Allocution de Brian Porter - 12 février 2016
Allocution de Brian Porter prononcée au Canadian Club de Toronto
Perspectives à long terme : pour y voir plus clair
Allocution de Brian Porter
Président et chef de la direction, Banque Scotia
Canadian Club de Toronto
Toronto (Ontario)
Le 12 février 2016
Merci, Dany Assaf, pour cette belle présentation.
Et merci à tous pour l’accueil chaleureux.
Je suis très heureux d’être ici.
Au début de la semaine dernière, Larry Fink, président et chef de la direction de BlackRock, le plus gros gestionnaire d’actifs au monde, a adressé une lettre aux dirigeants des plus grandes entreprises de la planète.
J’ai tellement aimé cette lettre que je l’ai montrée au conseil d’administration et à toute l’équipe de la haute direction de la Banque Scotia.
Une stratégie intelligente et tournée vers l’avenir, c’est exactement ce sur quoi nous misons en vue de bâtir une banque encore meilleure
Toutes les entreprises ont besoin d’une vision à long terme.
J’ajouterais aussi qu’il en est de même pour tous les paliers de gouvernement, surtout en période de volatilité économique.
C’est donc dans ce contexte que j’aimerais remercier le Canadian Club de me donner la chance :
Premièrement, d’expliquer la vision d’avenir de la Banque Scotia de bâtir une banque encore meilleure, et…
Deuxièmement, de souligner la nécessité d’adopter des politiques judicieuses qui vont favoriser la croissance à long terme du Canada. Commençons par planter le décor.
Il y a bientôt dix ans, la planète était secouée par la crise financière mondiale. L’économie en subit encore les contrecoups.
Aujourd’hui, on constate qu’un écart fondamental sépare les marchés financiers et l’économie réelle.
Cet écart est préoccupant dans la mesure où il met en péril les entreprises et mine la confiance des consommateurs.
Tout d’abord, parlons de la dynamique des marchés
Du côté du pétrole, les prix fluctuent, aujourd’hui plus que jamais, en fonction de facteurs géopolitiques.
Cette situation ne fait que perturber les marchés à grande échelle.
En ce qui a trait aux banques centrales et aux gouvernements, on réagit à la faible croissance de différentes façons, notamment par :
- des stimulants financiers,
- des mesures d’assouplissement quantitatif, et
- des taux d’intérêt négatifs.
Ces politiques, en particulier les taux d’intérêt négatifs, représentent un défi pour les banques commerciales, qui ont pour rôle d’atténuer le gros des chocs en plus de stimuler et de soutenir la croissance économique.
L’incertitude économique provoque également une fuite marquée vers la qualité, et les investisseurs se réfugient dans les obligations à un point qui ne s’était pas vu depuis des dizaines d’années.
L’ensemble de ces facteurs explique l’importante volatilité et nervosité des marchés.
Bien entendu, les chefs d’entreprise et les consommateurs remarquent tout cela. Et les médias n’arrangent rien avec leurs cris d’alarme et leurs annonces prématurées de récession.
Et le cycle négatif se poursuit.
Les Canadiens constatent que le baril de pétrole se négocie à 27 dollars.
Ils remarquent que le dollar est à son niveau le plus bas en dix ans.
Petit à petit, la confiance s’effrite et les consommateurs dépensent moins.
Petit à petit, la confiance s’effrite et les consommateurs dépensent moins.
Elles cessent d’embaucher du personnel.
Et, puisqu’elles ne sont plus en mode croissance ou innovation, l’activité économique se détériore.
Cette croissance au ralenti ne fait qu’accroître l’anxiété des investisseurs, et la roue continue de tourner.
Pourtant – et voilà où je veux en venir –, la vraie économie, quant à elle, connaît une croissance, bien que modeste.
You would never know it watching global financial markets in the last two months.
Earlier this week, I met with some of Scotiabank’s customers with operations throughout North America and around the globe.
They told me that their businesses are performing well.
They’re investing in their businesses and in new technology.
They’re hiring new employees.
Difficile à croire si on se fie à ce qui se passe sur les marchés financiers mondiaux depuis deux mois!
Plus tôt cette semaine, j’ai rencontré quelques clients de la Banque Scotia qui mènent des activités partout en Amérique du Nord et autour du monde.
Ces clients m’ont dit que les affaires allaient bien.
Ils investissent dans leur entreprise et dans de nouvelles technologies.
Ils recrutent du personnel.
Et, de façon générale, ils sont confiants dans l’avenir.
Il y a également de bonnes raisons de penser que l’économie canadienne est en pleine transition et se diversifie de plus en plus.
Les résultats sont bons du côté des exportations.
Je crois que l’industrie et les gouvernements peuvent contribuer à accélérer la transition économique du Canada en investissant dans l’innovation, en contrôlant judicieusement les dépenses et en stimulant la concurrence.
Il est important de dépasser l’incertitude actuelle et d’agir pour favoriser le succès de nos entreprises et de notre pays.
À la Banque Scotia, notre stratégie nous place en bonne position pour réussir.
Nous avons élaboré un plan complet pour devenir une banque encore meilleure dans le contexte économique actuel, mais aussi à long terme.
Grâce au numérique, la Banque élimine petit à petit les obstacles à la prestation constante d’une expérience client remarquable.
Cela se fait de différentes façons un peu partout à la Banque, comme en témoigne notre nouvel énoncé de mission.
En effet, dans le cadre de notre virage numérique, nous avons récemment dévoilé notre nouvel énoncé de mission au cours d’une discussion en ligne avec l’ensemble de notre personnel, qui compte près de 90 000 employés.
Cet énoncé est un mécanisme puissant capable de rallier les BanquiersScotia autour d’une devise commune :
« Nous croyons que chaque client a le droit d’améliorer sa situation. »
Chaque décision repose sur cette ferme conviction.
Par exemple, en ce qui a trait aux services bancaires en ligne et mobiles, nous voulons offrir à nos clients la meilleure expérience qui soit.
Nous misons sur nos employés et bâtissons une équipe de direction plus solide qui reflétera davantage la diversité de notre clientèle et de notre personnel.
Nous investissons aussi dans de nouveaux créneaux, dans des fonctionnalités numériques et dans l’amélioration de la productivité afin de réaliser des économies structurelles.
Enfin, nous réorientons nos activités en vue de consolider les relations avec tous nos clients.
À titre d’exemple, notre secteur des paiements connaît une excellente croissance, attribuable en grande partie aux clients actuels de la Banque Scotia.
Chacune de ces priorités est primordiale à notre succès à long terme.
Mais comme je ne veux pas trop m’étendre aujourd’hui, je ne vais en aborder qu’une seule en profondeur : notre transformation numérique.
L’accélération constante des progrès technologiques a d’importantes répercussions sur toutes les industries et tous les secteurs de l’économie.
Pour suivre le rythme de ces progrès, la Banque a adopté une stratégie fort intéressante.
Tout d’abord, en 2012, nous avons eu la prévoyance d’acquérir ING DIRECT Canada, qui allait devenir Tangerine.
Il s’agit de la plus grosse acquisition de l’histoire de la Banque et, à mon avis, de l’une des plus importantes.
Tangerine a commencé en tant que banque axée sur l’épargne offrant un petit nombre de produits, mais présentant un immense potentiel.
Aujourd’hui, nous la développons pour qu’elle réponde à des besoins bancaires courants tout en offrant une large gamme de produits numériques novateurs et axés sur le client.
Nous sommes notamment très emballés par notre système interactif de reconnaissance vocale, qui permet d’identifier facilement et rapidement les clients simplement par le son de leur voix.
Grâce à un échange de seulement quelques secondes, le Centre de contact peut identifier un client sans demander de NIP ou de mot de passe ni poser de question de sécurité.
Cela nous permet également de réduire les risques de fraude.
Nos clients y gagnent – et nous aussi. .
Ce genre d’innovations explique pourquoi Tangerine est largement reconnue pour son expérience client de première qualité.
En fait, depuis quelques années, Tangerine se classe en tête de toutes les banques canadiennes à l’étude de satisfaction des clients de JD Power.
Je suis également fier de vous dire que la convivialité de Tangerine est reconnue même à l’extérieur du pays.
Lors d’un récent voyage d’affaires en Europe, j’ai surpris une conversation entre deux dirigeants de banques internationales.
Ils parlaient de la facilité avec laquelle on peut ouvrir un compte chez Tangerine, et ils auraient aimé que leur banque soit aussi flexible.
Cette expérience m’a rappelé toute l’importance stratégique de Tangerine pour la Banque Scotia.
Elle m’a aussi rappelé que Tangerine – qui compte déjà deux millions de clients – est bien placée pour acquérir une bonne partie des quelque 12 millions de Canadiens prêts à effectuer leurs opérations bancaires principalement par les canaux numériques.
On ne peut pas non plus passer sous silence le lancement de l’Usine numérique.
La Banque Scotia fait déjà appel à des développeurs, à des concepteurs d’expérience client, à des ingénieurs et à des spécialistes de données pour créer des solutions numériques visant à réduire les obstacles rencontrés par les clients dans de nombreux domaines, notamment :
- les prêts hypothécaires,
- les opérations bancaires courantes,
- les prêts aux petites entreprises, et
- les cartes de crédit.
Nous comptons offrir la meilleure intégration des clients et le meilleur service sur le marché, sans compromis.
Nous avons notamment amélioré de beaucoup le processus de demande de carte de crédit en lignepour les nouveaux clients, qui prend maintenant à peine deux minutes.
De plus, nos clients ont déjà accès à une panoplie d’options pour gérer leurs cartes, dont :
- une demande d’augmentation de limite de crédit,
- des options de sécurité lorsqu’ils partent en voyage, et
- des notifications en temps réel sur l’utilisation de leur carte.
Grâce à la nouvelle Usine numérique qui ouvrira ce printemps, des centaines d’employés de tous les secteurs de la Banque – dont l’équipe Technologies de l’information et solutions ainsi que nos unités opérationnelles – travailleront côte à côte, sous le même toit, en quête du même objectif :
Mettre au point des solutions numériques qui offrent une expérience client de calibre mondial.
Enfin, nous avons été occupés à conclure plusieurs partenariats importants dans l’espace numérique.
Nous savons que la collaboration est primordiale pour favoriser le succès et nous adapter aux attentes de la clientèle.
C’est pourquoi nous sommes heureux d’avoir récemment annoncé la création du Centre d’analytique clientèle Banque Scotia à l’École de gestion Smith de l’Université Queen’s.
Le Centre, dont l’inauguration est prévue ce mois-ci, sera un important atout dans la mise au point de techniques d’analyse d’envergure mondiale.
Je suis convaincu que ce partenariat novateur mènera à la création d’excellentes solutions pour nos clients.
Beaucoup de gens considèrent que le numérique change la donne.
À la Banque Scotia, nous accueillons la transformation numérique à bras ouvert, puisqu’elle nous permet :
- de renforcer nos capacités,
- de profiter du savoir-faire des autres, et
- de mieux servir notre clientèle.
Bref, ce qu’il faut retenir, c’est que la Banque Scotia s’est dotée d’une stratégie à long terme.
C’est la bonne stratégie.
Et nous allons continuer de prendre les mesures nécessaires pour bâtir une banque encore meilleure.
Dans le même ordre d’idées, j’invite la classe politique à élaborer et à mettre en place des plans de croissance à long terme afin de bâtir un Canada encore meilleur.
Plus particulièrement, du côté de la croissance économique, le gouvernement doit mettre au point une stratégie industrielle tournée vers l’avenir.
Cette stratégie doit mettre l’accent sur le libre-échange et être appuyée par des investissements judicieux dans l’infrastructure économique et la productivité.
Le commerce a contribué à faire du Canada un pays riche et prospère.
L’ouverture des marchés favorise non seulement la création d’emplois payants de grande qualité, mais aussi la croissance des entreprises.
C’est pourquoi nous étions très heureux quand le ministre Freeland a signé le Partenariat transpacifique (PTP), un accord historique.
Cet accord ouvrira l’accès aux biens, aux services et aux investissements canadiens à plus de 800 millions de consommateurs.
Il permettra également de solidifier la position avantageuse du Canada au sein de la chaîne d’approvisionnement de l’ALENA.
En tant que banque internationale du Canada, la Banque Scotia exerce déjà ses activités dans neuf des douze pays compris dans le PTP, notamment les pays de l’Alliance du Pacifique.
Il est dans l’intérêt national de ratifier le PTP rapidement.
Une fois l’entente en vigueur, la Banque Scotia sera en mesure d’aider ses clients canadiens et étrangers à tirer pleinement parti du marché que représente le PTP tout en y déployant ses services.
Il est crucial d’asseoir l’économie sur un réseau commercial solide, mais, sans infrastructure adéquate, les Canadiens ne pourront pas tirer pleinement parti d’un pareil réseau.
Autrement dit, à quoi bon ouvrir les frontières si nous n’arrivons pas à exporter nos biens et services?
C’est pourquoi nous appuyons l’engagement du gouvernement Trudeau d’investir massivement dans les infrastructures.
Durant cette période de ralentissement de la croissance, j’aimerais aussi encourager le gouvernement à accroître la quantité et la fréquence de ces investissements.
Cependant, le choix des projets méritant un investissement devra être bien réfléchi.
Le gouvernement doit privilégier les projets qui déplacent des personnes, des idées et nos ressources naturelles abondantes de manière sécuritaire et socialement responsable dans le respect de l’environnement.
Il faut privilégier les projets qui créent de l’emploi et se placent au service des familles et des collectivités canadiennes pendant de nombreuses années.
Citons notamment le projet Oléoduc Énergie Est, un projet purement d’ici qui crée de la richesse pour tous les Canadiens.
Selon une étude d'impact économique récemment publiée par le Conference Board du Canada, Énergie Est permettrait la création de dizaines de milliers d’emplois.
Le projet générerait des milliards de dollars en impôt et injecterait des dizaines de milliards de dollars dans l’économie canadienne.
De plus, il contribuerait à pallier l’étonnant manque d’infrastructures énergétiques au pays dans le respect de l’environnement.
Devant les faibles prix du pétrole, il pourrait sembler paradoxal de parler d’oléoduc.
Au contraire, il est grand temps d’en parler, maintenant plus que jamais.
Je ne peux m’empêcher de penser au très honorable Clarence Decatur Howe, l’un des plus grands ministres de notre histoire, qui a contribué à réformer notre économie après la Seconde Guerre mondiale et à assurer au Canada un avenir prospère.
À cette époque, la construction de l’oléoduc transcanadien faisait polémique jusqu’à ce que Howe se lève dans la Chambre des communes et explique clairement la situation. Selon lui, il s’agissait d’un projet d’envergure réellement nationale qu’il fallait lancer sans attendre, au risque de le regretter pour de nombreuses années.
Peu de temps après, on amorçait la construction.
Il s’avère qu’une portion de l’oléoduc transcanadien serait convertie et utilisée dans le projet Énergie Est.
Comme Howe l’aurait dit, si nous voulons concrétiser l’accès aux marchés mondiaux, il faut en faire une priorité dès aujourd’hui.
Enfin, une bonne stratégie industrielle doit absolument prendre en compte la productivité.
Comme je l’ai déjà dit, le réseau commercial solide du Canada crée d’importants débouchés pour nos entreprises.
Il ouvre également la porte à la concurrence, ce qui nous permet de nous améliorer.
Bien que ce soit une bonne nouvelle pour les consommateurs, cela nuit assurément aux entreprises qui n’innovent pas assez rapidement.
Les gouvernements doivent veiller à créer un environnement propice aux investissements.
Autrement dit, ils doivent garder les taux d’imposition concurrentiels, soutenir la recherche et le développement et réduire la bureaucratie.
Mais tout ne repose pas sur les épaules des gouvernements, au contraire.
Le secteur privé doit faire sa part, prendre des risques et investir dans des solutions innovantes pour le long terme.
En même temps, le milieu universitaire doit collaborer avec l’industrie.
Il doit chercher des moyens novateurs et plus efficaces de former les Canadiens pour les emplois exigeant des compétences très spécialisées.
Notre partenariat avec l’École de gestion Smith en est un bon exemple.
J’aimerais conclure avec cette remarque : j’ai la chance de voyager souvent, partout où la Banque est présente et même ailleurs.
Et quand je voyage, j’incarne fièrement deux identités : je suis un BanquierScotia et je suis Canadien.
Je peux vous garantir que ces deux identités jouissent d’une très bonne réputation dans le monde.
Ce n’est pas un hasard, mais ce n’est pas acquis pour autant.
Je peux affirmer que la Banque Scotia est déterminée à devenir une banque encore meilleure pour ses clients, pour ses partenaires et pour les collectivités qu’elle sert.
J’aimerais inviter le gouvernement fédéral à faire tout ce qu’il peut pour maintenir l’excellente réputation et la solide position du Canada, dans l’intérêt de tous les Canadiens.
Encore une fois, merci beaucoup, Dany, et merci à toute l’équipe du Canadian Club de m’avoir offert la chance d’être ici. Je vous remercie de votre attention.