Shaun Osborne
Stratège cambiste en chef
Stratégie des marchés des changes
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Nous avons révisé nos prévisions sur les grandes devises. Nous nous attendions à une léthargie du dollar US dans le deuxième semestre de l’année, ce qui ne s’est pas matérialisé. Le billet vert a plutôt remonté d’un cran à partir du milieu de l’année, porté par des statistiques économiques bien orientées et par la hausse des rendements à long terme alors qu’on s’attendait à ce que la Réserve fédérale américaine (la Fed) continue de durcir le ton. Or, de concert avec le consensus émergent, la Banque Scotia ne s’attend pas à de nouvelles hausses de taux aux États‑Unis. En outre, nous nous attendions à une amélioration du goût du risque au S2, ce qui ne s’est pas complètement matérialisé. Toujours est-il que les titres boursiers déçoivent depuis août, et la brusque flambée des tensions au Moyen-Orient a ouvert un deuxième front de risques géopolitiques avivés pour les investisseurs. La situation augmente la volatilité des cours de l’énergie dans une période de l’année sensible pour l’Europe du Nord à l’approche de l’hiver. Le dollar US reste assez « riche » du point de vue de la valorisation, et la tendance technique est excessivement mature après les gains soutenus réalisés dans la foulée du creux de l’indice du dollar au milieu de l’année. Le positionnement, les mutations conjoncturelles et les signaux techniques se conjuguent pour laisser fortement entendre que la séquence haussière du dollar US depuis le milieu de l’année a atteint son point culminant. Selon nos prévisions, nous nous attendons à ce que le dollar US soit stable d’ici la fin de l’année et connaisse une léthargie plus soutenue à moyen terme, lorsque les avantages cycliques de cette monnaie s’effaceront (nous prévoyons que la Fed commencera à abaisser ses taux au T2) et que l’attention des investisseurs sera monopolisée par la multiplication des difficultés structurelles aux États‑Unis.
Les récents rapports statistiques laissent entendre que l’économie canadienne se ralentit à l’heure où les taux d’intérêt commencent à produire leurs effets. Puisque les données inflationnistes les plus récentes font état d’une léthargie inattendue des prix, le risque d’un redurcissement monétaire a baissé. La Banque du Canada (BdC) maintiendra son taux directeur à 5,00 % et fera le point sur l’évolution de l’économie dans les prochains mois avant de décider de prendre d’autres mesures. Les écarts négatifs sur les rendements (par rapport au dollar US), la baisse des cours des produits de base hors énergie et l’incertitude de la conjoncture du risque font jusqu’à maintenant souffler des vents contraires sur le dollar canadien (CA). S’il est improbable que le dollar CA remonte considérablement à court terme, il semble effectivement que l’envolée du dollar US se soit ralentie lorsque le risque d’un redurcissement de la politique monétaire de la Fed s’est amenuisé. Il faudra attendre, avant que le dollar CA progresse plus vigoureusement, que le goût du risque reprenne du mieux, que les différentiels sur les taux d’intérêt soient plus favorables et que le dollar US fléchisse généralement lorsque le cycle des taux de la Fed aura culminé. Dans ses pronostics sur les taux d’intérêt, la Banque Scotia s’attend à ce que les rythmes des baisses de taux de la Fed s’accélèrent par rapport à celui de la BdC en 2024, ce qui comprimera l’écart sur les taux directeurs, qui passera de 50 points de base à zéro à la fin de l’an prochain.
Dans certains pays de l’Alliance du Pacifique, les taux d’intérêt ont commencé à plonger, ce qui a fait plier considérablement le peso chilien (CLP) et le sol péruvien (PEN) depuis le milieu de l’année. Le peso mexicain (MXN) s’est lui aussi replié récemment, en raison de la hausse des rendements américains et parce que le goût du risque est moindre. La politique monétaire de la Banxico est restée stable, et nous nous attendons à ce que les taux d’intérêt mexicains se maintiennent un peu plus longtemps, ce qui devrait limiter les pertes du MXN dans le court terme. On s’attend toutefois à ce que les taux commencent à baisser au T1, ce qui fera baisser légèrement le MXN en 2024. Le peso colombien (COP) s’illustre en chiffres relatifs par rapport aux monnaies régionales comparables puisque la Banque de la République de Colombie (BanRep) a résisté à l’assouplissement des taux d’intérêt en raison de l’incertitude mondiale avivée. Nous nous attendons toutefois à ce que la BanRep lance incessamment son processus d’assouplissement.
En Europe, les vents contraires qui soufflent sur l’économie se sont accentués dans les derniers mois. Le rythme de la croissance s’est ralenti : dans le secteur des services, l’activité a été freinée par la léthargie de l’activité manufacturière en raison de l’atonie des marchés exportateurs (en Chine). La Banque centrale européenne (BCE) a mis fin à son processus de durcissement. Les décideurs croient que les paramètres de fixation des taux sont assez durcis pour peser — finalement — sur les prix de base toujours élevés. Les partisans du durcissement de la BCE dans la lutte contre l’inflation n’éliminent pas la possibilité d’autres hausses. Or, si la salve de prévisions de la banque centrale en décembre confirme que l’on s’attend effectivement à ce que la croissance des prix se calme, la BCE pourrait consacrer son attention à apaiser les attentes vis-à-vis des baisses de taux. La hausse des cours de l’énergie est un risque supplémentaire pour l’Europe en prévision de l’hiver; or, les données laissent entendre que les niveaux de stocks de gaz naturel européens sont élevés, ce qui viendra amortir la volatilité des prix. Les tensions géopolitiques et les inquiétudes que fait peser le blocage de la logistique de l’énergie pourraient avoir des incidences défavorables sur la performance de l’euro (EUR) à court terme. Pourtant, beaucoup de mauvaises nouvelles entrent déjà en ligne de compte dans le cours de l’EUR, et les chasseurs d’aubaines sont devenus actifs à une époque plus récente, ce qui laisse entendre qu’un niveau d’étiage plus ferme pourrait se développer aux alentours de la zone de 1,05.
Dans le même temps, la livre sterling (GBP) a fait moins bien au S2 après s’être échangée à des cours vigoureux au S1. La croissance économique qui tourne au ralenti, de concert avec la ténacité de l’inflation, a fait fléchir la GBP et érodé les écarts positifs sur les rendements par rapport au dollar US. Les risques de récession augmentent à l’heure où la hausse des taux pèse sur la consommation et sur le logement. Les facteurs structurels comme l’anémie des soldes budgétaires et des balances commerciales externes sont inquiétants, sans toutefois nécessairement porter les perspectives à court terme de la GBP. La crédibilité de la politique monétaire a été rétablie sous le gouvernement de Rishi Sunak dans la foulée du court et malheureux mandat de la première ministre Liz Truss l’an dernier. La livre sterling pourrait ainsi se stabiliser, et sa faible valorisation devrait en limiter le potentiel baissier. Hormis la COVID‑19 et la volatilité provoquée par le gouvernement de Liz Truss en septembre 2022, les épisodes de l’atonie du « câble » en deçà de 1,20 ont été limités et se sont étendus sur une durée relativement courte depuis le Brexit puisque les investisseurs ont profité des niveaux de l’« étage des soldes » dans le taux de change pour acheter la devise.
La Banque du Japon (BoJ) continue de prendre de modestes mesures monétaires pour s’adapter à la flambée des pressions inflationnistes en deçà de son territoire et à la hausse des rendements en général à l’étranger. La BoJ considère maintenant que le niveau de 1 %, pour les rendements des obligations d’État à 10 ans, est un « point repère », plutôt qu’un plafond, ce qui laisse entendre que les rendements obligataires intérieurs ont une meilleure marge pour augmenter. Surtout, les marchés estiment que la BoJ pourrait relever son taux directeur au‑dessus de zéro (contre ‑0.1 % à l’heure actuelle) dans les prochains mois. Les écarts très négatifs sur le rendement donnent au yen (JPY) des perspectives peu attrayantes par rapport aux grandes devises comparables; or, la hausse des rendements intérieurs (ainsi que les coûts de couverture élevés pour les réserves obligataires étrangères) pourrait vouloir dire que le pays gardera (ou rapatriera) plus de devises dans les prochains mois, ce qui pourrait alléger dans une certaine mesure la pression qui pèse sur le JPY.
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