les taxes de vente et les droits douaniers et ne captent que les effets indirects.

Graphique 6 : Inflation des services canadiens; Graphique 7 : L'inflation des biens au Canada

Les graphiques 8 à 17 font état des différentes constituantes. La catégorie des Loisirs, formation et lecture (graphique 8) indique à nouveau que les hausses les plus importantes s’expliquent par le basculement possible de la consommation dans des sources intérieures comme les voyages, les services de loisirs, les jouets et les jeux, ainsi que les autres divertissements. Pourquoi? La dévalorisation du dollar CA depuis 2020, l’incertitude économique qui vient élaguer les dépenses discrétionnaires, dont les coûts sont plus élevés, et le vote protestataire sur les politiques de l’administration Trump contre le Canada en sont les raisons.

Graphique 8: Répartition de l'évolution mensuelle dans la catégorie de l'IPC des loisirs, de la formation et de la lecture
Graphique 9 : Les frais de logement au Canada; Graphique 10 : Les loyers au Canada; Graphique 11 : IPC canadien : Coût de remplacement par le propriétaire; Graphique 12 : IPC canadien : Transport
Graphique 13 : IPC canadien : Achat privé de voitures particulières; Graphique 14: IPC canadien : Essence; Graphique 15 : IPC canadien : Vêtements et chaussures; Graphique 16 :  IPC canadien : Repas dans les restaurants
Graphique 17 : IPC canadien : Boissons alcoolisées et produits du tabac

L’inflation des logements a reflué, en grande partie en raison de la taxe carbone et de l’effet qu’elle produisait sur le chauffage des habitations. Or, l’inflation des loyers a elle aussi reflué, tout autant que les prix des constructeurs, puisque le Canada capte les incidences directes du logement dans les frais de remplacement des logements dérivés des indicateurs de prix des constructeurs, alors qu’aux États‑Unis, on fait plutôt appel aux loyers équivalents des propriétaires (LEP).

L’effet de la taxe carbone a fait rebondir les coûts de transport, qui ont aussi monté à cause de la hausse des prix des voitures, surtout les véhicules électriques. Il pourrait s’agir d’un effet des droits de douane.

Les graphiques 18 et 19 donnent la répartition du panier de l’IPC en chiffres non désaisonnalisés sur un mois et selon les apports pondérés par catégorie à l’inflation sur un mois. Les graphiques 20 et 21 font de même pour les indicateurs sur un an.

Graphique 18 : Évolution mensuelle des catégories détaillées en mai de l'IPC canadien; Graphique 19 : Contributions des catégories détaillées en mai dans l'évolution mensuelle de l'IPC canadien
Graphique 20 : Évolution sur 12 mois des catégories détaillées en mai de l'IPC canadien; Graphique 21 : Contributions des catégories détaillées en mai dans l'évolution sur 12 mois de l'IPC canadien

Le graphique 22 indique ce qui est compris dans le panier de la moyenne tronquée en chiffres sur un mois.

Graphique 22 : Apports pondérés des constituantes à l'indice IPC sous-jacent pour la médiane pondérée de mai
Tableau : RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION CA
Tableau : RÉPARTITION DES CONSTITUANTES DE L'INFLATION CA