• La BdC a haussé ses taux de 75 points de base, comme prévu.
  • Elle a continué de télégraphier de nouvelles hausses de taux.
  • Pris de court, les marchés obligataires misaient sur une détente, qui ne s’est pas produite.
  • Il faut s’attendre à une nouvelle hausse de +50 points de base en octobre, dans une nouvelle vague d’information.

La Banque du Canada a largement répondu à mes attentes. Les marchés ont encaissé le coup du discours, dont le ton s’est légèrement durci : certains s’étaient positionnés pour un tour de vis plus conciliant. Il n’en a rien été, et le rendement des obligations du Canada à 2 ans a reculé d’environ 4 points de base, alors que le rendement à 5 ans a gagné environ 4 points de base. Dans la foulée, la paire USD/CAD n’a guère bougé. Le graphique 1 fait état d’une légère hausse des cours avant (en rouge) et après la déclaration.

Graphique 1 : Le taux directeur implicite des swaps indexés sur le taux à un jour (OIS) de la Banque du Canada

Disons d’abord que la BdC a haussé son taux à un jour de 75 points de base à 3,25 %, ce qui porte à 300 points de base, depuis mars, les hausses cumulatives de taux. Cette fois, les marchés ont intégré toute la hausse, malgré le risque d’un écart en plus ou en moins.

Dans son discours, très clair, la BdC est restée fidèle à sa ligne de conduite :

« Compte tenu des perspectives d’inflation, le Conseil de direction juge encore que le taux directeur va devoir augmenter davantage. »

L’aspect statistique de cette ligne de conduite était comparable aux déclarations précédentes :

« À mesure que les effets du resserrement de la politique monétaire deviendront plus évidents dans l’économie, la Banque évaluera jusqu’où il faudra encore relever les taux d’intérêt pour ramener l’inflation à la cible. »

Certains détails ont aussi empêché la Banque d’adopter une position plus conciliante, ce dont elle s’est abstenue. Par exemple, le Conseil de direction voit plus loin que la légère décélération de l’inflation de synthèse, et son attention reste rivée sur l’embrasement généralisé de l’inflation fondamentale, en se disant toujours aussi inquiet des attentes inflationnistes désarrimées :

« Cela dit, abstraction faite de l’essence, l’inflation s’est accrue et les données indiquent que les pressions sur les prix se sont généralisées davantage, particulièrement du côté des services. Les mesures de l’inflation fondamentale de la Banque ont continué d’augmenter pour s’établir entre 5 et 5,5 % en juillet. Des enquêtes indiquent que les attentes d’inflation à court terme restent élevées. Et plus elles le resteront, plus la forte inflation risque de s’enraciner. »

Le Conseil de direction a aussi écarté le fait que la croissance du PIB pour le T2 a été un peu moins solide que ce qu’il avait prévu dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM) de juillet, ce qu’elle a fait en insistant sur les détails de l’économie intérieure :

« Bien que ce chiffre soit quelque peu inférieur à celui qu’avait projeté la Banque, les indicateurs de la demande intérieure ont été très forts : la consommation a progressé d’environ 9,5 % et les investissements des entreprises, de près de 12 %. »

Je tiens également à préciser que les plans de délestage du bilan restent pour l’instant en mode de pilotage automatique. Personne ne s’attendait sérieusement à un changement aujourd’hui, et je ne pense pas que la Banque se délestera complètement des obligations du GdC échues pour bientôt, ne serait‑ce que pour s’adapter aux impératifs des émissions.

Dans l’ensemble, cette laconique déclaration permet de gagner du temps dans une réévaluation plus complète de la situation le 26 octobre. Nous nous attendons alors à une nouvelle hausse de 50 points de base à 3,75 % et d’ici là, l’information nouvelle pourrait mieux éclairer le parti que prendra probablement la BdC, qui déposera alors un RPM complet, ainsi que de nouvelles prévisions, qui s’enchaîneront, le 17 octobre, avec les résultats des enquêtes du T3 sur l’opinion des entreprises et des consommateurs et sur les attentes inflationnistes.

Nous invitons le lecteur à consulter ci‑joint la comparaison des déclarations, même s’il est moins utile de comparer des déclarations sans le RPM comme aujourd’hui et les déclarations plus complètes, fondées sur le RPM, comme celles de juillet. Les grandes lignes de l’allocution de Carolyn Rogers, première sous‑gouverneure, sont publiées à 11 h 25 (HE) et sont suivies d’une conférence de presse à 13 h (HE).

Comparaison des déclarations du Banque du Canada