- Les principaux baromètres de l’inflation fondamentale — mais non pas tous les indicateurs — traversent un passage à vide de deux mois…
- … que la BdC signalera comme un progrès, même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre l’objectif final.
- L’IPC selon la moyenne tronquée et la médiane pondérée est en décrue, et l’IPC fondamental traditionnel s’est accéléré.
- L’ampleur des hausses de prix en général reste trop grande.
- L’inflation des biens de base a régressé et explique le ralentissement des indicateurs…
- …, ce qui oblige à surveiller cette catégorie pendant la période des emplettes des Fêtes.
- Or, l’inflation des services évolue à vive allure et est plus connectée aux gains rapides de salaires.
- Les frais de logement — surtout les loyers — explosent.
- Les paris sur une baisse de taux de la BdC sont très prématurés.
- IPC canadien, en % sur un an//sur un mois, octobre, en données non désaisonnalisées :
- Données réelles : 3,1/0,1
- Scotia : 3,1/0,0
- Consensus : 3,1/0,1
- Auparavant : 3,8/-0,1
- IPC canadien en moyenne tronquée, en % sur un an//sur un mois, en données désaisonnalisées et annualisées, octobre 2023 : 3,5/2,4 (auparavant : 3,7/1,8, après révision par rapport à 3,7/2,4)
- IPC canadien en médiane pondérée, en % sur un an//sur un mois, en données désaisonnalisées et annualisées, octobre 2023 : 3,6/1,74 (auparavant 3,9/1,75, révisées par rapport à 3,8/1,75)
Le Canada connaît un passage à vide dans sa lutte contre l’inflation. Mais il ne faut surtout pas s’emballer. Les marchés en ont essentiellement fait fi, puisque le dollar CA a repris un peu de mieux par rapport au dollar US et que les rendements à deux ans ont gagné 2 ou 3 points de base, en partie de concert avec les titres américains à court terme, dans le même temps.
Nous avons maintenant deux mois de statistiques probantes pour deux des trois grands indicateurs de l’inflation fondamentale, et il faut toujours insister sur les détails sous‑jacents qui inquiètent encore. Pour l’heure, c’est encourageant. Or, il y a encore énormément de chemin à accomplir avant que la BdC chante victoire. Ce serait un peu comme si les Blue Bombers de Winnipeg criaient victoire à la Coupe Grey 12 secondes avant la fin du match. La partie n’est pas encore gagnée.
L’inflation de synthèse a été au rendez-vous du consensus, à 0,1 % sur un mois en données non désaisonnalisées et à 3,1 % sur un an. Je l’avais pour ma part estimée à 0 % sur un mois en données non désaisonnalisées et à 3,1 % sur un an. Ceci dit, le baromètre de synthèse en données désaisonnalisées sur un mois a cédé ‑0,1 % sur un mois, ce qui cadre avec mes estimations, avec l’aide d’un arrondissement plutôt généreux. Qu’est‑ce que ça peut bien faire?
Or, ce qui compte surtout, ce sont les indicateurs fondamentaux et les statistiques probantes du point de vue de la haute fréquence. Voici quelques observations à ce sujet :
- Moyenne tronquée : Cet indicateur de l’IPC, qui intervient, en haut comme en bas, pour 20 % dans les apports pondérés pour l’ensemble de l’évolution des prix, a gagné 2,4 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées, ce qui est légèrement mieux que le rythme de 1,8 % du mois précédent (graphique 1). En moyenne mobile lissée sur trois mois, ce baromètre s’établit aujourd’hui à 3,2 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées (graphique 2).
- Médiane pondérée : Cet indicateur de l’IPC, qui reprend le prix du 50e percentile après classement des apports pondérés à l’ensemble de l’IPC, a gagné 1,74 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées pour le deuxième mois d’affilée (graphique 1). C’est ce qui fait baisser le baromètre moyen mobile sur trois mois, qui passe de 2,74 % à 3,5 % (graphique 2).
- IPC hors alimentation et énergie : Le baromètre traditionnel de l’inflation fondamentale, qui exclut simplement les prix des aliments et de l’énergie, s’est un peu plus emballé le mois dernier. Il s’est inscrit à 4,1 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées contre 2,5 % le mois précédent (graphique 3). Le baromètre de la moyenne mobile sur trois mois s’est ralenti à 3,3 % contre 3,6 %.
- Nous n’en avions pas entendu parler depuis longtemps, mais pour s’amuser un peu, l’IPCX a monté de 3,2 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées, contre ‑0,8 % le mois précédent. La moyenne mobile sur trois mois a évolué à la baisse à 2,1 % contre 2,4 %. En excluant les huit postes les plus volatils que la BdC avait l’habitude de prioriser, l’IPC s’est envolé de 2,4 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées contre 0,8 % le mois précédent, et la moyenne mobile sur trois mois a décru à 2,1 % contre 2,7 %.
On peut dire jusqu’à maintenant que même si les différents indicateurs se contredisent en quelque sorte, le Canada continue, dans l’ensemble, d’accomplir des progrès dans le ralentissement de l’inflation. Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Il s’agit d’un passage à vide de deux mois d’après les indicateurs qui correspondent aux estimations de plus grande fréquence des pressions sous‑jacentes qui pèsent sur les prix à la rigueur; or, nous nous rapprochons de l’objectif. L’ensemble de ces indicateurs continue d’évoluer tendanciellement au‑delà de la cible de 2 %, et il faut attendre d’autres statistiques probantes des pressions désinflationnistes.
Je crois que la BdC continuera d’exiger encore d’autres statistiques probantes pour confirmer que ce passage à vide est appelé à se poursuivre au‑delà d’à peine quelques mois. Elle se penchera aussi sur les détails sous‑jacents et sur les risques à terme.
LES DÉTAILS : LA DÉSINFLATION DES BIENS ET LA FLAMBÉE DES SERVICES
Tout d’abord, les importantes variations de prix ont encore beaucoup d’ampleur. Elles ont beaucoup baissé par rapport à leur pic; or, comme le démontre le graphique 4, la part du panier de l’IPC qui a gagné plus de 3 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées ou 4 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées reste élevée et est toujours généralement supérieure à ce qu’elle était avant la pandémie.
Deuxièmement, l’inflation des prix des biens de base a à nouveau décru, ce qui explique toutes les pressions désinflationnistes du mois dernier. Le graphique 5 indique ce qu’il est advenu de l’inflation de tous les biens sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées, essentiellement grâce à la baisse des prix de l’essence. Le même graphique indique que l’inflation selon l’IPC des biens de base a baissé, sans toutefois diminuer autant que l’ensemble de l’inflation des prix des biens.
Ce qui se produira pendant la saison des emplettes des Fêtes déterminera essentiellement l’évolution de l’inflation des biens. Les rabais seront‑ils supérieurs, inférieurs ou égaux à ceux des années précédentes? Quel sera le rendement des emplettes des Fêtes après une période prolongée de ventes au détail tendancielles en berne, qui sont entièrement asymétrisées en faveur des biens?
Troisièmement, l’inflation des prix des services s’est accélérée (graphique 6). Elle s’est chiffrée à 10,1 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées en octobre : il s’agit du résultat le plus explosif depuis juillet 2018, puisqu’à l’époque, l’inflation des prix des services s’inscrivait à 10,9 %. Il s’agit probablement d’un grand motif d’inquiétude pour la BdC. C’est aussi probablement un peu plus intimement lié aux pressions qui pèsent sur les salaires, qui montent en flèche alors que la productivité dégringole.
En bref, à ce rythme d’inflation des services et en raison de sa ténacité, il vaut mieux espérer que l’inflation des biens ne se ravive jamais. Je suis sceptique et je crois qu’il s’agit d’un passage à vide temporaire de l’inflation des biens.
Qu’est‑ce qui explique l’inflation des services? D’abord les loyers (graphique 7). Ils sont vraiment en train d’exploser. C’est ce qui explique essentiellement, dans l’ensemble, l’inflation des frais de logement (graphique 8). Le graphique 9 nous apprend que les prix des voyages et des loisirs sont eux aussi entrés en ligne de compte.
Augmenter encore et longéviser encore plus les pressions à la hausse qui s’exercent sur l’inflation des logements serait bien le dernier résultat au monde que la BdC souhaiterait, sans oublier les effets potentiels induits par un assouplissement prématuré de sa politique. La BdC a beau ne pas cibler expressément le logement, la flambée de l’inflation des prix des logements et des services l’amènera à rester sur ses gardes pendant encore longtemps.
Les graphiques 10 à 15 comprennent d’autres détails par constituante.
Les graphiques 16 et 17 font état de la ventilation sur un an du panier et font de même en fonction des apports pondérés.
Les graphiques 18 et 19 font état de la ventilation sur un mois du panier et font de même en fonction des apports pondérés.
Le tableau complémentaire porte sur une ventilation plus détaillée du panier de l’IPC, en tenant compte des apports pondérés par constituante et des baromètres de la note z des écarts par rapport aux tendances.
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