Jodi Saucier, une Autochtone de Regina membre de la Métis Nation, a passé la vingtaine et la trentaine à parcourir l’Ouest canadien. Il y a 15 ans, en quête d’un endroit où vivre, elle s’est établie dans une ferme de quatre hectares à l’est de Pincher Creek, en Alberta, sur des terres faisant partie des territoires du Traité no 7 des Siksikas. Il lui a cependant été difficile de trouver un emploi stable dans cette communauté rurale d’environ 6 000 habitants.

Mme Saucier a alors envisagé l’idée de démarrer une entreprise agricole. Dans cette optique, elle a obtenu un certificat en horticulture des Prairies de l’Université de la Saskatchewan, il y a cinq ans, pour découvrir qu’elle n’était pas faite pour l’entrepreneuriat. 

« L’entrepreneuriat exige de prendre des risques, et l’agriculture est une entreprise où les risques sont élevés, une situation avec laquelle je ne suis pas vraiment à l’aise », raconte-t-elle.

Jodi Saucier headshot

Photo : Jodi Saucier


C’est à ce moment que Mme Saucier a réalisé que ses compétences de base en informatique – du même niveau que celui des élèves du primaire – pourraient l’empêcher d’obtenir un poste pour lequel elle est par ailleurs qualifiée. À 50 ans, elle s’est inscrite au programme d’analyste débutant en technologies de l’information à NPower Canada, un organisme de bienfaisance qui offre aux Canadiens sans emploi ou sous-employés un accès gratuit à des programmes de formation en technologie leur permettant d’acquérir les compétences recherchées par les employeurs. Lorsqu’elle a obtenu son diplôme l’année dernière, elle avait déjà trouvé un emploi dans une société nationale indépendante de courtage d’assurance de dommages à Pincher Creek, et elle poursuit actuellement une nouvelle carrière dans le domaine de l’assurance. 

« Je suis passée directement du programme de formation au marché du travail », explique-t-elle, en soulignant l’excellence des formations et du cours de rédaction de curriculum vitæ offerts par NPower Canada. 

NPower Canada crée des voies vers la prospérité économique pour les adultes et les jeunes canadiens défavorisés en leur permettant de se lancer dans une carrière enrichissante et durable dans le domaine du numérique. Elle affiche un bon de taux de réussite : 80 % des participants obtiennent leur diplôme et 82 % de ces diplômés obtiennent un emploi en lien avec les technologies ou entreprennent des études postsecondaires en l’espace d’un an.

L’organisation offre actuellement deux programmes de 15 semaines. Le programme pour débutant qu’a suivi Jody Saucier exige des compétences de base en informatique, comme la recherche sur Internet ou l’utilisation du courrier électronique. Les diplômés de ce programme sont qualifiés pour différents postes : spécialiste du service d’assistance, analyste de projet, administrateur de système débutant, agent du service à la clientèle numérique et technicien de service. L’autre programme offert, à savoir le programme d’analyste de données, exige de plus amples connaissances en informatique et prépare les diplômés aux postes d’analyste de données, de spécialiste du service d’assistance, de développeur de base de données, d’analyste commercial, d’analyste de projet et d’administrateur de base de données débutant.  

Statistic: 80% of NPower participants graduate

Source : NPower

Soutenir l’apprentissage

Pour aider NPower Canada à élargir l’accès à son programme à un plus grand nombre de personnes au pays, particulièrement dans les régions rurales et éloignées et les communautés autochtones, la Banque Scotia a fait un don de 800 000 $ sur deux ans par l’intermédiaire de ScotiaINSPIRE, une initiative d’investissement de 500 millions de dollars sur 10 ans qui vise à améliorer la résilience économique des groupes défavorisés. NPower Canada s’est implantée récemment au Manitoba, et prévoit étendre ses activités dans la région d’Ottawa/Gatineau, au Nouveau-Brunswick et en Saskatchewan au cours des deux prochaines années.

« ScotiaINSPIRE s’engage à éliminer les obstacles qui se dressent contre l’avancement professionnel des groupes défavorisés ou sous-représentés, tels que les nouveaux arrivants, ainsi que les Canadiens autochtones et racisés, déclare Maria Saros, vice-présidente et directrice mondiale, Impact social, à la Banque Scotia. Nous sommes fiers de soutenir NPower Canada dans le cadre de son expansion dans les communautés rurales partout au pays et de l’ajout de cours de formation qui permettront aux diplômés d’obtenir les compétences technologiques qui sont de plus en plus nécessaires pour entreprendre une carrière. »

Statistic: 82% of graduates obtain tech-related jobs or enroll in post-secondary education within a year

Source : NPower


En élargissant ses activités, le plus grand défi pour NPower Canada sera de s’assurer qu’il y a des possibilités d’emploi pour les diplômés, soutient Nisha Lewis, directrice de l’exploitation de l’organisme de bienfaisance qui compte actuellement sur l’appui de plus de 300 employeurs à l’échelle nationale et de 11 partenaires qui ont embauché plus de 100 diplômés, dont plusieurs étaient établis dans un centre urbain. Selon elle, il s’agit d’une des façons dont les partenaires comme la Banque Scotia peuvent apporter leur contribution. « La Banque Scotia est présente partout au pays, notamment dans les petites communautés, en plus d’offrir des postes d’agent du service à la clientèle numérique », souligne-t-elle.

NPower Canada a ouvert son premier emplacement physique dans la région du Grand Toronto en 2014, en s’inspirant du modèle de son organisation sœur établie aux États-Unis, fondée en 2001. Toutefois, elle s’est vue contrainte de revoir la prestation de ses programmes de formation à l’échelle nationale au début de l’année 2020, lorsque la pandémie de COVID-19 a paralysé pratiquement tout le pays. « Le côté positif, c’est que nous avons pu mettre à l’essai les formations virtuelles, ce qui nous a permis d’offrir le programme à l’échelle des provinces en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba et en Nouvelle-Écosse », précise Mme Lewis.

Contrairement à plusieurs programmes de formation virtuelle en technologie, NPower Canada propose des cours dirigés par des enseignants, une aide pour la recherche d’emploi et des services aux diplômés pendant cinq ans. De nombreux participants proviennent de communautés qui sont historiquement sous-représentées dans le secteur des technologies, notamment les Autochtones, les personnes racisées, les nouveaux Canadiens, les femmes, ainsi que les personnes non binaires ou transgenres. Bien que la priorité soit accordée aux jeunes adultes et aux travailleurs en début de carrière, certains participants, comme Jodi Saucier, sont entre la fin de la quarantaine et le milieu de la cinquantaine et ont besoin d’améliorer leurs compétences en technologie pour pouvoir suivre l’évolution continue du milieu de travail numérique. 

Screenshot of NPower class video call

Crédit : NPower
 

Améliorer ses compétences pour une carrière en technologie

NPower Canada proposera également de nouveaux programmes pour veiller à ce que les compétences des participants demeurent pertinentes pour les employeurs. Comme la cybersécurité devient une priorité en raison de l’augmentation des cas d’hameçonnage, des pourriels et d’autres menaces, elle ajoutera en mars un programme d’analyste des opérations de sécurité en vue de préparer les diplômés pour différents postes, tels qu’analyste des opérations de sécurité, ingénieur en sécurité, analyste d’intervention en cas d’incident, responsable de la sécurité de l’information ou spécialiste en cybersécurité. Tous ses cours intégreront également des volets axés sur l’intelligence artificielle (AI).

« Nous mettons continuellement à jour nos programmes de formation afin de nous assurer que les diplômés possèdent les compétences qui leur permettront d’être prêts pour l’avenir du marché du travail et d’avoir une compréhension de base de ce qui les attend », indique Mme Lewis.

En faisant référence à la rapidité des progrès technologiques, elle a précisé que les employeurs s’attendent à ce que les travailleurs soient en mesure de perfectionner leurs compétences techniques, c’est-à-dire d’apprendre de nouveaux programmes, de nouveaux processus et à utiliser de nouveaux systèmes, environ tous les trois ans. « Les employeurs souhaitent que les employés soient enclins à apprendre tout au long de leur vie professionnelle », explique-t-elle. 

« Nous voulons que le poste que nos diplômés obtiennent soit à la base de leur parcours professionnel et non au sommet. Il s’agit d’un point de départ à partir duquel ils peuvent gravir les échelons, et c’est ce que nous voyons quand nous parlons avec eux ». 

Bon nombre des diplômés de NPower Canada rapportent qu’une fois qu’ils ont obtenu un premier poste au sein d’une bonne entreprise, ils ont été rapidement promus à d’autres postes et se sont vus confier de nouvelles tâches.

Ce fut le cas de Jody Saucier. Quelques mois après avoir obtenu son premier emploi, qui lui a permis de suivre le programme de premier niveau pour les conseillers en assurances, elle a accepté un poste dans une autre compagnie d’assurance nationale, et elle travaille présentement à l’obtention du deuxième niveau. 

« Heureusement pour moi, le propriétaire de l’entreprise reconnaît mon expérience dans l’agriculture. Je suis actuellement une formation en vue de prendre en charge le portefeuille de clients du secteur agricole, ce qui me permettra de mettre à profit le fruit de mes études en agriculture», raconte-t-elle.

Jody Saucier souligne qu’il y a plusieurs personnes de son âge qui pourraient tirer profit d’un cours de mise à niveau comme celui offert par NPower Canada. « Les changements ont été immenses depuis notre passage à l’université. Beaucoup d’entre nous sont des travaillants, mais peuvent manquer d’expérience en informatique. » 

« Nous possédons d’incroyables compétences générales, mais peut-être pas les compétences technologiques nécessaires pour obtenir le poste convoité », ajoute-t-elle.

« La classe comptait des professionnels de tous les milieux, qui n’avaient besoin que d’une mise à niveau de leurs compétences technologiques, ce qui s’avère très important compte tenu de la transition vers une économie plus verte et moins axée sur la main-d’œuvre ».

 

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