Cette année, Deuxième Récolte, la plus grande organisation de récupération alimentaire au Canada, a récolté et redistribué un total impressionnant de 74,4 millions de livres de nourriture, surpassant ainsi son objectif avec deux ans d’avance.

Deuxième Récolte a pu venir en aide à plus de 4 400 organismes caritatifs et sans but lucratif, comme des banques alimentaires et des centres d’hébergement, grâce à ces surplus d’aliments comestibles que les entreprises ne peuvent pas utiliser.

Cette aide survient à un moment où les besoins augmentent, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt compromettant la capacité de nombreux Canadiens à joindre les deux bouts, et où les banques alimentaires et les organismes sans but lucratif sont confrontés aux mêmes pressions.

«Nos listes d’attente sont remplies d’organismes qui ont besoin de nourriture et la quantité d’aliments que nous distribuons n’est toujours pas suffisante, explique Lori Nikkel, PDG de Deuxième Récolte. Nous pourrions en faire dix fois plus.»

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Photo : PDG Lori Nikkel
Crédit : Deuxième Récolte

Soutenir les travailleurs démunis

La récupération alimentaire est plus importante que jamais, car les banques alimentaires du Canada connaissent une demande sans précédent.

Selon un rapport publié fin novembre par Feed Ontario, un groupe d’organismes de lutte contre la faim, le nombre de personnes ayant recours à des banques alimentaires cette année a augmenté de 38 % par rapport à l’année dernière, soit la plus forte augmentation jamais constatée en une seule année et le double de l’augmentation ayant suivi la récession de 2008.

Les données du même rapport indiquent également que parmi les personnes qui fréquentent les banques alimentaires, une sur six a un emploi.

En 2022, les partenaires de Deuxième Récolte ont signalé une hausse de 134 % du nombre de clients servis; une hausse additionnelle de 60 % est prévue en 2023.

«Je pense que nous sommes tous affectés par la situation économique, et ce, même si nous ne touchions pas un faible revenu auparavant», affirme Mme Nikkel, ajoutant que de nombreuses personnes, incluant des travailleurs, des diplômés universitaires et des propriétaires de petites entreprises se tournent vers les organismes d’aide alimentaire.

Suivre la chaîne d’approvisionnement

Afin de répondre à la demande alimentaire, le modèle de Deuxième Récolte met en contact les entreprises à tous les stades de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, des épiceries aux hôtels, en passant par les restaurants, avec des organismes caritatifs et sans but lucratif partout au pays.

Ce modèle privilégie la récupération d’aliments périssables et nutritifs comme les fruits et les légumes, la viande et ses substituts et les produits laitiers.

«Les aliments sains coûtent très cher, explique Mme Nikkel. C’est pourquoi nous donnons la priorité aux aliments protéinés, aux produits laitiers et aux fruits et légumes, car ce sont les produits les plus difficiles à obtenir lorsqu’on dispose d’un faible revenu.»

En 2019, Deuxième Récolte a publié un rapport choc quantifiant le gaspillage alimentaire au Canada.

Le rapport concluait que les Canadiens gaspillent l’équivalent de 49 milliards de dollars de nourriture chaque année, un gaspillage monétaire et alimentaire, entraînant l’émission d’environ 56,6 millions de tonnes de dioxyde de carbone. (La nourriture qui se retrouve dans les sites d’enfouissement produit du méthane, un gaz 25 fois plus nocif pour l’environnement que le dioxyde de carbone.)

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Source : Rapport de Feed Ontario

Partenariat avec ScotiaINSPIRE

La Banque Scotia collabore avec Deuxième Récolte depuis 1988. Le récent renouvellement de son investissement par l’intermédiaire de ScotiaINSPIRE, l’initiative de la Banque qui consiste à investir 500 millions de dollars sur 10 ans pour promouvoir la résilience économique des groupes défavorisés, appuiera la croissance continue du programme de récupération alimentaire.

«Nous ne pourrions pas accomplir notre travail sans le soutien d’organisations comme la Banque Scotia», souligne Mme Nikkel.

La contribution de 500 000 $ sur trois ans, accordée à Deuxième Récolte dans le cadre de l’initiative ScotiaINSPIRE de la Banque Scotia, permettra d’aider environ 30 000 personnes par an. Les fonds seront consacrés à l’infrastructure de transport et au réseau logistique de tierces parties afin de permettre à Deuxième Récolte de coopérer avec les entreprises à tous les stades de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.

Ce partenariat a permis de servir plus de 7 000 000 de repas.

«De nombreuses personnes peinent à boucler leur fin de mois en raison des pressions économiques. Pour cette raison, la mission de Deuxième Récolte, qui consiste à récupérer des aliments, à soutenir des organismes de bienfaisance et à venir en aide aux personnes vulnérables, est plus importante que jamais, affirme Maria Saros, vice-présidente et chef mondiale, Impact social à la Banque Scotia. Par l’intermédiaire de notre programme ScotiaINSPIRE, nous aidons Deuxième Récolte à remplir sa mission, soit de permettre aux Canadiens d’avoir accès à des aliments sains, tout en réduisant le gaspillage alimentaire et les émissions de carbone.»

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Crédit : Deuxième Récolte

La recherche au service de l’innovation

L’année dernière, Deuxième Récolte se fixait un objectif ambitieux sur trois ans : récupérer 32,7 millions de kilogrammes de nourriture d’ici 2025. Mme Nikkel affirme que l’organisme a déjà atteint son but en raison de plusieurs facteurs, notamment la technologie.

Selon la PDG, le lancement de l’application Bouffe Récup en 2018 a changé la donne en permettant à Deuxième Récolte de servir d’intermédiaire entre ses partenaires caritatifs, fournissant à ceux-ci des surplus alimentaires sains à l’échelle nationale. Les entreprises se connectent à l’application et publient une annonce de don et les organismes sans but lucratif à proximité qui utilisent l’appli en sont informés et peuvent réclamer les denrées offertes. L’application met les détaillants et les autres entreprises en relation directe avec les organismes dans le besoin.

«Sans l’application, nous n’aurions jamais atteint un tel objectif», affirme Mme Nikkel.

Les recherches sur le gaspillage alimentaire menées par Deuxième Récolte ont aussi contribué à la crédibilité de l’organisation, selon Mme Nikkel.

La prise de conscience et le sentiment d’urgence à l’égard du gaspillage et de l’insécurité alimentaire ont également été des facteurs déterminants.

«Le gaspillage alimentaire suscite un débat sans précédent. Je crois que la pauvreté et l’insécurité alimentaire au Canada sont mises en lumière comme jamais auparavant, explique Mme Nikkel. Pour résoudre un problème, il faut d’abord reconnaître son existence, et je pense que cette prise de conscience s’opère actuellement.»