Un rapport des Études économiques de la Banque Scotia observe que le budget du Québec déposé cette semaine témoigne des ravages de la pandémie sur les finances de la province; en effet, le budget prévoit une augmentation des dépenses d’infrastructures pour relancer l’économie et prend en compte la fin de l’aide ponctuelle d’Ottawa en réponse à la pandémie.

« Avant que le virus ne frappe, le gouvernement provincial se trouvait dans une situation enviable, affichant des excédents stables et un ratio de la dette par rapport au PIB en baisse depuis sept ans et en voie de se poursuivre pour l’avenir prévisible », souligne Marc Desormeaux, économiste principal à la Banque Scotia.

Aujourd’hui, ajoute-t-il, le Québec doit composer avec un déficit budgétaire record pour 2021, un ratio de la dette par rapport au PIB de sept à huit points supérieur à ce qu’il était avant la pandémie sur l’ensemble de l’horizon de planification fiscale et un retour à l’équilibre budgétaire reporté à la fin de la décennie. Le gouvernement fait état d’un « manque à gagner » à long terme de 6,5 milliards de dollars dû au traumatisme économique de la COVID-19 et aux dépenses qui s’en sont suivi, manque à gagner qu’il entend combler d’ici 2028.

Le rapport souligne que le budget québécois prévoit un surcroît de dépenses de 7 milliards de dollars par rapport au plan précédent pour 2022, surtout pour endiguer les répercussions de la COVID-19 et relancer l’économie. En santé, les fonds serviront à augmenter les salaires des travailleurs essentiels, à engager de la main-d’œuvre, à acheter de l’équipement de protection individuelle et à déployer la vaccination. Le plan prévoit également des fonds pour l’Internet haute vitesse partout au Québec, des crédits d’impôt pour l’adoption de technologies de numérisation, une aide sectorielle stratégique – notamment pour le tourisme – et une meilleure intégration des immigrants qualifiés.

« Nous approuvons l’idée d’augmenter les dépenses d’infrastructures pour stimuler la relance », note M. Desormeaux dans son rapport. Il rappelle que le budget vient préciser l’ampleur de l’accélération des dépenses d’investissement que le gouvernement avait déjà annoncée. Ces dépenses devraient atteindre leur sommet en 2024, soit 16,5 milliards de dollars allant prioritairement aux écoles, aux résidences pour personnes âgées, aux hôpitaux, au réseau routier et aux infrastructures de transport en commun.

Il va sans dire que le transfert unique de 7 milliards de dollars pour couvrir les coûts des soins de santé et des projets d’infrastructures, annoncé le 25 mars, contribuera à compenser la diminution des paiements de transfert. Néanmoins, le Québec s’attend à ce que sa solide performance économique par rapport à la majeure partie du pays fasse passer sa part des paiements de péréquation de 64 % en 2021 à 53 % en 2026.