Le secret, c’est d’intégrer dès le départ les principes d’investissement durable à la gestion des placements.

C’est grâce à cette philosophie que Jarislowsky, Fraser Limitée (JFL) figure parmi les gagnants du premier Grand championnat canadien ESG, estime d’ailleurs le président et chef de la direction de JFL, Maxime Ménard.

« Notre processus et la manière dont nous intégrons les principes ESG dans toute notre plateforme de recherche expliquent notre victoire parmi la soixantaine de participants, et le fait que nous nous retrouvions parmi les trois meilleurs, explique M. Ménard. Nous avons investi de façon délibérée dans l’ESG en embauchant les bonnes personnes, en mettant assez d’énergie et d’argent en amont du processus et en nous assurant de l’intégration complète des critères ESG dans la recherche. »

Le Grand championnat canadien ESG a été créé par six fondations philanthropiques, un fonds de dotation universitaire et deux fonds fiduciaires privés qui voulaient montrer qu’il existe des capitaux importants en quête de stratégies d’investissement intégrant les critères ESG (environnemental, social et gouvernance) de façon transparente. 

Les neufs co-investisseurs avaient trois objectifs en tête pour ce concours, comme il est indiqué sur le site Web : « faire connaître les meilleures stratégies d’intégration ESG à la disposition des investisseurs canadiens, promouvoir publiquement les gestionnaires d’actifs démontrant une démarche d’intégration ESG rigoureuse et innovante et aider d’autres propriétaires d’actifs à prendre des décisions d’investissement conformes aux critères ESG et à leurs objectifs financiers. »

Les co-investisseurs se sont engagés à investir un total de 104,5 millions de dollars auprès de gestionnaires d’actifs qui présentent les approches d’investissement ESG les plus robustes dans les trois catégories suivantes : actions et titres à revenu fixe, actifs alternatifs, et multi-actifs. Les fonds ont été répartis entre les sept gagnants et JFL a reçu le mandat d’investir 25 millions de dollars dans la catégorie multi-actifs, ce qui représente presque le quart de l’enveloppe totale.

Pour M. Ménard, ce concours a donné l’occasion à Jarislowsky Fraser – une filiale en propriété exclusive de la Banque Scotia qui exerce ses activités comme une division distincte – de participer à un processus réfléchi et une discussion franche sur le concept ESG et de voir où JFL se situe comparativement à ses pairs.

« Nous nous sommes dit que peu importe le résultat, bon ou pas, au moins, nous saurions ce que nous devons améliorer. Et que si nous avions un bon résultat, nous saurions que nous avons fait du beau travail et que nous devons poursuivre dans cette voie. »

JFL fait la promotion d’une bonne gouvernance depuis longtemps. Son fondateur et ex-chef de la direction, Stephen Jarislowsky, a co-fondé la Coalition canadienne pour une bonne gouvernance (CCGG), un organisme représentant les grands investisseurs institutionnels et voué à promouvoir de bonnes pratiques de gouvernance dans les sociétés dont les membres détiennent des actions. M. Ménard siège au conseil d’administration de la CCGG en plus de présider le comité des finances et de la vérification. 

M. Ménard rappelle que, compte tenu de ces antécédents, il était tout naturel pour JFL de prendre la décision, il y a plusieurs années, de miser sur la recherche, les rapports et les solutions ESG pour ses placements.

« Il faut voir les choses d’un point de vue global. Quand on examine les entreprises d’un point de vue traditionnel et du point de vue ESG, on peut faire des placements sur la base de données plus complètes et nous croyons véritablement que cela mène à de meilleures décisions de placement à long terme », ajoute-t-il.

Le défi était de taille. La lettre « G » dans « ESG » – pour gouvernance – est relativement bien comprise depuis des décennies grâce entre autres à la réglementation plus stricte sur la divulgation, souligne M. Ménard, mais pour les lettres « E » et « S » – environnemental et social – c’est plus difficile. 

« Quand on se penche sur l’intégration des aspects environnementaux et sociaux dans les thèses de placement, c’est plus compliqué », explique-t-il.

« Il faut avoir de bons paramètres, de bonnes méthodes d’évaluation et de bons moyens pour en faire rapport. Et les entreprises doivent être outillées au niveau du conseil d’administration pour que ce dernier puisse orienter la direction sur le travail à faire pour atteindre les objectifs établis sur les aspects environnementaux et sociaux (lettres E et S), ou à tout le moins, pour cerner les occasions d’améliorations. »

L’idée n’est pas d’imposer des restrictions, affirme M. Ménard. Il est plus facile d’amener les entreprises à évoluer et à devenir plus responsable socialement, à aiguiser leur conscience environnementale ou à avoir une meilleure gouvernance quand on est un actionnaire de l’entreprise, puisque son opinion a une plus grande valeur et sa capacité à influer sur le cours des choses est plus grande.

« Nous sommes conscients que le milieu dans lequel les entreprises exercent leurs activités évolue constamment et qu’elles doivent rentabiliser leurs investissements, rappelle-t-il. Ce que nous tentons de faire, c’est de déterminer où l’entreprise se situe en matière d’ESG et de travailler avec elle en proposant des objectifs, des idées et des pratiques exemplaires pour que l’équipe de direction et le conseil d’administration comprennent que les actionnaires seront suffisamment patients, réactifs et solidaires afin que les changements adéquats soient apportés dans une perspective à long terme. »

Faire partie des gagnants du Grand championnat canadien ESG a seulement renforcé la détermination de JFL envers les principes ESG qui lui ont d’ailleurs valu de se classer dans l’une des positions de tête de ce concours.

« Vous ne pouvez jamais affirmer que vous faites partie des meilleurs tant que vous ne vous êtes pas comparé aux autres, souligne M. Ménard. Ce concours a vraiment aidé notre équipe à comprendre que tout le travail que nous avons fait se mesure avantageusement à celui de nos concurrents, pas seulement au Canada, mais partout dans le monde. »

« Si nous voulons demeurer un leader dans le marché ESG, nous devons continuer d’y investir, continuer d’utiliser les données liées aux facteurs ESG pour découvrir des éléments distinctifs, aider les entreprises dans lesquelles nous investissons à améliorer leurs pratiques en matière de durabilité et, au bout du compte, fournir les bonnes solutions à nos clients. »