Ryan Cramer a consacré sa vie à apprendre comment produire et vendre des légumes de la plus grande fraîcheur toute l’année et en plus, de manière durable. Après tout, les serres, ça le connaît; quand il était petit, il accompagnait son père au travail avant de devenir un de ses employés après avoir constaté la vie agréable que l’entreprise familiale permettait d’avoir.

Ryan Cramer, président de Big Marble Farms, raconte : « De tout temps, les agriculteurs se devaient de faire très attention aux coûts, car leur marge bénéficiaire était maigre et qu’ils devaient être en mesure de faire face aux années moins rentables. Cela illustre bien que l’efficacité se traduit en durabilité, parce que tout ce que vous faites pour réduire votre facture de chauffage, par exemple, contribue à réduire votre empreinte carbone. »

« Dans les années 90, on ne parlait pas de durabilité, mais en gardant le cap sur l’efficacité, notre entreprise était toujours durable », selon lui.

Au fil des années, Ryan a appris que même s’il était important de réduire son empreinte carbone, il ne devait pas pour autant négliger la rentabilité. « Tous les objectifs d’efficacité dans nos secteurs d’activité, qu’il s’agisse de main d’œuvre, de chauffage, de consommation d’eau et d’utilisation de fertilisants, accroissent notre durabilité », insiste-t-il.

Après avoir œuvré dans l’entreprise familiale pendant plusieurs années, Albert Cramer et Rick Wagenaar, respectivement père et oncle de Ryan, ont eu l’idée de mettre sur pied une serre qui produirait toute l’année et que Ryan dirigerait. County Fresh Farms, fondée en 2009, a rebaptisée Big Marble Farms quelques années plus tard. Cette même année, Ryan a épousé Brianne, qui faisait partie de l’équipe de direction dès le premier jour, en s’occupant au quotidien de la tenue de comptes et des ressources humaines.

« À l’époque, nous nous disions : “Voici un jeune homme qui s’intéresse à notre industrie, et nous devons innover et prendre de l’expansion dans de nouveaux espaces et de nouveaux marchés” ».  

Comptant 32 hectares, l’entreprise établie à Medicine Hat est la plus importante serre exploitée en Alberta. On y produit toute l’année des concombres miniatures, des concombres anglais, des tomates sur vigne, des tomates Beefsteak et des poivrons qui se retrouvent dans les rayons des principales épiceries de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba et de la Colombie-Britannique. Ryan soutient qu’il y a encore beaucoup de marge de manœuvre pour que l’entreprise prenne de l’expansion dans les marchés à l’ouest.  

Ryan Cramer Headshot

Photo: Ryan Cramer

Pour favoriser la croissance de Big Marble Farms et trouver d’autres façons d’être encore plus efficace, l’entreprise a changé d’institution financière en 2016, pour passer à la Banque Scotia. « Nous avons eu beaucoup de chance de bénéficier du soutien d’une équipe solide à la Banque Scotia qui comprend bien le domaine où nous œuvrons. Ce partenariat a été crucial pour notre entreprise », souligne-t-il. 

« La Banque Scotia a à cœur l’avenir de l’agriculture », rapporte Thomas Neufeld, premier directeur, Comptes nationaux, Services aux agriculteurs – Réseau canadien. « À titre de principal bailleur de fonds dans l’industrie agraire au Canada, notre équipe comprend parfaitement les hauts et les bas du secteur, étant donné que bon nombre de nos spécialistes ont de l’expérience dans le secteur agricole. Nous sommes fiers partenaires de Big Marble Farms; son utilisation de la technologie pour assurer une production en serre qui soit durable et rentable dans le sud de l’Alberta illustre à merveille à quel point l’industrie agricole canadienne a à cœur de nourrir les gens de manière responsable », conclut-il. 

Quand il est question de durabilité, Ryan estime que la culture en serre est une réussite. En effet, les agriculteurs arrivent à regrouper sous le même toit un ensemble de pratiques variées tout en cherchant à accroître leur efficacité d’une multitude de façons. Big Marble Farms se concentre sur les piliers clés de sa culture durable.

Chauffage et eau

En recourant à une méthode agricole consistant à suspendre ses plants un à deux mètres au-dessus du sol pour leur offrir un ensoleillement maximal et réduire les risques d’infestations, de champignons et de maladies, Big Marble Farms obtient les meilleures récoltes possible en n’utilisant pratiquement aucun pesticide et fongicide et en utilisant l’énergie plus efficacement.

Pour réduire les émissions de carbone associées au chauffage, l’entreprise se sert d’un système d’une efficacité presque totale qui capte le dioxyde de carbone et la chaleur produits par les fournaises et les stocke dans un réservoir d’eau chaude pour pouvoir les utiliser plus tard. Ainsi, explique Ryan, l’entreprise peut éteindre la fournaise pour la nuit, quand les plants ne consomment pas de CO2 et tirer la chaleur du réservoir. La fournaise pompe l’eau dans des milliers de kilomètres de tuyaux de chauffage à eau chaude par rayonnement, ce qui réduit les émissions de carbone et permet à l’entreprise de demeurer ultra-efficace durant les mois d’hiver. L’été, un système d’aération mécanique permet de rafraîchir les plants. 

Utilisant un procédé similaire, Big Marble Farms a recours à un système d’irrigation hydroponique pour recueillir l’eau de pluie, la neige qui s’accumule sur les toits en verre et le condensat des plants pour ensuite fournir aux plants la quantité précise d’eau fraîche et de nutriments dont ils ont besoin plusieurs fois par jour.

L’économie d’eau est énorme. Alors qu’il faut environ 60 litres d’eau pour produire un kilogramme de tomates de champ, Big Marble Farms obtient le même résultat avec moins de 15 litres. L’entreprise a pour objectif de réduire sa consommation à moins de cinq litres au kilogramme en intégrant de nouvelles technologies de pointe à son système de récupération de l’eau.

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Dans les années 90, on ne parlait pas de durabilité, mais en gardant le cap sur l’efficacité, notre entreprise était toujours durable.

Ryan Cramer, président de Big Marble Farms

Gestion intégrée de la vermine

Comme bien d’autres entreprises agricoles, Big Marble Farms a pratiquement éliminé le recours aux pesticides dangereux grâce à des insectes prédateurs, ou insectes bénéfiques, afin de contrôler de manière biologique les populations d’insectes nuisibles pour les récoltes.

« Nous n’utilisons les pesticides que si c’est absolument nécessaire et, généralement, c’est uniquement dans une zone très restreinte, par exemple pour maîtriser une infestation », raconte Ryan. « Nous avons des employés chargés de surveiller le ratio entre les insectes bénéfiques et les insectes nuisibles. Et quand il en manque un peu, ils en ajoutent, et nous regardons les insectes bénéfiques aller au combat pour nous. »

Emballage recyclable

Au cours des dernières années, Big Marble Farms a énormément investi dans le développement d’emballage durable et écologique pour ses produits. Elle s’est penchée sur tout : carton et de film faits de matières non blanchies et entièrement recyclables, encre à base d’eau et bols et plateaux compostables.

« Par notre démarche, nous cherchions assurément à éliminer le plastique, mais ça n’a pas été facile, parce que nous devions nous assurer que nos produits puissent se conserver en épicerie. Nous nous efforçons de trouver le juste équilibre entre ce qui est bon pour l’environnement et ce qui a du sens », ajoute Ryan.

« Par exemple, si les concombres ne sont pas emballés dans une pellicule plastique, alors que c’est habituellement le cas, ils perdent rapidement de leur humidité et ramollissent avant d’arriver dans les épiceries. En revanche, les tomates se conservent très bien dans un emballage en carton ou compostable, mais cette solution est plus coûteuse que le plastique », fait-il remarquer.

« La société doit s’y préparer, car les coûts doivent être partagés. Si le commerce de détail et les consommateurs donnent du leur, tout ira bien. »

Ryan termine ainsi : « Tout le monde devra payer plus et dans le contexte environnemental qui est le nôtre, sans oublier toutes les hausses que nous avons constatées dans l’après-pandémie, ce ne sera pas évident. »