CANADA : LES VENTES DU PRINTEMPS RESTENT ÉLEVÉES, MAIS RISQUENT DE BAISSER

En avril, les ventes d’automobiles au Canada ont reculé de ‑3,2 % sur un mois pour s’inscrire à 1,92 million d’exemplaires en rythme désaisonnalisé et annualisé selon Wards Automotive (graphique 1).

Graphique 1 : Les ventes de véhicules légers au Canada

Les ventes désaisonnalisées ont explosé de 7,3 % sur un mois pour s’établir à 1,98 million d’exemplaires  (en rythme désaisonnalisé et annualisé) en mars avant de se replier à 1,92 million d’exemplaires (en rythme désaisonnalisé et annualisé) en avril, puisque la demande a probablement été avancée parce que les consommateurs ont pu anticiper les effets des tarifs américains sur le Canada. Si les ventes de véhicules neufs ont pu être élevées dans le court terme, le rythme des ventes se ralentira probablement dans les prochains mois après les effets d’anticipation et le risque pourrait se réduire encore si l’impact des tarifs commence à prendre de la vigueur, par exemple dans les distorsions de l’offre du fait des changements apportés aux plans de production, de la hausse des prix puisque les coûts des tarifs seront répercutés sur les consommateurs ou à cause du poids que fera peser, sur l’activité économique et sur les marchés du travail, la hausse de l’incertitude et les vents contraires tarifaires directs. Le 15 avril, le ministère des Finances du Canada a annoncé des mesures destinées à soutenir les entreprises et les entités canadiennes impactées par les tarifs, ce qui comprend une structure‑cadre de remise fondée sur le rendement pour les constructeurs d’automobiles, sous réserve de conditions qui les obligent par exemple à continuer de construire des véhicules au Canada.

Le 16 avril, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 2,75 %, soit le point milieu de sa fourchette neutre estimative, après avoir abaissé ce taux à chacune de ses réunions depuis juin 2024, et après l’avoir porté à un sommet de 5 %. Le parcours que suivront les taux d’intérêt est essentiellement incertain à l’heure où la BdC évalue les données publiées et les faits nouveaux, ainsi que leurs incidences sur le maintien de l’inflation à un niveau proche de 2 %, en notant que la politique monétaire ne permet pas de compenser les chocs d’une guerre commerciale et qu’elle favorisera la croissance économique tout en s’assurant que l’inflation reste bien maîtrisée. Selon nos plus récentes prévisions, nous nous attendons à ce que la Banque du Canada ne change pas son taux directeur en 2025 et à ce que ce taux baisse à la longue en raison de la léthargie de la croissance et des mesures partielles de rétorsion, au lieu de le maintenir ou de le hausser si les risques de progression de l’inflation justifient le durcissement de la politique monétaire.

Nos prévisions pour les ventes de véhicules légers canadiens, soit 1,86 million d’exemplaires en 2025 et 1,80 million en 2026, sont soumises à une forte incertitude, surtout dans les années ultérieures, en raison de l’évolution de la conjoncture et des pressions exercées par les tarifs sur le secteur de l’automobile et sur l’ensemble de l’activité économique.

ÉTATS-UNIS : LES VENTES RESTENT ÉLEVÉES DANS L’ANTICIPATION DES RISQUES TARIFAIRES

En avril, les ventes d’automobiles aux États-Unis ont plongé de ‑3,1 % sur un mois en rythme désaisonnalisé pour se chiffrer à 17,3 millions d’exemplaires en rythme annualisé (graphique 2). Bien que les ventes d’automobiles se soient ralenties en avril, les consommateurs américains continuent d’anticiper les effets tarifaires : la moyenne mobile sur trois mois (mm3m) s’est hissée à 17,0 millions d’exemplaires (en rythme désaisonnalisé et annualisé) en avril, soit le rythme de ventes sur trois mois le plus élevé depuis mai 2021, ce qui représente une hausse sur les 16,5 millions d’exemplaires (en rythme désaisonnalisé et annualisé) vendus au T4 de l’an dernier.

Graphique 2 : Les ventes de véhicules légers aux États-Unis

À la fin d’avril et au début de main, les États-Unis ont révisé certaines de leurs politiques afin de limiter une partie des impacts potentiels des tarifs sur l’économie intérieure. Ils ont entre autres supprimé l’effet cumulatif des droits de douane sur certains biens qui étaient soumis à différents tarifs pour appliquer un seul taux tarifaire, plutôt qu’un taux combiné. Les États-Unis ont aussi adopté un programme de remise représentant 3,75 % du PDSF des véhicules construits aux États-Unis et vendus dans ce pays; ce taux baisse pour s’établir à 2,75 % un an plus tard et oblige à prévoir une plus grande part du contenu américain dans les véhicules. En outre, les États-Unis mettent en pause pendant deux ans les tarifs de 25 % sur les importations de pièces détachées conformes à l’ACEUM depuis le Canada et le Mexique; ces tarifs devaient produire leurs effets le 3 mai. Si ces rajustements donnent un certain répit au secteur automobile par rapport à ce qui avait déjà été annoncé, une forte incertitude plane toujours sur l’évolution de la situation et sur les impacts potentiels dans les chaînes logistiques automobiles nord‑américaines.

Nos prévisions des ventes d’automobiles aux États-Unis, soit 16,0 millions d’exemplaires en 2025 et 15,8 millions en 2026, sont très incertaines puisque les tarifs imposés sur une légion de biens importés aux États-Unis pèsent sur les perspectives économiques.

VENTES MONDIALES D’AUTOMOBILES : LÉTHARGIE DU RYTHME DES VENTES AU T1 DANS LA PLUPART DES RÉGIONS AU DÉBUT DE 2025

En mars, les ventes mondiales d’automobiles ont perdu ‑1,8 % sur un mois (en données désaisonnalisées); elles se sont contractées dans trois des quatre derniers mois en les corrigeant pour tenir compte des variations saisonnières (graphique 3). Le ralentissement du rythme des ventes au début de l’année a été généralisé à l’échelle régionale et a eu pour effet de contracter de ‑1,3 % sur un trimestre (en rythme désaisonnalisé) les ventes d’automobiles du T1. En Europe de l’Ouest, les ventes d’automobiles ont crû de 0,8 % sur un trimestre au T1 : elles ont été nuancées à l’échelle des pays, pour augmenter dans cinq des 15 pays couverts, et ont essentiellement évolué tendanciellement en zigzag à partir d’octobre. Dans le même temps en Europe de l’Est, les ventes d’automobiles ont chuté de ‑17,1 % sur un trimestre; il s’agit de la première contraction trimestrielle désaisonnalisée depuis le T2 de 2022. En Asie‑Pacifique, les ventes d’automobiles ont baissé de ‑0,9 % sur un trimestre : cette léthargie a été généralisée dans l’ensemble de la région, dont la baisse de ‑1,4 % sur un trimestre en Chine, le plus grand marché de la région en volume. En Amérique latine, les ventes d’automobiles ont cédé ‑1,4 % sur un trimestre : le rythme des ventes trimestriel désaisonnalisé a perdu du terrain pour la première fois depuis le T4 de 2023. Nous prévoyons que les ventes mondiales de véhicules gagneront 1,6 % en 2025 et 1,0 % en 2026; les risques sont potentiellement plus orientés à la baisse puisque les tarifs font souffler des vents contraires sur la croissance mondiale (graphique 4).

Graphique 3 : Les ventes mondiales de véhicules par région; Graphique 4 : Les contribution des régions à la croissance des ventes mondiales automobiles
Tableau 1 — Perspectives des ventes mondiales d'automobiles (Millions d'unités); Tableau 2 — Les perspectives des ventes d’automobiles dans les provinces (en milliers d’exemplaires par an)
Les perspectives trimestrielles du secteur de l’automobile en Amérique du Nord: Graphique 1 : Ventes de véhicules légers au Canada; Graphique 2: Ventes de véhicules légers au États-Unis; Graphique 3 : Les prévisions de la production automobile nord-américaine de Wards Automotive; Tableau 3 — Les perspectives annuelles de production en Amérique du Nord