Saroya Tinker connaît une carrière fructueuse dans le monde du hockey professionnel, jouant actuellement dans la Premier Hockey Federation, mais elle a dû faire face à des défis de taille tout au long de son parcours. 

Durant sa carrière, la défenseure du Toronto Six a fait l’objet d’actes de racisme explicite ou rampant. 

« J’ai toujours eu l’impression que je devais m’arranger pour qu’on remarque le moins possible la couleur de ma peau, pour m’intégrer à mes équipes et être acceptée par mes coéquipières et l’univers du hockey en général. »

Son histoire et celles d’autres hockeyeurs noirs canadiens sont au cœur du documentaire Black Ice, réalisé par Hubert Davis et Uninterrupted Canada. Le film, parrainé par la Banque Scotia et maintenant diffusé sur la plateforme Crave, explore le parcours d’hockeyeurs noirs d’aujourd’hui et d’avant. De la création de la Colored Hockey League of the Maritimes à la LNH d’aujourd’hui, le documentaire souligne les réalisations des hockeyeurs noirs et s’intéresse aux obstacles qui se dressent sur leur chemin à tous les échelons.

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J’ai toujours eu l’impression que je devais m’arranger pour qu’on remarque le moins possible la couleur de ma peau, pour m’intégrer à mes équipes et être acceptée par mes coéquipières et l’univers du hockey en général.

Saroya Tinker, défenseure du Toronto Six

 

« Ces questions doivent être soulevées et méritent que l’on s’y attarde afin de rendre le hockey plus accueillant pour les générations à venir », a déclaré Mme Tinker lors d’une discussion récente suivant la projection du film avec M. Davis et d’autres hockeyeurs participant au documentaire. 

« Abordez le sujet et faites part de ces récits à vos enfants afin que le plus de gens possible y soient sensibilisés », a-t-elle ajouté durant l’événement tenu au Scotiabank Conference Centre à Toronto. 

« Il n’y a pas de raison pour que la culture du hockey soit aussi hermétique. Je pense que notre sport peut être plus inclusif, et je crois que pour changer les choses, il faut oser s’engager dans des discussions pénibles et franches. »

La Banque Scotia parraine le documentaire dans le cadre de son initiative Hockey pour tous, qui vise à rendre le sport plus diversifié, inclusif et accessible.  

« Nous sommes fiers de soutenir ce documentaire et d’encourager des échanges cruciaux sur la diversité et l’égalité dans le hockey », dit Laura Curtis Ferrera, chef du marketing de la Banque Scotia. « Il est aussi important de souligner les contributions passées de la communauté noire dans le hockey, tout en jouant un rôle de catalyseur de changements positifs pour rendre le hockey plus inclusif pour les générations à venir. »

La projection du film et la séance de discussion organisée pour les employés de la Banque Scotia,  animée par Chris George, conseiller principal en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille à la Banque Scotia, ainsi que conseiller et ambassadeur de l’Alliance pour la diversité dans le hockey, s’inscrivent aussi dans le cadre d’une vaste initiative de la Banque Scotia durant le Mois de l’histoire des Noirs et le reste de l’année soutenant la communauté noire et lui servant de tribune.

M. Davis, dont les œuvres documentaires ont déjà été nommées pour un Oscar et un Emmy, espère que son documentaire Black Ice favorise de nouveaux dialogues et sensibilise les Canadiens au rôle clé des hockeyeurs noirs dans l’histoire de leur sport. 

« L’histoire du Canada est liée étroitement à celle des Noirs. Enfant, je n’en avais pas conscience et, à mes yeux, cette réalisation fait toute une différence. En tant que personne noire, je n’ai pas à me réduire au stéréotype de l’exclu, car la communauté noire joue depuis longtemps un rôle de premier plan dans le hockey et nos collectivités. » 

Le documentaire Black Ice s’intéresse à la Colored Hockey League of the Maritimes (CHL), une ligue de hockey masculin composée exclusivement de joueurs noirs fondée à Halifax en 1895, à une époque où les personnes noires n’avaient habituellement pas le droit de pratiquer des sports au Canada. 

Le documentaire présente aussi les descendants de hockeyeurs de la CHL, soit d’anciens hockeyeurs professionnels comme Akim Aliu, ainsi que les témoignages de joueurs de hockey des rangs mineurs et juniors, malheureusement toujours la cible de racisme et d’insultes à caractère raciste. 

Si le documentaire met en lumière certains aspects sombres du sport national canadien, il en célèbre aussi la beauté et vise à prêter secours au hockey, d’après Vinay Virmani, chef du contenu à Uninterrupted Canada.

« En quelque sorte, ce documentaire se veut une lettre d’amour au hockey. Dans bien des aspects, le hockey est un sport formidable et je crois sincèrement qu’il y a plus de bonnes que de mauvaises personnes dans le milieu du hockey. » 

« Cette lettre d’amour, comme d’autres lettres du genre dont le contenu n’est pas toujours rose, exprime des sentiments et une réalité complexes. »

Volunteer pilot, Sylvio Roy

Photo: De gauche à droite: Kirk Brooks, cofondateur de Seaside Hockey; Vinay Virmani, chef du contenu, Uninterrupted Canada; Saroya Tinker, défenseure du Toronto Six; Hubert Davis, réalisateur de Black Ice; et Chris George, conseiller principal en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille à la Banque Scotia.

 

Le documentaire braque également les projecteurs sur les initiatives en cours pour changer la face du hockey, dont celles de Kirk Brooks, qui a cofondé en 2020 Seaside Hockey, un organisme sans but lucratif qui donne l’occasion à des jeunes marginalisés et racisés de jouer au hockey dans le cadre d’un programme de mentorat déployé par des membres de la communauté noire dans la banlieue de Scarborough en périphérie de Toronto. Le nom du programme est un clin d’œil aux Africville Sea-Sides, une équipe qui jouait dans la CHL. La famille de M. Brooks a des racines dans le village d’Africville, qui accueillait une communauté dynamique à prédominance noire sur les côtes de la Nouvelle-Écosse avant d’être détruit pour laisser place à l’expansion économique d’Halifax.

Pour M. Brooks, la communauté noire a toujours fait partie intégrante du sport.

«  Nous avons toujours cru que nous avions notre place dans le hockey. Comme je le disais à Hubert [Davis], cette histoire est très importante aux yeux des hockeyeurs et hockeyeuses noirs et je voulais m’assurer qu’il saisisse à quel point il est crucial de bien la raconter. » 

Comme le souligne M. Brooks, Seaside est une organisation communautaire reconnue par Hockey Canada, ce qui contribue à faciliter le changement. M. Brooks veille à ce que des processus disciplinaires adéquats soient en place et que les ressources nécessaires soient déployées pour gérer les incidents à caractère raciste ciblant les jeunes hockeyeurs encore de nos jours. Le documentaire mentionne le récit d’un jeune hockeyeur noir victime d’une insulte raciste qui attendait la résolution d’une enquête sur cet incident depuis des mois. 

« Il est primordial que nous puissions faire entendre notre voix afin d’encourager le changement au sein d’autres organisations. Et maintenant, ces organisations travaillent avec nous pour revoir leurs politiques. »

Le documentaire souligne aussi les initiatives mises en œuvre par Mme Tinker pour offrir du mentorat à de jeunes hockeyeuses de couleur. Plus jeune, Mme Tinker n’avait pas de modèle à suivre dans le hockey, la pionnière canadienne Angela James ayant pris sa retraite en 1998, l’année de naissance de Mme Tinker. C’est pourquoi il est important à ses yeux de servir de modèle pour la prochaine génération de hockeyeuses.

Volunteer pilot, Sylvio Roy

Photo: De gauche à droite: Hubert Davis, réalisateur de Black Ice; Vinay Virmani, chef du contenu, Uninterrupted Canada; et Saroya Tinker, défenseure du Toronto Six, durant le tournage.

 

« Ces filles ont besoin d’un exemple concret de réussite qui les inspirera. »  

Mme Tinker a fondé le volet canadien du Black Girl Hockey Club, qui vise à aviver la passion pour le hockey au sein de la communauté noire.

L’organisme Black Girl Hockey Club Canada fournit du soutien financier et des bourses d’études, ainsi que du mentorat et des lieux de rencontre pour favoriser l’intégration des hockeyeuses noires.

Par exemple, l’organisme a tenu récemment un événement au Scotiabank Arena qui incluait une visite guidée du vestiaire des Maple Leafs et une séance de formation sur glace. 

Lors de l’événement, Jael Richardson, auteure du livre pour enfant Le chandail de hockey, qui suit les péripéties d’une jeune fille à sa toute première partie de hockey, a tenu une séance de lecture publique et remis un exemplaire de son livre aux participants présents. Commandé par la Banque Scotia, le livre vise à aider tous les enfants à se voir représentés dans le hockey. 

« Ce genre d’événement permet aux filles de couleur de se rencontrer et de réaliser qu’elles sont nombreuses à partager une passion pour le hockey. Et cela peut vraiment contribuer à diversifier notre sport. »