Le Prix Nouvelle génération de photographes récompense cette année un photographe documentaire de Saint John, au Nouveau-Brunswick, un artiste-photographe de Toronto qui observe le monde sous un angle diasporique et un artiste de Vancouver qui façonne la compréhension sociale et politique par la photographie. Depuis quatre ans, le Prix récompense les artistes photographes canadiens de 35 ans et moins pour les aider à propulser leur carrière.

Les lauréats recevront chacun une bourse de 10 000 $ et participeront à deux expositions collectives l’an prochain : une exposition extérieure à l’Université Ryerson de Toronto durant le Festival de photo CONTACT Banque Scotia qui se tiendra du 30 avril au 3 octobre 2021, et l’autre au Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa à l’automne (si les conditions sanitaires le permettent). Ils bénéficieront du mentorat de l’équipe de conservateurs du Musée des beaux-arts du Canada et leurs œuvres seront incluses dans la programmation comprenant des rencontres avec les artistes, des expositions itinérantes et des programmes éducatifs. Les lauréats de 2020 et 2021 présenteront leurs œuvres simultanément dans ces expositions collectives.

« Bravo aux gagnants du Prix Nouvelle génération de photographes 2021 », souligne Laura Curtis Ferrera, chef du marketing à la Banque Scotia. « Chacun d’entre eux crée une œuvre importante et magnifique sur le monde qui les entoure. Nous sommes fiers de nous associer au Musée des beaux-arts du Canada pour propulser la carrière des jeunes artistes-photographes les plus prometteurs du pays. » 

Les gagnants

Photo : Dustin Brons, « Smoke », 2019, vidéo de 12 min. 32 s. Collection de l’artiste. © Dustin Brons. Vue d’installation, photo : Maximilian Schmoetzer

Portrait par Dustin Brons.

Dustin Brons: Jeune artiste de Vancouver, Dustin Brons travaille à recontextualiser du matériel existant du paysage urbain de sa ville pour représenter visuellement au moyen de photos, de vidéos et de textes, une interprétation socio-politique des changements climatiques et de l’embourgeoisement.

Lorsque Dana Claxton, professeure agrégée et directrice du département d’histoire de l’art, des arts visuels et de la théorie des arts visuels de l’Université de la Colombie-Britannique, a présenté la candidature de Dustin Brons pour ce prix, elle a souligné ceci : « Un aspect fascinant de son travail, c’est qu’il [Dustin Brons] se sert de Vancouver comme d’un sujet, plutôt que d’un décor à la beauté naturelle, et qu’il transforme les paysages en y ajoutant des couches d’encadrement conceptuel, des images trouvées et, parfois, des images de mauvaise qualité ».

L’œuvre Smoke (C.-B., 2017-2018) en est un parfait exemple. Il a créé une vidéo, ou un diaporama, pour dénoncer les changements climatiques, en se servant d’une multitude d’images tirées des réseaux sociaux pour représenter le paysage urbain enfumé de Vancouver à l’époque où des incendies record ravageaient la côte ouest.

Dustin Brons ne considère toutefois pas l’appropriation urbaine comme le faisaient les artistes des années 70 ou 80. « Cette façon de faire était en quelque sorte radicale et un élément central de leur œuvre », a-t-il confié à Perspectives. « J’emploie la même stratégie artistique surtout parce que c’est la façon la plus directe et la plus économique de traiter d’une question importante. »

Dustin Brons est titulaire d’une maîtrise en beaux-arts de l’Université de Californie à San Diego et d’un baccalauréat en beaux-arts de l’Université de la Colombie-Britannique, et il a récemment participé au programme d’études indépendantes du musée Whitney.

Photo : Chris Donovan, « Objects in Mirror », 2019, impression à jets d’encre. Collection de l’artiste. © Chris Donovan

Portrait par Giovanni Capriotti.

Chris Donovan : Chris Donovan est un artiste-photographe qui vit à la fois à Toronto et à Saint John, d’où il est originaire. Son plus récent projet, The Cloud Factory, (photo couverture : Chris Donovan, Dog with Pipeline, 2019, impression à jets d’encre. Collection de l’artiste. © Chris Donovan) raconte la vie dans une collectivité dont la survie dépend d’une industrie nuisible. « C’est, en quelque sorte, une lettre d’amour à ma ville natale », a confié Chris Donovan dans une entrevue à Perspectives.

Il poursuit en disant : « La tendance, chez les photographes préoccupés par l’environnement, consiste à représenter les effets de la pollution sur l’humanité dans son ensemble et sur la planète. À Saint John, cité ouvrière à l’économie monopolisée, je photographie de vraies personnes touchées par une industrie ayant des effets nocifs sur le plan environnemental ».

Photojournaliste de profession, Chris Donovan dit qu’il a délaissé le journalisme pour l’art, en partie parce qu’il trouvait difficile de parler de manière succincte d’enjeux importants sans tisser de liens avec les gens et sans consacrer des années à apprendre à les connaître.

Son travail a été reconnu par World Press Photo, Pictures of the Year International, Sony World Photography, The Alexia Foundation et l’Association des photographes de presse du Canada. Il a remporté le Concours canadien de journalisme en plus d’être nommé photojournaliste canadien de l’année en 2017 et en 2018. Ses photos ont été publiées notamment dans le New York Times, le Globe and Mail, le magazine Maclean’s, le Washington Post et sur ESPN. Des photos de son œuvre photographique The Cloud Factory, réalisées à Saint John, ont été publiées dans les revues Canadian Art et PhotoEd, en plus d’être présentées dans des expositions individuelles et collectives au Canada et aux États-Unis.

Donovan est ravi d’avoir la chance de participer à l’exposition à Toronto, car il pourra faire connaître un volet de l’histoire de sa ville à un public plus vaste.

« Il va de soi que le Musée des beaux-arts du Canada est l’une des principales scènes artistiques au pays. Je réalise un rêve en y exposant mes œuvres », a-t-il ajouté.

 

Photo : Dainesha Nugent-Palache, « Angaer », 2016, impression à jets d’encre. The Wedge Collection, collections privées. © Dainesha Nugent-Palache

Portrait par Dainesha Nugent-Palache.

Dainesha Nugent-Palache : depuis qu’elle a fait de son intérêt pour la photographie une véritable carrière artistique, cette Torontoise s’efforce de peaufiner son style. Son œuvre, qui comprend aussi bien des portraits de femmes africano-caribéennes que des natures mortes traditionnelles des Caraïbes, comporte des éléments propres à sa communauté avec des touches de séduction et de beauté.

« J’ai commencé à faire des natures mortes en essayant de trouver ce qui m’intéressait et en tentant de moins me concentrer sur l’image identitaire », a confié Dainesha Nugent-Palache à Perspectives. « Je me suis alors rendu compte que mes œuvres portaient quand même sur l’identité, même si personne n’y figurait ».

Dainesha Nugent-Palache est titulaire d’un baccalauréat de l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario et elle a participé à de nombreuses expositions, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Dans sa série sur les artistes au temps de la COVID, le réseau CBC s’est aussi intéressé à son expérience à titre d’artiste. Dainesha Nugent-Palache est une membre fondatrice de The Plumb, un groupe d’artistes, d’auteurs et de conservateurs de Toronto. Ses œuvres font partie de la collection The Wedge, de la collection de la Banque Scotia et de collections privées.

Elle considère le Prix Nouvelle génération de photographes 2021 comme une façon de faire connaître son travail à un plus vaste public. « Je trouve qu’exposer au Musée des beaux-arts du Canada, c’est du sérieux », conclut-elle.

Les lauréats ont été sélectionnés parmi les finalistes par le jury du Prix Nouvelle génération de photographes 2021 composé comme suit : Andrea Kunard, conservatrice adjointe de photographie, Musée des beaux-arts du Canada et présidente du jury, Noah Friebel, artiste et lauréat du Prix Nouvelle génération de photographes 2020, Lorraine Gilbert, directrice, département des arts visuels, Université d’Ottawa et Shelley Niro, artiste et lauréate du Prix de photographie Banque Scotia 2017.