Pour Anora Lia Collier, la préparation d’un plat commence souvent par les trois sœurs, qui sont au cœur de la cuisine traditionnelle de son peuple. Les premiers Hurons-Wendats, la Première Nation dont elle fait partie, étaient des agriculteurs, dont la subsistance reposait sur la culture du maïs, de la courge et des haricots, les trois plantes qui constituent les trois sœurs.

Membre de la communauté huronne-wendate, Mme Collier est cheffe à Wendake, près de la ville de Québec. Elle a toujours été profondément influencée par ces traditions culinaires. Bien qu’elle ne soit pas strictement végétarienne, puisque la chasse et la pêche font également partie des coutumes de la communauté, une grande partie de sa cuisine est composée de légumes, de fruits, de plantes et de graines qui poussent à proximité.

« La cuisine autochtone est généralement simple, constituée uniquement de produits locaux, souvent de quelques ingrédients seulement, mais elle est aussi destinée à rassembler les gens, explique Mme Collier. Simple, mais vraiment, tellement délicieuse. »

Mme Collier présentera la cuisine de son peuple lors d’un atelier gratuit présenté par Mordu, le site Web de Radio-Canada consacré à la gastronomie, dans le cadre de Montréal en Lumière, un festival hivernal qui se déroule du 16 février au 5 mars avec le soutien de la Banque Scotia. Le festival, qui en est à sa 24e édition, se tient au centre-ville de Montréal et propose des activités de plein air pour les enfants et les adultes, des spectacles, des installations artistiques et, surtout, des événements gastronomiques.

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Notre partenariat avec Montréal en Lumière nous permet de soutenir les créateurs qui contribuent grandement à la vitalité culturelle et économique de Montréal

Geneviève Brouillard, première vice-présidente, Québec et Est de l’Ontario

En plus de regrouper plus de 40 restaurants locaux qui offriront des menus exclusifs, le volet gastronomique, présenté par Gestion de patrimoine Scotia, mettra de l’avant des producteurs du terroir québécois qui proposeront de nombreux produits locaux,  des flocons de sel spéciaux aux champignons sauvages et bien plus encore, des dégustations en tous genres et des ateliers thématiques, dont plusieurs mettant en valeur les cuisines des communautés autochtones du Québec.

Toutes les activités gratuites se tiendront au Quartier Gourmand, à l’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme, de la Place des Arts, selon le principe du premier arrivé, premier servi.

« Notre partenariat avec Montréal en Lumière nous permet de soutenir les créateurs qui contribuent grandement à la vitalité culturelle et économique de Montréal, dit Geneviève Brouillard, première vice-présidente, Québec et Est de l’Ontario. Nous sommes également fiers de nous associer à sa programmation gastronomique, qui réunit une multitude de chefs issus de différentes cultures. »

Mme Collier présentera son atelier en compagnie de sa mère, l’artiste Line Gros-Louis, du chef Amine Laabi, de Mordu, et d’Isabelle Picard, ethnologue, écrivaine et conférencière, également originaire de Wendake. Mme Collier prévoit concocter deux plats : une soupe aux graines de tournesol, qu’elle décrit comme simple mais délicieuse et peu connue, ainsi qu’une salade composée de riz sauvage et de fruits séchés.

Ayant grandi auprès d’une mère qui était elle-même une cuisinière de talent, Mme Collier a développé très tôt une passion pour les arts culinaires. Adolescente, elle préparait des repas raffinés avec ses amis et, après ses études secondaires, elle s’est inscrite au CEGEP de Limoilou en gestion de services alimentaires et en restauration pour finalement parfaire ses connaissances à l’Université Laval en 2015 dans le domaine. Elle a ensuite travaillé dans des restaurants et des gîtes touristiques, puis a dirigé un service traiteur.

« La cuisine européenne m’a beaucoup influencée, et cela se reflète dans ce que je fais. Si je prépare une recette plus traditionnelle, issue de ma culture, quelque chose de simple, je peux incorporer certains de ces éléments venus d’ailleurs, à condition qu’ils ne soient pas incompatibles avec la recette ou les ingrédients. »

« Je vais donc jouer avec ces influences, sachant que la barre est placée très haute en ce qui concerne la nourriture; les gens veulent découvrir de nouveaux produits, de nouvelles saveurs, de nouvelles recettes. Je veux m’inspirer d’ici et d’ailleurs. Cela ne fait qu’enrichir notre culture, qui est vivante, et non stagnante ou figée. J’aime vraiment tester beaucoup d’idées et d’approches différentes. »

Le peuple huron-wendat vivait à l’origine sur les rives des Grands Lacs, où la pêche et la chasse complétaient les aliments de base issus de la culture des trois sœurs. La Première Nation est désormais concentrée à Wendake, mais ces traditions se perpétuent.

« Le petit gibier et le poisson occupaient également une place importante dans l’alimentation » ajoute Mme Collier. « Ils font toujours partie de la culture, de nos vies. Mon grand-père nous emmène encore à la chasse, et je pêche avec mon fils. »

Mme Collier est maintenant cheffe dans un établissement de soins de longue durée,  ainsi que dans une ressource intermédiaire et une popote roulante, où elle dit avoir « l’honneur de servir les personnes âgées de sa communauté ».

Par ailleurs, elle s’implique activement dans la préservation de sa culture par l’entremise du Musée Huron-Wendat, à Wendake. Elle siège au conseil d’administration du musée, dont la mission est de protéger le patrimoine de son peuple et de faire connaître les richesses culturelles de la Première Nation. Le musée abrite une collection permanente d’artefacts, des expositions temporaires, ainsi que la maison longue nationale Ekionkiestha’, qui ajoute une dimension immersive à l’expérience des visiteurs.

« C’est un endroit magique, merveilleux, dit Mme Collier. Mon cœur est là, parce que la culture est très importante pour moi; il faut la faire découvrir, la transmettre, la démystifier. »

Le musée et la communauté ont toujours accueilli de nombreux touristes d’Europe, mais Mme Collier affirme que les Québécois et les Canadiens s’intéressent de plus en plus aux cultures autochtones.

« Je suis très touchée de voir que les gens veulent en savoir plus sur notre culture, sur notre histoire. Et je veux aider à la faire connaître de toutes les façons possibles. »

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Voici les autres participants à l’horaire le 25 février :

Daniel Picard, Les épices du guerrier (The Warrior Blends)
De 14 h 30 à 15 h 15
Parcourant le territoire autochtone québécois depuis plus de trente ans en quête de saveur, Daniel Picard a tissé des liens solides avec de nombreuses communautés, souvent autour d’un bon repas. Lui-même d’origine huronne, il a longtemps rêvé de créer un lien gastronomique entre les différents terroirs des Premières Nations. De ce rêve est né Les Épices du Guerrier. S’étant fait connaître avec l’emballage unique de son produit phare – une bûche cadeau contenant son premier mélange d’épices –, la jeune entreprise a depuis diversifié son offre avec le mélange Tomahawk, le poivre boréal au bacon ou encore la sauce piquante La Scorbut, tous inspirés du terroir autochtone local.

Cheffe Lysanne O’Bomsawin
De 17 h à 17 h 45
Depuis plus de 10 ans, au sein de la communauté abénakise d’Odanak, en Mauricie, la cheffe Lysanne O’Bomsawin met à l’honneur les traditions culinaires de son peuple. Dans le cadre de Montréal en Lumière, elle animera un atelier sur les traditions culinaires autochtones

Jacques T. Watso
De 18 h 15 à 19 h.
Membre élu du Conseil des Abénakis d’Odanak, leader communautaire, membre fondateur de la troupe de percussions Tambour Flying Sturgeons et du groupe de chanteurs Aw8ssisak Akik, Jacques T. Watso est très impliqué auprès de sa nation et de sa culture. Il préparera la Sagamité Watso, une recette de soupe ancestrale issue du patrimoine culinaire des Abénakis d’Odanak à base de neuf variétés de haricots et de maïs lessivé accompagnés de viande de cerf rouge certifié.


Quartier Gourmand présenté par Mordu - Place des Arts, Espace culturel Georges-Émile-Lapalme
175 Sainte-Catherine Ouest
Métro : Place-des-Arts