• Parler d’une récession mondiale est prématuré et ne devrait pas ébranler la banque centrale dans ses interventions.
  • Il faut continuer de hausser vigoureusement les taux. On s’attend à un parcours comparable dans les hausses de taux aux États‑Unis et au Canada. On prévoit des hausses de 50 points de base dans les prochaines réunions des deux banques centrales; les taux directeurs s’établiront à 3 % à pareille date l’an prochain dans les deux pays.
  • Malgré ce parcours attendu et rapide dans le durcissement de la politique monétaire, les taux directeurs réels resteront négatifs pendant au moins un an et ne seront que légèrement contractionnaires par rapport au taux directeur neutre nominal.
  • L’inflation devrait se modérer à mesure que l’année progresse, lorsque les prix des intrants se stabiliseront ou baisseront; toutefois, en raison de la demande excédentaire et des fortes attentes inflationnistes, l’inflation devrait rester inconfortablement élevée l’an prochain.

Si les données qui viennent d’être publiées continuent de laisser entendre que l’économie canadienne est très vigoureuse, le choc de l’attaque russe contre l’Ukraine donne lieu, en Europe, à des révisions négatives importantes. Il faut probablement s’attendre à une récession dans certains pays en raison de l’impact de la guerre sur les prix des intrants, ce qui ne paraît toutefois pas probable pour les pays exportateurs de produits de base. À notre avis, il paraît prématuré de parler d’une récession mondiale; or, même s’il y en avait une, ses répercussions sur le Canada en particulier seraient considérablement amorties par la solidité de notre balance commerciale.

C’est pourquoi nous continuons de croire qu’aux États‑Unis comme au Canada, les décideurs enchaîneront avec une révocation rapide des mesures de relance. Dans ces deux pays, nous nous attendons à des taux directeurs de 3 % à pareille date l’an prochain. Il faut probablement s’attendre, d’ici à ce que cette prévision se matérialise, à quelques hausses de 50 points de base. Pour le Canada, puisque nous avons établi des prévisions à long terme, nous croyons que la première hausse de 50 points de base sera annoncée le 13 avril. Aux États‑Unis, nous nous attendons à une hausse de 50 points de base à la réunion du FOMC en mai. Si l’évolution des taux directeurs nominaux s’annonce vigoureuse selon les normes statistiques en raison de son rythme, le point terminal des taux par rapport aux taux directeurs neutres ne sera pas très élevé historiquement.  Dans la perspective des taux directeurs réels, on s’attend à des taux réels négatifs jusqu’au début de l’an prochain. C’est pourquoi il est préférable de parler de révocation des mesures de relance, plutôt que d’un durcissement de la politique monétaire. Même si cet argument peut paraître trop sémantique, il est important de savoir que malgré un durcissement rapide, la politique monétaire resterait probablement conciliante dans les deux pays pour une grande partie de l’an prochain.

Dans le contexte canadien, il faut aussi noter que la situation financière des ménages reste étonnamment solide. Les liquidités sont exceptionnellement élevées, le ratio d'endettement par rapport aux actifs frôle les creux atteints depuis 20 ans, et la richesse — et surtout sa répartition parmi les quintiles de revenus — laisse entendre que les ménages seront en mesure d’encaisser les hausses de taux à venir. De plus, la demande refoulée des ménages atteint des niveaux sans précédent dans les annales statistiques (graphique 1), ce qui réduira probablement, au moins temporairement, l’impact de l’inflation et des taux d’intérêt sur les décisions des consommateurs. Il va de soi que la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation réduira l’activité économique; toutefois, les fondamentaux économiques sous‑jacents restent très bien orientés, ce qui devrait apaiser certaines craintes selon lesquelles la hausse des taux nous fera basculer dans une récession. En fait, notre modèle de probabilité récessionniste continue de pointer un très faible risque de récession sur les quatre prochains trimestres (graphique 2). Ceci dit, nous prévoyons un ralentissement de la croissance, qui sera inférieure à 2 % dans le deuxième semestre de 2023; il s’agit d’un rythme de croissance qui cadre essentiellement avec notre estimation du potentiel.


D’après cette toile de fond des taux et de la conjoncture économique, l’inflation au Canada continuera de déborder largement la fourchette de maîtrise de l’inflation de la BdC en raison de l’impact combiné de la vigueur de la demande mondiale sur les prix des intrants jusqu’à maintenant, du choc décalé des difficultés logistiques, des conséquences de la guerre en Ukraine, de la solidité du marché du travail canadien et de la pression tenace qui fait monter les loyers à l’heure où les prix des logements continuent d’atteindre des sommets absolus. Les pressions inflationnistes qui découlent de la hausse des cours des produits de base se calmeront à la longue, tout comme les pressions associées aux blocages logistiques. Par exemple, les frais d’expédition ont déjà baissé substantiellement par rapport à leurs pics, ce qui devrait avoir pour effet de modérer l’inflation au deuxième semestre et en 2023; pourtant, il est évident que les attentes inflationnistes des ménages et des entreprises sont inconfortablement élevées. En raison de cette conjoncture et de la demande excédentaire de l’économie, l’inflation reste supérieure à la cible de la BdC en 2023. Nous prévoyons un taux annuel moyen d’inflation de 5,9 % cette année et de 3,2 % l’an prochain.


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