Depuis plusieurs décennies, les scientifiques sonnent l’alarme sur l’état des récifs coralliens de la planète. Rien qu’au cours des 30 dernières années, près de 50 % de ces écosystèmes vitaux ont disparu, en grande partie à cause du réchauffement climatique.

Environ 90 % de l’énergie excédentaire générée par les gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère terrestre est stockée dans les océans. En conséquence, principalement entre 2006 et 2015, le nombre de vagues de chaleur marines a doublé, et on a noté la dégradation et le blanchiment généralisés des coraux. Les Nations Unies soutiennent qu’un réchauffement de 1,5 °C détruirait de 70 % à 90 % des récifs coralliens et qu’un réchauffement de 2 °C entraînerait la destruction totale des coraux.

Restaurer les récifs coralliens et les lagons de la barrière de corail mésoaméricaine, voilà la mission de Reef Aquaculture Conservancy AC, une organisation internationale non gouvernementale basée au Mexique qui a bénéficié en 2022 d’une bourse du Fonds Net Zero Research Fund de la Banque Scotia. Le financement permettra à l'organisation d'accumuler des crédits carbone grâce à la restauration des mangroves et des herbiers marins et d'utiliser ces crédits pour financer la restauration des récifs. Le récif mésoaméricain, qui s’étend de la pointe nord de la péninsule du Yucatán au Mexique jusqu’aux Îles de la Baie dans le nord du Honduras, se classe au 2e rang des plus grands récifs de corail du monde, derrière la Grande barrière de corail de l’Australie.

« Ces écosystèmes à forte biodiversité sont inestimables. Outre les emplois qu’ils créent, ils sont la source de nourriture de milliards de personnes et constituent la première ligne de défense contre l’érosion du littoral et les dommages catastrophiques que peuvent causer les ouragans et les tempêtes. De plus, les écosystèmes qui leur sont associés, comme les herbiers marins, les algues marines et les mangroves, captent le carbone mieux que les écosystèmes terrestres, contribuant ainsi à limiter les effets du réchauffement climatique », explique Guillermo Corona, président et conseiller scientifique de Reef Aquaculture Conservancy.

Volunteer pilot, Sylvio Roy

Photo crédit: Claudia Padilla

« Ils renferment également des additifs alimentaires, des compléments nutritionnels, des enzymes, des composés de produits cosmétiques et des composants permettant de créer des médicaments contre des cancers, des virus et des maladies cardiovasculaires », précise M. Corona, qui est titulaire d’un doctorat en sciences biologiques.

Reef Aquaculture Conservancy est l’une des dix organisations ayant reçu en 2022 une bourse du Fonds Net Zero Research Fund de 10 millions de dollars de la Banque Scotia, somme qui sera répartie sur 10 ans. Créé en 2021 dans le cadre des engagements de la Banque Scotia sur le climat, le Fonds attribuera 1 million de dollars par an en bourses ponctuelles à des organisations qui font avancer la recherche au profit de l’environnement.

Le Mexique fait partie des 188 pays qui ont signé un accord historique destiné à guider l’action mondiale en faveur de la nature jusqu’en 2030 lors de la conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP 15), qui s’est tenue en décembre dernier. Cet accord vise à protéger 30 % des terres, des océans, des zones côtières et des eaux continentales de la planète. Toutefois, son succès dépendra de la rapidité à laquelle les mesures d’arrêt et d’inversion de la perte de nature sont mises en œuvre.

« Les initiatives internationales en faveur du développement durable, comme le Cadre Kunming-Montréal, constituent une motivation et un appui solides pour la réalisation d’actions tangibles et la création d’un avenir meilleur pour les générations actuelles et futures de la Terre », explique M. Corona.

« Les banques comme la Banque Scotia jouent également un rôle clé dans la transition vers une économie carboneutre. En plus de réduire leurs émissions opérationnelles, elles travaillent avec leurs clients pour financer et appuyer leurs plans de transition », soutient Kim Brand, vice-président et chef mondiale, Durabilité, Banque Scotia. 

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Ces écosystèmes à forte biodiversité sont inestimables. Outre les emplois qu’ils créent, ils sont la source de nourriture de milliards de personnes, […]. De plus, les écosystèmes qui leur sont associés, comme les herbiers marins, les algues marines et les mangroves, captent le carbone mieux que les écosystèmes terrestres, contribuant ainsi à limiter les effets du réchauffement climatique. » 

Guillermo Corona, président, Reef Aquaculture Conservancy

« Nous reconnaissons également que l’atténuation du risque climatique et l’avancement de la transition vers la carboneutralité nécessitent une collaboration entre de multiples secteurs de l’économie. C’est pourquoi, par l’intermédiaire de notre Fonds Net Zero Research Fund, nous nous engageons à aider les principaux laboratoires d’idées et établissements d’enseignement canadiens et internationaux à prendre des mesures environnementales positives dans le cadre de leurs recherches », ajoute-t-elle.

« Nous sommes fiers de soutenir des organisations comme Reef Aquaculture Conservancy, dont les activités de recherche auront une incidence considérable sur la protection de nos océans et la transition vers une économie sobre en carbone. »

Grâce à la bourse du Fonds Net Zero Research Fund, Reef Aquaculture Conservancy lance son tout premier projet dans le cadre du Blue Ocean Credits Program (BOCP) : « Efforts de décarbonisation de la côte mésoaméricaine : Une approche innovante, intégrale et écosystémique ». Le BOCP permet aux organisations d’utiliser les crédits de carbone et de biodiversité obtenus par la restauration des mangroves et des herbiers marins pour financer la réhabilitation des récifs coralliens.

« Au Mexique, la mise au point de la technologie, des mécanismes financiers et des activités connexes nécessaires à la réhabilitation des récifs coralliens n’en est qu’à ses débuts. Il faut saisir cette occasion pour mettre en œuvre les nouvelles stratégies financières basées sur la nature qui émergent dans le monde entier », explique M. Corona.

Le projet de Reef Aquaculture Conservancy a pour but de protéger et de réhabiliter la barrière de corail mésoaméricaine de trois façons. Les retombées seront ensuite mesurées sur une période de trois ans. 

Volunteer pilot, Sylvio Roy

Photo crédit: Guillermo Corona

Il générera des crédits de carbone et de biodiversité en construisant une usine pilote dotée d’un four à haut rendement énergétique pour la production de produits agricoles, comme du biocharbon (utilisé pour réduire l’acidité des sols), des biofertilisants et des protéines de remplacement, à partir de la sargasse ainsi qu’en protégeant et en réhabilitant les dunes, les mangroves et l’herbier marin. Ces crédits seront ensuite utilisés pour installer jusqu’à sept modules d’aquaculture multitrophique intégrée AragoReef (IMARS) dans le récif corallien de Puerto Morelos d’ici octobre. Depuis plus d’une décennie, des pays utilisent des modules IMARS – des structures en carbonate de calcium créées à l’aide d’une imprimante 3D – pour augmenter la population d’organismes colonisateurs, créant ainsi des refuges pour les poissons, les mollusques et les crustacés.

« Les touristes et les habitants qui profitent des récifs peuvent également contribuer. L’une des principales actions que vous pouvez prendre est de participer à des projets de conservation durable », explique M. Corona. Il cite d’ailleurs un projet aux Bahamas, où les touristes paient 50 $ US pour positionner un module AragoReef pendant leur plongée en apnée. Il aimerait que ce modèle d’entreprise soit appliqué dans l’ensemble des Caraïbes.

Une autre façon d’aider est de choisir des poissons et fruits de mer certifiés et durables ainsi que d’éviter les produits en plastique, qui finissent souvent dans les océans. « Aujourd’hui, lorsque je plonge autour de Singapour, je vois des masques jetables et des tests COVID près des récifs coralliens. Ce serait formidable si vous optiez pour le bioplastique ou un autre matériau durable », affirme-t-il.

M. Corona se trouve actuellement à Singapour pour mettre en place un réseau international d’investisseurs et de responsables techniques afin d’aider son organisation à étendre ses projets à l’Asie du Sud-Est.

« En plus d’être une référence internationale pour les projets de décarbonisation, le Fonds Net Zero Research Fund incite les organisations à créer de nouvelles idées commerciales durables pour les communautés et les écosystèmes côtiers », déclare-t-il.

La période de présentation des demandes de bourse du Fonds Net Zero Research Fund de la Banque Scotia pour 2023 a récemment pris fin, mais les candidats peuvent se préparer à soumettre une proposition pour l’année prochaine (au printemps 2024). Pour obtenir plus de renseignements sur le Fonds Net Zero Research Fund de la Banque Scotia, veuillez nous écrire au netzeroresesarchfund@scotiabank.com