CANADA : LES VENTES SE RALENTISSENT ENCORE AU TERME D’UN SOLIDE S1 EN 2025

En juin au Canada, les ventes d’automobiles se sont encore ralenties (-7,5 % sur un mois) pour s’établir à 1,80 million d’exemplaires (en données désaisonnalisées et en rythme annualisé), selon Wards Automotive (graphique 1). Les ventes d’automobiles au Canada ont plongé pour un troisième mois consécutif, en données désaisonnalisées, puisque leur rythme continue de se replier après avoir démarré l’année en force, ce qui a probablement été porté en partie par un surcroît des ventes induit par l’anticipation des tarifs douaniers en mars et en avril. La baisse désaisonnalisée du rythme des ventes le mois dernier a constitué le ralentissement mensuel le plus marqué depuis janvier 2022. Toutefois, le rythme des ventes annualisé est légèrement inférieur au nombre d’exemplaires vendus en 2024, soit 1,82 million de véhicules.

Graphique 1 : Les ventes de véhicules légers au Canada

Pour l’ensemble du T2, les ventes moyennes de véhicules légers ont fait du surplace (0,1 % sur un trimestre) grâce aux révisions à la hausse apportées aux deux mois précédents. Les ventes d’automobiles pour le premier semestre ont gagné 5,5 % sur un an. Toujours est-il que le rythme des ventes mensuelles a atteint le niveau désaisonnalisé le plus creux depuis le T3 de 2024, puisque la croissance des dépenses de consommation s’est ralentie.

Les tarifs douaniers et l’incertitude continuent de peser sur les perspectives de l’économie canadienne. Les gains de l’emploi au Canada sont restés léthargiques au début de l’année, pour se chiffrer à un peu plus de 10 000 emplois par mois dans les cinq premiers mois, ce qui représente une baisse par rapport à la moyenne de 33 000 emplois par mois en 2024; le taux de chômage s’est hissé à 7 % en mai. Et même si l’inflation de synthèse s’est ralentie à 1,7 % sur un an, plombée par l’annulation de la taxe sur le carbone pour les consommateurs, les baromètres fondamentaux de l’inflation de la Banque du Canada (BdC) continuent de s’inscrire à 3 %. La BdC devrait maintenir son taux directeur à 2,75 % jusqu’à la fin de 2025, puisqu’elle pondère les risques pour l’inflation par rapport à la croissance sous-jacente de l’économie avant d’adopter le taux directeur en 2026.

Nos prévisions pour les ventes de véhicules légers au Canada se chiffrent à 1,88 million d’exemplaires en 2025 et à 1,81 million en 2026. Le rythme des ventes d’automobiles devrait rester anémique dans le deuxième semestre de 2025, puisque la léthargie des marchés du travail et l’incertitude pèsent sur la croissance des dépenses de consommation. Toutefois, ces perspectives sont assombries par la forte incertitude qui pèse sur les impacts que produiront les tarifs douaniers et par les pressions potentielles qui s’exerceront sur les prix, surtout dans le secteur de l’automobile.

ÉTATS-UNIS : LES VENTES CONTINUENT DE SE REPLIER SOUS L’EFFET DES VENTS CONTRAIRES

En juin aux États-Unis, les ventes d’automobiles ont perdu -1,7 % sur un mois en données désaisonnalisées pour s’inscrire à 15,3 millions d’exemplaires en rythme annualisé (graphique 2). Les ventes d’automobiles en chiffres désaisonnalisés ont fléchi pendant trois mois consécutifs dans la foulée du surcroît des ventes dans l’anticipation des tarifs douaniers plus tôt au printemps. Le rythme des ventes mensuelles a plongé à son plus creux depuis l’été dernier. Les ventes trimestrielles d’automobiles se sont contractées pour un deuxième trimestre consécutif : elles ont fléchi de -2,2 % sur un trimestre au T2. Les ventes du premier semestre de l’année ont gagné 3,9 % sur un an en chiffres non désaisonnalisés.

Graphique 2 : Les ventes de véhicules légers aux États-Unis

La Réserve fédérale américaine a maintenu à 4,5 % le taux directeur à la réunion du FOMC les 17 et 18 juin. Dans la version à jour des documents sur les prévisions, le taux médian des fonds fédéraux s’est maintenu à 50 points de base de baisse d’ici la fin de 2025, et, dans l’ensemble, les prévisions des participants du FOMC font état d’un plus grand nombre d’avis favorables au maintien du taux directeur jusqu’à la fin de cette année.

Si la croissance de l’emploi s’est ralentie aux États-Unis au début de l’année, les gains de l’emploi ont atteint une moyenne de 150 000 par mois au T2, et le taux de chômage s’est replié à 4,1 % en juin. Le marché du travail, toujours stable, permet de mettre en veilleuse la politique monétaire, puisque l’inflation sous-jacente s’est obstinément maintenue à 2,8 % sur un an pour les trois mois qui ont précédé mai. L’administration américaine a récemment annoncé des plans destinés à imposer des tarifs douaniers de 25 % à 40 % sur les importations de certains pays à partir du 1er août, par rapport aux tarifs référentiels de 10 % sur la plupart des importations, ainsi que des plans pour imposer des tarifs supplémentaires, ce qui risque d’accentuer l’inflation. Nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale maintienne le taux directeur à 4,5 % jusqu’à la fin de 2025, alors qu’elle surveille attentivement les données et l’évolution des politiques, et elle devrait abaisser graduellement le taux directeur en 2026, ce qui fera probablement en sorte que le coût du crédit restera élevé dans le court terme et ce qui pèsera sur la demande de véhicules.

Selon nos prévisions sur les ventes d’automobiles aux États-Unis, nous nous attendons à ce que le rythme de l'évolution des ventes trimestrielles reste atone au deuxième semestre de 2025, ce qui donnera des ventes de 16,0 millions d’exemplaires en 2025 et de 15,7 millions en 2026.

VENTES MONDIALES D’AUTOMOBILES : CONJONCTURE CONTRACTÉE À L’ÉCHELLE RÉGIONALE EN RAISON DU REPLI DES VENTES MONDIALES EN MAI

Les ventes mondiales d’automobiles ont perdu -2,5 % sur un mois (en données désaisonnalisées) en mai, puisque leur rythme s’est essoufflé; ce recul correspond aux niveaux atteints à la fin de 2024. La conjoncture s’est toutefois contractée à l’échelle régionale (graphique 3). En Europe de l’Ouest, les ventes d’automobiles ont perdu -3,6 % sur un mois (en données désaisonnalisées), ce qui a masqué la hausse de 3 % en avril, mais ce qui cadre toujours avec le rythme des ventes du T1. De même, en Europe de l’Est, les ventes d’automobiles ont reculé de -5,3 % sur un mois (en données désaisonnalisées); elles restent toutefois supérieures au récent creux désaisonnalisé de mars 2025. En Asie-Pacifique, les ventes d’automobiles n’ont presque pas bougé (0,2 % sur un mois en données désaisonnalisées), alors que les progrès modestes accomplis en Chine (0,9%) et au Japon (0,6 %) ont été en partie effacés par la léthargie dans une grande partie du reste de la région. En Amérique latine, les ventes de véhicules ont crû de 1,5 % sur un mois (en données désaisonnalisées) : elles ont augmenté dans quatre des cinq derniers mois. Nos prévisions pour la croissance des ventes mondiales de véhicules s’établissent à 1,6 % en 2025 et à 0,9 % en 2026, puisque les risques qui planent sur l’évolution des tarifs douaniers font peser une lourde incertitude sur les perspectives mondiales (graphique 4).

Graphique 3 : Les ventes mondiales de véhicules par région; Graphique 4 : Les contribution des régions à la croissance des ventes mondiales automobiles
Tableau 1 — Perspectives des ventes mondiales d'automobiles (Millions d'unités); Tableau 2 — Les perspectives des ventes d’automobiles dans les provinces (en milliers d’exemplaires par an)
Les perspectives trimestrielles du secteur de l’automobile en Amérique du Nord: Graphique 1 : Ventes de véhicules légers au Canada; Graphique 2: Ventes de véhicules légers au États-Unis; Graphique 3 : Les prévisions de la production automobile nord-américaine de Wards Automotive; Tableau 3 — Les perspectives annuelles de production en Amérique du Nord