- Le Canada s’est enrichi de 60 000 emplois en septembre; certains détails sont assez intéressants.
- Certaines anomalies saisonnières devraient amoindrir la confiance dans les données.
- Voici pourquoi la BdC n’a pas encore arrêté sa décision.
- Canada, évolution de l’emploi en milliers sur un mois/taux de chômage en %, en données désaisonnalisées, septembre :
- Données réelles : +60,4/7,1
- Scotia : -50/7,2
- Consensus : +5,0/7,1
- Auparavant : -65,5/7,1
Les lacunes à corriger sont peu nombreuses — mais sont tout de même importantes — dans le très solide rapport sur l’emploi au Canada, qui étoffe les statistiques en faveur du maintien des taux par la Banque du Canada le 29 octobre.
C’est plus probable maintenant, sans qu’on en ait l’assurance. Il faut toujours attendre la publication de l’IPC le 21 octobre et les enquêtes trimestrielles de la BdC de la veille. Mais à ce stade, les probabilités de voir la BdC passer à la réunion suivante avant de baisser son taux directeur ont augmenté. L’économie tourne toujours au ralenti et sa capacité excédentaire augmente, ce qui pourrait motiver la BdC à attendre d’avoir une plus grande certitude. La BdC se penche sur les tendances de l’évolution du marché de l’emploi, qui est toujours aussi léthargique : ce marché a perdu 46 000 emplois au troisième trimestre, et on a tout à fait raison d’interpréter attentivement cette séquence de chiffres sur l’emploi.
LES DÉTAILS
Le graphique 1 fait état de certains indicateurs récapitulatifs. Le total de l’emploi a crû de +60 400. La quasi-totalité de cette progression est constituée des emplois salariés (+53 000) : les emplois salariés dans le secteur public ont progressé de 31 000, les emplois salariés dans le secteur privé ont gagné 22 000 postes, et le travail autonome a lui aussi augmenté légèrement, à +8 000.
Le graphique 2 fait état de la répartition de la croissance de l’emploi par secteur. L’activité manufacturière a réussi à s’enrichir de 28 000 emplois. Les autres emplois créés appartiennent essentiellement à la santé et à l’aide sociale, ainsi qu’aux « autres » services, sauf l’administration publique. L’ampleur des modestes gains dans certains secteurs a été satisfaisante. C’est le secteur du commerce de détail et de gros qui a accusé la baisse la plus considérable.
Les salaires ont gagné 2,5 % sur un mois en données désaisonnalisées et annualisées (graphique 3). Ils ont enchaîné un deuxième ralentissement consécutif; il faut toutefois lancer les mêmes mises en garde puisque les campagnes de négociation des conventions collectives restent orientées favorablement à des gains de salaires supérieurs à l’inflation pendant des années.
Tous les gains reviennent aux emplois à temps plein, à +106 000; les emplois à temps partiel ont reculé de -46 000.
Bravo à l’Alberta! Le gain de +43 000 emplois de cette province a été le moteur dominant de la croissance de l’emploi. La Colombie-Britannique a créé 8 000 emplois. Les autres provinces ont enregistré de modestes gains et de faibles pertes (graphique 4). Le secteur manufacturier a gagné des emplois en Ontario (+12 000) et en Alberta (+7 900). Le gain de 43 000 emplois de l’Alberta est constitué de 26 000 emplois dans les secteurs des biens, dominés par la construction (+8 400) et l’activité manufacturière (+7 900), en plus des services (+16 700), menés par les services professionnels, scientifiques et techniques (+6 500), l’éducation (+7 400), l’administration publique (6 600), les « autres » services (6 600) et la santé (+4 200).
Je suis sceptique sur les aspects saisonniers du rapport. D’abord, il s’est produit une baisse exceptionnellement faible sur un mois en données non désaisonnalisées, dans un mois qui est généralement beaucoup plus vigoureux (graphique 5). Il s’agit de la deuxième baisse annuelle d’affilée. En fait, le mois de septembre a comptabilisé les chiffres non désaisonnalisés les plus élevés — constitués soit des gains les plus importants, soit des baisses les plus considérables — pour l’ensemble de l’emploi dans les annales dans chacune des années pandémiques et postpandémiques comprises entre 2020 et 2025, comme l’indique le graphique. Est-ce en raison des changements dans les modèles d’embauche saisonniers qui sont authentiques dans leur nature uniquement depuis la pandémie ou parce que ces modèles ne sont pas bien maîtrisés? Il est difficile de le savoir, et Statistique Canada n’offre rien permettant de savoir si c’est crédible ou non.
En outre, le facteur de désaisonnalisation a évolué À LA HAUSSE, ce qui contredit tout l’argument à propos du délestage des poids de l’ère pandémique dans une évolution du parti pris de la récence qui donnait déjà des signes de modération pour atteindre des moyennes (graphique 6). Le facteur de désaisonnalisation de septembre a été parmi les plus hauts enregistrés pour les mois comparables de septembre. Tout ce qui est inférieur aurait fortement écorné les chiffres de synthèse sur l’emploi.
En fait, si Statistique Canada avait dû composer avec le facteur de désaisonnalisation de septembre 2024, l’emploi aurait gagné environ 20 000 postes, soit le tiers du rythme comptabilisé. À nouveau, il s’agit de savoir si les corrections saisonnières permettent de bien maîtriser les changements dans les modèles d’embauche. Statistique Canada se contentera d’affirmer que c’est le facteur de désaisonnalisation qui est extrait de force d’un calcul de désaisonnalisation d’après la méthode X-12-ARIMA; il manque toutefois une explication intuitive de la raison pour laquelle le mois de septembre 2025 a basculé dans les facteurs de désaisonnalisation les plus élevés depuis la pandémie et aussitôt après. À mon avis, il faut prendre les chiffres avec un gros grain de sel.
D’après le suivi des heures de travail, qui permet d’estimer le PIB du mois de septembre et le PIB du troisième trimestre, la croissance est atone. Les heures de travail ont reculé de 0,2 % sur un mois en données désaisonnalisées. Elles n’ont gagné que 0,4 % sur un trimestre en données désaisonnalisées et en rythme annualisé pour l’ensemble du T3 (graphique 7). Puisque le PIB est un indicateur défini en heures multipliées par la productivité de la main-d’œuvre, les chiffres léthargiques sur les heures de travail indiquent que l’économie manque d’entrain, surtout depuis que la productivité n’est pas la grande force du Canada.
Par cohorte, le gain a été mené par les femmes de 25 ans et plus (+40 000), suivies des hommes de 25 ans et plus (25 000), alors que les jeunes de 15 à 24 ans ont accusé une légère perte (-4 000).
Le taux de chômage est resté stable en septembre à 7,1 % par rapport à la tendance à la hausse inscrite depuis 2022-2023 et portée essentiellement par le nombre excessif de résidents temporaires (graphique 8).
Peu de temps après la publication des chiffres, Ottawa a annoncé un train limité de trois mesures officielles qui comportent des incidences microéconomiques, et non macroéconomiques. Ces mesures donnent automatiquement aux travailleurs à revenus faibles qui déposent automatiquement leur déclaration de revenus le droit aux prestations fédérales, pérennisent le Programme national d’alimentation scolaire et renouvellent le laissez-passer Un Canada fort. Ces mesures ne sont pas jugées importantes pour le paysage macroéconomique.
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