Un investissement communautaire de 2,5 millions de dollars de la Banque permettra à plus d’immigrantes ayant reçu une formation professionnelle d’avoir une carrière enrichissante au Canada.

Dans l’espoir d’un avenir meilleur, les nouveaux arrivants viennent ici avec leur talent, les compétences et l’expérience qu’ils ont gagnés dans leur pays d’origine. Pour les professionnels formés à l’étranger, leur rêve est souvent brisé lorsqu’ils réalisent que leurs titres professionnels ne sont pas reconnus et que les récupérer est hors de prix avec un emploi faiblement rémunéré, selon le Moulin Microcrédits.

« Les immigrants et les réfugiés ont toujours souffert des barrières systémiques qui les empêchent de reprendre leur carrière au Canada », explique Claudia Hepburn, directrice générale du Moulin Microcrédits.

L’une des plus grandes barrières est le coût de réaccréditation, en plus du manque d’accès à du crédit abordable, lequel se base sur une cote de solvabilité qui se bâtit avec le temps, selon Mme Hepburn. « Il est sensé de vouloir s’assurer que les personnes qui occupent des professions réglementées aient les bonnes qualifications, mais c’est un double coup dur pour ceux dont les finances sont mises à mal. »

« Nous essayons d’aider autant de personnes que possible à mettre à profit leurs compétences, autant pour leur propre bénéfice que pour celui du Canada, car nous avons besoin de leur savoir-faire », ajoute‑t-elle.

Le Moulin offre des prêts à faible taux d’intérêt allant jusqu’à 15 000 $ aux immigrants ayant suivi une formation professionnelle à l’étranger, partout au pays, afin qu’ils puissent obtenir l’accréditation et la formation nécessaires pour travailler dans leur domaine. Depuis 2005, l’organisme de bienfaisance, financé par les secteurs public et privé, a aidé plus de 6 400 immigrants à se requalifier en tant que travailleurs de la santé, pharmaciens, architectes, ingénieurs et autres professionnels dont le Canada a besoin.

Le Moulin a rencontré un grand succès : sur son site Web, on y voit que le taux de chômage parmi ses clients est passé de 41 % à 7 % après qu’ils aient reçu un prêt et que les emprunteurs rapportent en moyenne un revenu triplé, selon la profession.

Grâce à un prêt du Moulin, Clodia Kanna, née en Syrie, a pu devenir ingénieure stagiaire, soit la première étape avant de pouvoir se qualifier comme ingénieure. Pendant son enfance, elle était consciente qu’elle devrait vivre dans l’ombre d’un homme qui la ferait vivre, mais cette notion détonnait avec son rêve de devenir ingénieure. Elle avait 19 ans lorsque son oncle lui a choisi un mari. Durant sa première année au baccalauréat en génie civil, son mari lui a demandé de quitter l’université pour s’occuper de la maison et faire la cuisine. Elle a refusé, mais a dû vivre avec la violence psychologique qu’il lui infligeait jusqu’à ce qu’elle réussisse à le quitter.

Souhaitant élever sa fille dans un pays où les femmes ont l’égalité et la liberté de tracer leur propre voie, Clodia a fait une demande à l’ambassade du Canada après ses études pour être acceptée en tant que travailleuse qualifiée. Le processus a duré sept ans pendant lesquels elle a accumulé de l’expérience comme dessinatrice et gestionnaire de projet pour un ministère du gouvernement syrien.        

 

Photo : Clodia Kanna a immigré au Canada depuis la Syrie en 2008 et est maintenant ingénieure.

En 2008, Clodia est arrivée au Canada avec sa famille, sans argent ni parrain. Peu après, elle a quitté son mari et entamé son parcours avec sa fille âgée de sept ans. Malheureusement, son fils a choisi de rester avec son père. C’est une fois arrivée au pays qu’elle s’est rendu compte que, malgré son diplôme et son expérience, elle ne pourrait pas trouver de travail dans son domaine sans améliorer son anglais et obtenir un permis d’ingénieur. En tant que mère monoparentale et réceptionniste de nuit dans un hôtel d’Edmonton, elle n’avait aucune idée d’où proviendrait l’argent. Comme elle n’avait pas d’antécédents de crédit ni de références canadiennes, un prêt bancaire était hors de portée, se rappelle celle qui était reconnaissante que ni l’un ni l’autre n’était requis pour recevoir le financement du Moulin.

« Les premières années ont été difficiles. Je faisais très peu d’argent et je pouvais à peine payer l’essentiel. Si ce n’était pas de ce prêt, je n’aurais jamais réussi à prendre les cours nécessaires à l’Université de l’Alberta et à ravoir mon titre. »

Elle a obtenu son titre en 2014 et travaille dans sa profession depuis. Elle est aussi en voie de compléter une maîtrise en administration des affaires en ligne à l’Université Canada West.

Pour ce qui est de sa fille, « elle m’a vue me démener et m’a souvent entendu dire qu’on pouvait très bien s’en sortir par nous-mêmes. À 19 ans, c’est une femme d’une très grande force. »

Pour aider le Moulin Microcrédits à étendre son programme, la Banque Scotia a fait un investissement communautaire record au montant de 2,5 M$. Ce don permettra de soutenir près de 2 000 immigrantes ayant une formation professionnelle et de leur offrir du mentorat professionnel et du soutien financier pour les trois prochaines années. Le don fait partie de ScotiaINSPIRE, l’engagement de la Banque à soutenir les programmes et les organisations qui aident les gens à améliorer leurs perspectives de scolarité et d’emploi.

« Nous sommes fiers de continuer à militer pour une augmentation de l’immigration et du soutien aux nouveaux arrivants », affirme Dan Rees, chef du Réseau canadien à la Banque Scotia. « Notre investissement de 2,5 M$ dans le Moulin Microcrédits est l’un des plus importants de son genre dans l’histoire du Canada. C’est une preuve de notre engagement continu à aider les nouveaux arrivants canadiens au moyen de ScotiaINSPIRE, une initiative de 500 millions de dollars sur 10 ans de la Banque visant à promouvoir la résilience économique des groupes défavorisés », ajoute-t-il.

Les femmes ont été durement touchées psychologiquement et économiquement par la pandémie, note Claudia Hepburn. Elle rappelle que lorsque les écoles ont dû fermer, la tâche est souvent revenue aux femmes de rester à la maison et que lorsque l’argent manque, ce sont généralement les femmes qui renoncent à leur carrière. « C’est un excellent moyen pour la Banque Scotia de montrer son soutien. »

Par sa riche tradition de dirigeantes – depuis sa fondatrice, Maria Eriksen, une psychologue clinicienne de Calgary ayant organisé les six premiers prêts qui ont aidé plusieurs professionnels de la santé formés à l’étranger, mais travaillant à l’entretien ménager de l’hôpital où elle pratiquait, à se requalifier; jusqu’à son conseil d’administration et sa haute direction – le Moulin s’assure que les femmes sont bien représentées dans son portefeuille, affirme Mme Hepburn.

Le plus grand défi du Moulin, c’est la promotion de son service. « C’est l’une des raisons pourquoi nous sommes si ravis du soutien de la Banque Scotia », confie sa directrice générale, en parlant du message sur le partenariat que la Banque Scotia fera afficher à quelque 4 500 guichets automatiques dans ses succursales et d’autres emplacements au Canada pendant le mois de juillet.

« Nous devons faire parvenir le message aux nouveaux arrivants au moment idéal, c’est-à-dire lorsqu’ils ont besoin du service, quelque part dans les cinq premières années. » Lorsque les nouveaux arrivants arrivent au pays, ils ont autre chose à penser, par exemple trouver un endroit où vivre, inscrire leurs enfants à l’école, trouver un emploi de survie et ouvrir un compte bancaire. Il est possible qu’ils ne réalisent pas combien cela leur coûtera de poursuivre leur carrière, ajoute-t-elle.

« Ça demande beaucoup de courage de se dire “Je vais réessayer, parce que je suis venu pour améliorer mon sort.” Pour la majorité d’entre nous, notre identité professionnelle est une grande partie de notre perception de soi, de ce que nous avons accompli, du respect de soi, et quand on nous le retire, ça peut être dévastateur », explique-t-elle.

C’est difficile, confirme Clodia, « mais vouloir, c’est pouvoir ».

« Je vois beaucoup d’immigrantes souffrir en silence. Elles ne veulent pas se lancer parce qu’elles ont peur du jugement de leur communauté, dans leur pays d’origine comme ici. Ce soutien réservé aux immigrantes peut les encourager à poursuivre leur carrière et à devenir financièrement indépendantes. »