Jean-François Perrault – 7 juin 2016
Remarques de Jean-François Perrault, premier vice-président et économiste en chef, présentées au Comité permanent du commerce international de la Chambre des communes – Consultation publique sur l’accord du Partenariat transpacifique (PTP), à Ottawa (Ontario).
7 juin 2016
Bonjour. Je suis heureux d’être ici pour parler du Partenariat transpacifique (PTP).
Banque canadienne internationale, la Banque Scotia exerce des activités dans neuf des 12 pays du PTP, ainsi que dans 46 autres pays. À nos yeux, le libre échange est essentiel au mieux être économique du Canada. Nous sommes une nation commerciale. Nos perspectives économiques dépendent étroitement de la vigueur économique de nos principaux partenaires commerciaux, ainsi que de l’accès qu’ils nous donnent à leurs marchés. À l’heure actuelle, environ 75 % de nos exportations sont destinés aux États Unis. Il va de soi que même si ce chiffre révèle la forte intégration de l’économie nord américaine, il signifie par contre que les exportations, en étant si massivement concentrées dans un seul pays, comportent nécessairement certains risques, ce qui freine les perspectives économiques.
À notre avis, le PTP accroît considérablement les perspectives commerciales offertes aux entreprises canadiennes. Il leur donne un accès privilégié à des marchés représentant 800 millions de personnes. S’ils étaient mis en œuvre, le PTP et l’Accord économique et commercial global (AECG) feraient du Canada l’économie développée qui aurait le plus vaste accès privilégié à ces marchés, ce qui est exceptionnel, ne serait-ce qu’en raison des perspectives commerciales ainsi offertes à nos entreprises; or, il s’agit aussi d’un puissant facteur d’attraction pour l’investissement étranger. Il y a quelques semaines, en Corée, j’ai pris la parole devant des investisseurs coréens. Ils ont tous été impressionnés quand je leur ai expliqué ces atouts. En s’installant au Canada, ils auraient, eux mêmes et les entreprises de n’importe quel autre pays, un accès privilégié aux marchés nord américains, asiatiques et européens si le PTP et l’AECG étaient mis en œuvre. En plus de notre main d’œuvre hautement qualifiée et de la facilité avec laquelle on peut faire affaire au Canada par rapport à nos principaux concurrents, notre pays est, grâce à ces pactes commerciaux, beaucoup plus attrayant pour les investisseurs étrangers qui veulent y lancer et développer des entreprises.
La mise en œuvre des accords de libre échange permet aussi de diversifier nos marchés exportateurs. Comme je l’ai indiqué, nos exportations sont massivement concentrées aux États Unis, ce qui est normal, compte tenu de nos frontières géographiques, de nos similitudes culturelles et de l’Accord de libre échange nord américain. Toutefois, s’en remettre aussi massivement à un seul partenaire est un peu risqué. Car nous devenons, dans une certaine mesure, captifs de l’évolution de l’économie américaine. Cette affirmation, bien qu’elle se vérifie pour la plupart des pays, est encore plus vraie pour le Canada, compte tenu de l’importance des États Unis pour l’économie mondiale. Il nous faut donc absolument diversifier nos marchés exportateurs, réduire notre dépendance à l’endroit d’un même pays, mais aussi nous assurer que nous avons accès aux pays qui se développent plus rapidement que les États Unis, ce qui est le cas de la quasi totalité des marchés émergents dans le cadre du PTP.
Enfin, et il s’agit de l’aspect de la libéralisation des échanges commerciaux contre lequel certains s’insurgent, cela accroît la pression concurrentielle qui pèse sur nos entreprises canadiennes, ce qui est fondamentalement sain. Les entreprises canadiennes se sont déjà adaptées à la pression concurrentielle et continuent de le faire. C’est notre ADN comme nation commerciale. Le Forum économique mondial considère que le Canada est l’une des économies les plus concurrentielles dans le monde. Selon une étude récente de KPMG, les coûts de la main-d’œuvre au Canada sont les plus faibles de toutes les économies du G7. Toujours selon le Forum économique mondial, le Canada est bon premier du G7 pour la qualité de l’éducation et possède le système financier le plus sain dans le monde. Tous ces faits laissent entendre que les entreprises canadiennes sont en mesure de s’adapter aux nouvelles pressions concurrentielles et surtout, de conquérir une part des nouveaux marchés.
Il va de soi que plus la pression concurrentielle est forte, plus il faut innover et être productif. Ces deux éléments sont essentiels à la vigueur à long terme de notre économie et à la hausse de notre qualité de vie.
Du point de vue de la Banque Scotia, cet accord place toutes les entreprises de services financiers sur un pied d’égalité dans les pays du PTP. Autrement dit, les marchés des pays du PTP seront aussi accessibles aux banques canadiennes qu’aux autres banques étrangères. C’est important pour nous, puisque cela nous permettrait d’aider notre clientèle canadienne et internationale à profiter pleinement des perspectives offertes par le PTP.
Permettez moi d’insister pour dire que les raisons pour lesquelles nous sommes favorables au PTP ne se résument pas à de simples motifs d’intérêt pour nous. La capacité de répondre aux besoins de nos clients est bien entendu importante à nos yeux. Or, les intérêts économiques de notre pays sont prépondérants. Grâce au PTP et à l’AECG, l’accessibilité des marchés s’accroît significativement pour les entreprises canadiennes et le Canada devient une destination plus attrayante pour les investisseurs. Nous en récolterons les fruits à long terme, même si certains sous secteurs de notre économie auront sans doute du mal à s’adapter à la pression concurrentielle plus forte.
Il existe des estimations des retombées du PTP sur notre économie. Ces retombées sont généralement modestes. Nous n’avons pas les modèles permettant d’en calculer les effets à la Banque Scotia, mais il semble que leur évaluation soit vraisemblable. Il faut signaler que financièrement, nous regretterons de ne pas participer à ce pacte. Ces inconvénients sont modestes, eux aussi, mais les avantages militent fortement en faveur de la participation au PTP. On s’attend aussi à ce que le PTP s’étende, progressivement, à d’autres pays, ce qui rehausserait les aspects avantageux de ce pacte.
Il faut dire que les estimations des retombées du PTP ne tiennent pas compte de la possibilité que des entreprises veuillent installer au Canada leur base de production, compte tenu de notre situation géographique et de notre accès privilégié aux marchés. Nous n’avons pas d’estimation de ce que cela pourrait représenter, mais il va de soi que ces retombées ne devraient pas être négligeables.
Les estimations modélisées des retombées du PTP ne tiennent pas compte non plus des incidences potentielles de l’intensification de la concurrence sur l’accroissement de la productivité au Canada. Il s’agit également d’un facteur qui pourrait améliorer notre qualité de vie à plus long terme.
Je vous remercie de votre attention. Je serais heureux de répondre à toutes les questions du Comité.