Myles Zyblock, stratège principal en placements de Gestion mondiale d’actifs Scotia – qui gère plus de 200 milliards de dollars* pour des millions d’investisseurs au Canada et ailleurs dans le monde – livre ses plus récentes réflexions sur les marchés et sur les placements.
Ce mois-ci, Myles Zyblock discute de l’utilité des dividendes comme signe révélateur de la santé financière d’une entreprise et comme indicateur de sa capacité à dégager des bénéfices stables et à surclasser ses homologues qui ne versent pas de dividendes.
Ce n’est pas d’hier que des sociétés versent une partie de leurs bénéfices à leurs actionnaires sous forme de dividendes. Ces bénéfices occupent aujourd’hui une grande place dans la construction de portefeuille, puisqu’ils peuvent représenter une proportion considérable du patrimoine accumulé au fil du temps grâce au réinvestissement et à l’effet des intérêts composés. Pour des investisseurs tels que des retraités, ces versements peuvent aussi procurer un flux de revenus réguliers. Des spécialistes modernes ont même mis au point des méthodes permettant de générer des dividendes synthétiques pour répondre à la demande, tant l’intérêt est grand. Ces méthodes vont de la simple vente d’actions à des stratégies complexes faisant appel à des produits dérivés. Indépendamment du moyen retenu, cependant, ce qui nous importe avant tout, c’est la fiabilité des versements actuels et futurs.
Dans cette perspective, l’intérêt d’une politique active de versement de dividendes va bien au-delà du mécanisme de retour à l’actionnaire. Une telle politique en dit long sur la qualité d’une société et sa capacité de dégager des bénéfices stables. Selon nos observations, les sociétés qui versent des dividendes traditionnels surclassent celles qui n’en versent pas. Qui plus est, celles qui relèvent leurs dividendes font encore meilleure figure. Si on analyse les facteurs fondamentaux, on constate que les sociétés qui versent des dividendes, en particulier celles qui les révisent à la hausse, affichent des bénéfices plus stables, des estimations moins dispersées, des marges de trésorerie disponibles supérieures et un meilleur rendement des capitaux propres.
Verser des dividendes : une formule gagnante
Sur le plan du rendement, les sociétés qui versent des dividendes affichent des taux de croissance annuels composés plus élevés que les autres. L’écart est particulièrement prononcé pour le marché canadien et le marché international dans son ensemble. On observe un écart même aux États-Unis, malgré les rendements étincelants qu’ont enregistrés les sociétés de croissance ne versant pas de dividendes au cours des deux dernières décennies.
En ce qui concerne la volatilité du rendement, l’écart-type (un indicateur de la volatilité d’une action) associé aux sociétés qui versent des dividendes s’avère aussi inférieur. Sans faire de calculs mathématiques, disons simplement que des rendements supérieurs et une volatilité moindre se traduisent par un meilleur ratio rendement-risque.
Les dividendes croissants, encore plus avantageux
Parmi les sociétés qui versent des dividendes, celles qui les relèvent d’un exercice à l’autre procurent des rendements plus élevés que celles qui les réduisent ou les laissent inchangés. La hausse sera souvent modeste, mais le seul fait qu’il y en ait une peut être vu comme un signe de santé financière. En effet, la direction juge que le potentiel de bénéfices est à la hauteur des dividendes à verser ou que les bénéfices non répartis seraient suffisants pour maintenir les versements dans une période difficile. Une société bien gérée peut avoir à la fois des bénéfices robustes et un bilan sain.
Les sociétés qui relèvent leurs dividendes affichent aussi une volatilité des rendements moindre par rapport à celles qui ne les relèvent pas, et plus particulièrement par rapport à celles qui n’en versent pas. Encore une fois, la confiance accrue des investisseurs dans la capacité de la société de continuer à verser des dividendes tend à limiter l’ampleur des fluctuations du titre à court terme.
Dans cette perspective, l’intérêt d’une politique active de versement de dividendes va bien au-delà du mécanisme de retour à l’actionnaire. Une telle politique en dit long sur la qualité d’une société et sa capacité de dégager des bénéfices stables.
Qui dit bénéfices constants dit durabilité des dividendes
Une société ne peut déclarer un dividende que si son bénéfice de l’exercice en cours ou des exercices précédents (bénéfices non répartis) le lui permet. Les équipes de direction convaincues que les bénéfices de leur société croîtront, ou du moins qu’ils resteront au rendez-vous, sont plus susceptibles de relever leur dividende. L’investisseur potentiel en quête d’un revenu régulier devra lui aussi évaluer la capacité d’une société de continuer à effectuer ces versements avec aisance. Son évaluation commencera par une analyse des bénéfices.
Si on compare les flux de bénéfices globaux des sociétés qui versent des dividendes et de celles qui n’en versent pas, on constate que les flux des premières fluctuent moins. Pour honorer une politique de dividende, une trajectoire des bénéfices constante et prévisible est souvent préférable à des bénéfices potentiellement supérieurs, mais plus incertains.
Gros plan sur les facteurs fondamentaux
Les sociétés qui versent des dividendes tendent à afficher une capitalisation boursière supérieure, des estimations de bénéfices moins dispersées et une volatilité moindre des bénéfices déclarés. Elles présentent aussi une marge de trésorerie disponible et un rendement des capitaux propres supérieurs. Les sociétés qui présentent ces caractéristiques sont d’autant plus susceptibles de pouvoir continuer à verser des dividendes.
Des mesures associées au style croissance telles qu’une forte croissance projetée des bénéfices et l’élan des bénéfices sont moins cruciales pour les sociétés qui versent des dividendes, qui font d’ailleurs moins bonne figure sur ces plans pour la plupart.
Une qualité encore plus grande chez les sociétés qui relèvent leurs dividendes
Le relèvement du dividende demande une assurance encore plus grande, de la part de la direction, que son maintien. On peut donc s’attendre à ce que les sociétés qui relèvent leurs dividendes présentent une stabilité et une fiabilité accrues par rapport aux autres. Les sociétés qui haussent leurs dividendes affichent en effet une dispersion encore plus faible des estimations de bénéfices, une volatilité moindre des bénéfices déclarés, un rendement des capitaux propres plus élevé et une marge de trésorerie disponible supérieure par rapport à celles qui ne les relèvent pas.
Fait intéressant, malgré leurs dividendes croissants, ces sociétés affichent, en moyenne, des projections de croissance des bénéfices légèrement plus faibles. Leurs titres se négocient aussi à prime. Si les investisseurs sont généralement disposés à payer plus cher pour un potentiel de croissance supérieur, dans ce cas-ci, la prime repose sur autre chose. Nous pensons que les investisseurs choisissant des sociétés qui relèvent leurs dividendes souhaitent surtout de toucher un revenu régulier, d’où la prime qu’ils sont disposés à payer pour un flux de bénéfices fiable et constant (ou en légère croissance).
Myles Zyblock est un éminent stratège nord-américain, réputé pour ses réflexions sur les placements, qui font appel à la finance et à la psychologie pour capter les points d’inflexion majeurs sur les marchés financiers. Il a plus de 25 années d’expérience dans l’encadrement et les conseils sur la répartition des actifs pour un ensemble varié de conseillers auprès des institutions et des particuliers dans le monde entier. Il est entré au service de l’entreprise en 2013 comme stratège principal en placements et travaille en étroite collaboration avec l’équipe de gestionnaires des placements. Son expérience s’étend à différentes catégories d’actifs et régions géographiques.
*Total des actifs confiés aux professionnels des placements enregistrés de Gestion d’actifs 1832 S.E.C. Gestion mondiale d’actifs Scotia comprend Gestion d’actifs 1832 S.E.C., société en commandite dont le commandité est détenu en propriété exclusive par La Banque de Nouvelle-Écosse.
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