Centre de ressources

Cet article a été  publié pour la première fois par C100 le 24 juin 2020.

Depuis sa fondation il y a 10 ans, la communauté C100 a eu l’honneur d’encourager et de participer à la transformation remarquable du secteur des technologies au Canada. Si l’on se fie aux dernières années, le Canada pourrait bien devenir un jour une plaque tournante mondiale pour les gens de talent et les entrepreneurs en technologie.

En collaboration avec certains grands partenaires de C100, nous vous présentons un résumé de l’évolution rapide de l’économie axée sur l’innovation au Canada. Sans être exhaustive, cette présentation souligne les raisons pour lesquelles notre communauté s’est engagée avec autant d’enthousiasme à soutenir et à inspirer les entrepreneurs canadiens, et à les aider à accéder à des capitaux, à du personnel qualifié et aux idées innovantes issues de la Silicon Valley.

L’élan est une source de motivation. Nous sommes fiers de prendre part à un moment historique et nous espérons que les Canadiens partout dans le monde seront tout aussi fiers de partager avec nous leur expérience.

Or, en faisant le point sur les progrès accomplis au cours des dix dernières années, nous traversons une période de grande incertitude, truffée de risques et d’enjeux que les chefs d’entreprise et les autorités réglementaires commencent à peine à cerner. À la lumière des gains réalisés au cours de la dernière décennie et de l’impulsion de l’ensemble de notre écosystème technologique, dynamisé par divers acteurs sectoriels, entrepreneurs, universités, gouvernements et Canadiens de talent, y compris nos ambassadeurs officieux, c’est-à-dire les Canadiens expatriés, les dix prochaines années devraient révéler le leadership sans précédent du secteur des technologies canadien sur la scène mondiale.

I. L’environnement technologique canadien a connu une croissance sans précédent au cours des dix dernières années, brisant tous les records en 2019.

1. Compte tenu de la croissance accélérée des investissements, les Canadiens devraient être optimistes à l’égard de leur capacité d’attirer les investisseurs en capital de risque (CR), l’un des principaux moteurs du secteur des technologies.

En effet, le monde des technologies a connu une croissance sans précédent au cours des dix dernières années,  fracassant tous les records en 2019. Les cinq dernières années ont été le théâtre d’une croissance soutenue sur douze mois de l’investissement en capital de risque dans les entreprises technologiques canadiennes, qu’il s’agisse du montant total des investissements, du nombre de transactions conclues ou de la valeur moyenne de ces transactions (qui a plus que doublé durant cette période). En 2019, le nombre de transactions en capital de risque au Canada a connu sa plus forte hausse en 2019, augmentant de 40 % sur douze mois.

Total des investissements en CR (en milliards de dollars) Nombre de transactions en CR Valeur moyenne des transactions  1,1 1,51 [etc]  4,6 M $, 4,4 M$ [etc]

Graphique 1. Total des investissements en capital de risque et des transactions conclues au Canada, en milliards de $ CA par année. Source : CVCA, BDC Capital.

La croissance sectorielle se reflète aussi dans le nombre de commandités canadiens actifs, qui a doublé au cours des cinq dernières années, soutenus par des fonds émergents et des fonds établis. Le nombre de fonds émergents (fonds 1 à 3) a augmenté de 23 à 42, et le nombre de fonds établis (fonds 4 et plus) est passé de 1 à 9.

Fonds émergents Fonds établis

Graphique 2. Nombre total de commandités canadiens actifs bénéficiant d’investissements en capital de risque supérieurs à 10 M $ (de 2014 à 2019). Source : BDC Capital.

Le nombre de fonds importants a aussi augmenté considérablement. À la fin de 2014, il n’y avait que trois fonds de plus de 100 millions de dollars, alors qu’il en existe aujourd’hui quatorze. Au cours des cinq dernières années, la valeur moyenne de ces fonds a augmenté de 52 %, passant de 136 M $ en 2014 à 207 M $ en 2019. Souvent considéré comme le frein principal à l’expansion des activités d’entreprises à forte croissance, l’accès à du capital de développement futur est aujourd’hui plus facile, notamment en raison de l’émergence de fonds canadiens plus importants.

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Les investissements provenant de fonds américains de premier plan ne sont plus une anomalie au Canada; bon nombre des sociétés de capital de risque américaines comme Accel, Bessemer, a16z et GGV, pour n’en nommer que quelques-unes, et de grande sociétés spécialisées en capital de risque investissent déjà au Canada et cherchent de nouvelles occasions d’investissement au pays. En outre, de plus en plus de sociétés établies aux États-Unis investissent du capital de risque et du capital de croissance dans des sociétés au Canada.

— Win Bear (chef de BD Canada, Silicon Valley Bank)

Le secteur du capital de risque au Canada s’est imposé comme un acteur de premier plan à l’échelle mondiale. Au Canada, les rendements des investissements sur cinq et dix ans (la mesure de performance des investissements en capital de risque) se sont grandement améliorés par rapport aux rendements d’investissements semblables aux États-Unis. Les rendements des investissements en capital de risque sur dix ans au Canada ont franchi la barre des 5 % en 2018 et s’approchent de plus en plus des rendements en capital de risque aux États-Unis. Actuellement, la taille relative du secteur du capital de risque au Canada n’est inférieure qu’à celles des secteurs de CR des États-Unis et d’Israël, représentant 0,16 % du PIB du Canada (comparativement à 0,55 % du PIB aux États-Unis). 

États-Unis Canada  Rendements des investissements en CR sur 10 ans (en %) 2013 à 2019 Rendements des investissements en CR sur 5 ans (en %) 2013 à 2019

Graphique 3. Rendements des investissements en capital de risque au Canada et aux États-Unis, de 2013 à 2018 (en pourcentage). Source : BDC Capital, Cambridge Associates.

2. Le Canada, un environnement propice à l’innovation et une destination de choix pour les gens de talent du monde entier.

Le Canada accueille une nouvelle vague d’entrepreneurs ambitieux et de sociétés technologiques attirés par l’accès à un bassin diversifié de gens de talent hautement scolarisés, et par des politiques souples en matière d’immigration. Les succès de l’entreprise ottavienne Shopify, aujourd’hui un titan du commerce électronique, illustrent à quel point le Canada est désormais un pôle d’attraction de gens de talent. L’entreprise, au cours des dernières semaines, est devenue la société la plus valorisée au Canada, tout secteur confondu, avec une capitalisation boursière de 121 milliards de dollars. À l’instar de Shopify, bon nombre des sociétés technologiques canadiennes les plus prometteuses ont été fondées par des Canadiens de retour au pays après un séjour dans la Silicon Valley, par exemple Andrew D’Souza de Clearbanc, Ray Reddy de RITUAL et Michael Katchen de Wealthsimple.

Attirés par le vaste bassin de talents techniques et la grande qualité de la formation offerte dans les milieux universitaires canadiens, certains acteurs mondiaux de premier plan migrent vers le nord. Leurs investissements se traduisent par des gains substantiels sur le marché de l’emploi. Au quatrième trimestre de 2019, Amazon a annoncé son intention de créer 10 000 emplois à Vancouver. Google et Apple ont quant à elles dévoilé qu’elles prévoyaient créer 5 000 emplois, notamment à Montréal, Kitchener-Waterloo, Hamilton et Vancouver, tandis qu’Uber annonçait un investissement de plus de 200 millions de dollars sur cinq ans à Toronto dans son nouveau centre de recherche de conduite automatisée.

Au cours des cinq dernières années, 80 000 nouveaux emplois ont été créés dans le secteur des technologies à Toronto, soit plus qu’à San Francisco, Seattle et Washington, D.C. combinés. D’autres villes canadiennes deviennent également des foyers de talent. Parmi les grandes villes nord-américaines, Vancouver a réalisé les gains les plus importants, avec une hausse de 43 % des emplois dans le secteur des technologies. Ottawa est sur un pied d’égalité avec la baie de San Francisco en ce qui concerne la concentration de talents en technologie (10 %), un sommet en Amérique du Nord et un pourcentage trois fois plus élevé que la moyenne canadienne. Ces gains ne s’observent pas uniquement dans les grands centres urbains; Hamilton et Waterloo sont deux des marchés à haut potentiel en plus forte croissance en Amérique du Nord, leur secteur des technologies ayant enregistré une hausse d’emplois respective de 52 % et 40 %.

Le Canada a su s’adapter aux besoins du secteur des technologies en pleine expansion en misant sur des politiques souples en matière d’immigration, tirant parti des occasions manquées par les États-Unis à chaque resserrement de ses politiques en matière d’immigration. Le Canada, en proportion de sa population, accueille de nos jours cinq fois plus d’immigrants qualifiés que les États-Unis. Le Programme pour le Volet des talents mondiaux, fondé en 2017, vise à faciliter l’embauche de personnel technique qualifié étranger, et ce, en aussi peu que dix jours ouvrables. Le secteur privé a rapidement tiré avantage de ce programme. La moitié des immigrants admis au Canada en 2018 détenaient une formation en sciences, technologie, génie ou mathématiques. En outre, 65 % des professionnels en ressources humaines dans le secteur des technologies aux États-Unis sondés par Envoy estiment que les politiques canadiennes en matière d’immigration sont plus avantageuses que celles aux États-Unis et 35 % des répondants prévoient envoyer une plus grande part de leur main-d’œuvre au Canada et accroître leur embauche de personnel étranger au pays.

 

États-Unis	Canada  0,30 % 0,25 % [etc]  0,24 % 0,19 % [etc]

Graphique 4. Main d’œuvre qualifiée étrangère, en pourcentage de la population totale, de 2013 à 2018. Sources : Gouvernement du Canada, U.S. Department of State, Statistique Canada, U.S. Census Bureau.

À l’opposé, les Canadiens expatriés seront heureux d’apprendre que les sociétés dont le siège social est établi au Canada cherchent activement à étendre leurs activités sur la scène internationale, particulièrement chez leur voisin au sud. En 2019, près du deux tiers des embauches à l’étranger des entreprises technologiques canadiennes ont été réalisées aux États-Unis, mais ces entreprises tournent aussi de plus en leur attention vers l’Europe (20 %) et l’Asie (11%).

Mise en marché Exploitation et gestion Postes techniques

Graphique 5. Ventilation des emplois créés en 2019 par des entreprises en démarrage canadiennes dans six grands états américains. Source : Prospect.

Contrairement à l’embauche au Canada qui est axée sur les emplois techniques, la majorité des embauches aux États-Unis et en Europe visent à combler des postes liées à la mise en marché, notamment en commercialisation, en ventes, en développement des affaires et en gestion de l’exploitation. Toutefois, la pandémie de COVID-19 et le ralentissement économique qui s’en est suivi ont porté un coup dur aux initiatives de recrutement des sociétés canadiennes au Canada et à l’étranger, leurs embauches fondant de 60 % entre les mois de janvier et d’avril 2020. Il y a toutefois tout lieu de demeurer optimiste quant à l’avenir des sociétés en démarrage canadiennes; même après avoir connu un trimestre difficile, elles cherchent toujours à combler plus de 12 000 postes.

II. L’écosystème des technologies canadien doit encore surmonter certains obstacles avant de pouvoir se mesurer d’égal à égal avec celui des États-Unis.

1. Les entreprises canadiennes soutenues par du capital de risque demeurent moins bien capitalisées que leurs consœurs américaines.

En moyenne, les entreprises en démarrage au Canada accèdent à moins de la moitié du capital de risque obtenu par les sociétés américaines, l’investissement en capital de risque moyen s’élevant à 6,8 millions de dollars au Canada, comparativement à 15,8 millions de dollars aux États-Unis.

Enfin, même si les fonds d’investissement importants et les fonds visant à soutenir les sociétés bien établies sont de plus en plus nombreux au Canada, un écart persiste entre le Canada et les États-Unis en ce qui concerne le financement des entreprises établies, ce qui souligne qu’il reste du chemin à faire pour encore soutenir davantage les entreprises à forte croissance au Canada qui atteignent leur pleine maturité.

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Puisque le rendement d’un portefeuille de capital de risque dépend souvent de quelques sorties importantes, il est crucial que les stratégies de sortie dégagent des valorisations plus élevées au Canada. L’année 2019 fut une année record pour les stratégies de sortie de sociétés canadiennes adossées à du capital de risque et l’appel public à l’épargne de Lightspeed plus tôt cette année  prouve bien que les sociétés canadiennes peuvent demeurer au Canada et atteindre malgré tout une valorisation d’au moins un milliard de dollars.

— Thomas Park (vice-président, Soutien à l’exploitation et stratégie – BDC Capital)

2. Dans un contexte où l’on constate un écart de rémunération entre les dirigeants canadiens et américains, et des désengagements plus élevés aux États-Unis, il est difficile d’attirer des talents de calibre mondial.

Pour les dirigeants et les fondateurs d’entreprises canadiennes, il demeure difficile d’attirer des dirigeants de calibre mondial. Selon une étude menée par la BDC avant la pandémie de COVID-19, un facteur pourrait expliquer ce phénomène : la rémunération. La rémunération d’un dirigeant d’une entreprise technologique canadienne est en moyenne inférieure de 87 000 $ US à celle de ses homologues américains, peu importe l’étape de financement, le sous-secteur d’activité et l’échelon. Si l’incidence de la pandémie sur la rémunération future des dirigeants est incertaine, les tendances récentes soulignées par cette étude devraient toutefois donner matière à réflexion.

Canada États-Unis  211 946 $  Président Haute direction Vice-président Direction

Graphique 6. Rémunération moyenne d’un dirigeant d’entreprise technologique financée par du capital de risque, selon le poste, en 2018 et en $ US. Source : BDC Capital.

Canada États-Unis  Financement de démarrage seulement Après la série A Aprés la série B Après la série C Après la série D Cinq rondes de financement ou plus Financement en capital de croissance seulement

Graphique 7. Rémunération moyenne en $ US des dirigeants du secteur de la technologie dans les entreprises financées par du capital de risque, par ronde de financement, en 2018. Source : BDC Capital.

Malgré ces écarts de rémunération, les entreprises canadiennes sont en réalité compétitives en matière de rémunération en actions. Malheureusement, comme la valeur médiane des sorties au Canada est considérablement moins élevée que celle aux États-Unis, la rémunération en actions ne suffit pas à réduire l’écart de revenus entre les dirigeants américains et canadiens.

Valeur médiane des sorties au Canada Valeur médiane des sorties aux États-Unis

Graphique 8. Valeur médiane des sorties en capital de risque au Canada et aux États-Unis, en millions de $ CA, de 2014 à 2019. Source : BDC Capital.

Certains facteurs semblent expliquer cet écart de rémunération :

Premièrement, il s’agit d’une question d’offre et de demande. Les villes canadiennes comptent plus de travailleurs en technologie par entreprise et plus de nouveaux arrivants qualifiés que les grands pôles technologiques américains, ce qui signifie que les conditions du marché de l’emploi au Canada ne sont pas aussi tendues qu’elles ne le sont aux États-Unis, où la rareté de l’offre a probablement entraîné une augmentation de la rémunération.

Montréal Toronto Vancouver Boston Baie de San Francisco New York  Travailleurs en technologie disponibles par entreprise en démarrage locale, en 2018  Travailleurs en technologie disponibles par tranche de 1 M $ de capital de risque mobilisé dans les grands pôles technologiques, en 2018

Graphique 9. Travailleurs en technologie disponibles dans les grandes villes canadiennes et américaines, en 2018.

Deuxièmement, les entreprises américaines embauchent un plus grand nombre d’employés hautement qualifié en technologies, quoique le Canada «produise» proportionnellement un plus grand nombre de diplômés en sciences, technologie, génie ou mathématiques que les États-Unis. Bref, les compétences et une scolarité poussées exigent une rémunération plus élevée.

Enfin, la rémunération au Canada continue à varier d’une région à l’autre et les investisseurs tiennent compte de cette variable au moment d’investir. Des salaires pourraient attirer des gens qualifiés dans une région, mais ne pas suffire pour plaire à des dirigeants de talent travaillant dans une grande plaque tournante américaine, où les sociétés sont prêtes à verser des rémunérations élevées pour s’assurer les services des meilleurs talents.

Les Canadiens au potentiel de revenus plus élevés se tournent-ils tout simplement vers d’autres secteurs? Décident-ils plutôt de s’expatrier? Peu importe, les entreprises américaines ont plus de succès auprès des cadres de talent que les sociétés canadiennes, et les promesses de projets d’envergure et de rémunérations élevées attirent plus d’un Canadien au sud de la frontière.

III. La résilience éprouvée du Canada nous ouvrira de nouvelles possibilités.

L’économie traverse incontestablement une période difficile. Elle devrait se comprimer à un taux annualisé de 25 % au cours du deuxième trimestre de 2020 et jusqu’à 2,8 millions d’emplois pourraient être perdus. Les entreprises en démarrage ont diminué leurs embauches (les offres d’emploi ont diminué d’un tiers) et les trois quarts des entreprises ont l’intention de ralentir leurs activités d’embauche en prévision d’une récession potentielle. Près de deux tiers des entreprises en démarrage procèdent à des mises à pied, congédiant 5 % de leur main d’œuvre à l’échelle nationale. Les membres de certaines équipes de direction auraient même réduit ou complètement supprimé leur propre rémunération dans le but de maintenir leurs effectifs en place (et de les aider à garder le moral).

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Le Canada se démarque par sa main-d’œuvre qualifiée, dynamique et polyvalente, se situant régulièrement en haut du classement des pays de l’OCDE en matière d’éducation. Les Canadiens sont donc bien positionnés pour tirer pleinement parti d’un avenir économique axé sur la matière grise plutôt que sur la force brute. Toutefois, pour profiter de cette tendance, les entreprises et les investisseurs doivent soutenir les activités de recherche et de développement des secteurs émergents afin de fournir à la main d’œuvre canadienne les moyens qui lui permettront de se démarquer dans l’économie de demain. 

— Craig Wright (économiste en chef, RBC)

L’investissement dans les entreprises en démarrage a également diminué en 2020. L’investissement en capital de risque s’est élevé à 834 millions de dollars au premier trimestre de 2020, en baisse après trois trimestres consécutifs d’investissements supérieurs à 1 milliard de dollars. Depuis le début de la pandémie, près de 70 % des entreprises en démarrage au Canada ont déclaré que leurs perspectives de financement avaient été malmenées par la crise, 40 % de celles-ci ayant décidé de reporter leurs initiatives de financement dans l’attente d’une conjoncture potentiellement plus favorable.

En outre, le secteur des technologies canadien est exposé à d’importants risques macroéconomiques. L’investissement étranger au Canada pourrait notamment s’évaporer, les fonds souverains étrangers et les autres investisseurs institutionnels redoublant de circonspection. Source majeure de financement en capital de risque au Canada, les capitaux étrangers, provenant principalement des États-Unis, représentent du tiers à la moitié du financement des entreprises canadiennes.

Les activités d’acquisition devraient aussi ralentir, freinant les initiatives des entreprises en démarrage cherchant à étendre leurs opérations. Une analyse de la CIBC publiée en mai 2020 prévoyait une baisse considérable des dépenses en TI en 2020, «contrairement à la majorité des prévisions formulées au premier trimestre par les fournisseurs de logiciels». L’investissement devrait diminuer dans la plupart des segments des TI, quoique l’infonuagique  pourrait profiter de la conjoncture : « À mesure que les organisations seront forcées d’adopter le télétravail, elles devront se doter d’une infrastructure souple et accessible, et d’une stratégie numérique précise.»

Les rendements sur les investissements en capital de risque et les niveaux de liquidités pourraient aussi en pâtir, gênant l’accès à des capitaux et ébranlant du même coup les perspectives à court terme du secteur dans son ensemble. Les risques menaçant l’écosystème du capital de risque pourraient être amplifiés par une baisse de capitaux provenant de particuliers et de familles fortunés, de fonds d’investissement et de tout autre source d’investissement. Les entreprises en démarrage en manque de liquidités dans les secteurs les plus durement touchés par la crise (tels que le tourisme, le transport, l’hôtellerie, le divertissement et l’immobilier) pourraient avoir de la difficulté à survivre, ce qui mettrait à risque les investisseurs dont les portefeuilles sont fortement exposés à ces secteurs.

Toutefois, l’histoire démontre que le Canada est parvenu maintes fois à tirer son épingle du jeu dans un climat d’incertitude.

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À mesure qu’un virage s’opère de la “croissance coûte que coûte” à l’“impératif de la rentabilité” et à l’attention sur les indicateurs fondamentaux, les sociétés et les entrepreneurs canadiens, forcés de faire plus avec moins, devraient parvenir aisément à se démarquer par la robustesse de leur bilan. La proximité est de moins en moins importante en raison de la pandémie de COVID-19, ce qui devrait enhardir les entreprises canadiennes. La crise bouscule les conventions et force les investisseurs à revoir leurs systèmes de valeurs, mais il importe de se rappeler que nous n’en sommes toujours qu’aux balbutiements de l’ère de la numérisation à l’échelle mondiale. Dans ce contexte, il est crucial que les entrepreneurs canadiens attaquent de front les enjeux complexes auxquels ils sont confrontés, adoptent une vision globale et tirent parti du pouvoir d’attraction du Canada en matière d’immigration et de culture. Nos perspectives de prospérité sont bonnes. 

— David Rozin (vice-président et chef, Technologie et Innovation – Services bancaires de la Banque Scotia)

Le talent devrait se décentraliser. Les entreprises canadiennes qui se démarqueront dans cette nouvelle réalité seront en meilleure position pour attirer les gens talents d’un peu partout dans le monde, qu’ils s’établissent au Canada ou non. La pandémie pourrait modifier les priorités du monde du travail au Canada et le pays pourrait devoir reformer rapidement sa main-d’œuvre en fonction de nouvelles réalités économiques. Notre capacité à nous repositionner pourrait être garante de la position de chef de file du Canada à l’échelle mondiale.

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Durant la majeure partie du dernier siècle, les expatriés canadiens ont discrètement pris part à différents mouvements de premier plan, de la défense des droits de l’Homme à l’émergence des médias internationaux, se distinguant par leur empathie, leur réflexion nuancée et leurs positions raisonnables, des attributs répandus au Canada et pourtant rares à l’échelle planétaire. Cette influence se remarque particulièrement dans le secteur des technologies, où la présence des Canadiens est forte, en raison de leurs compétences techniques mais aussi de leurs aptitudes sociales. Dans un monde divisé, marqué par la distanciation, les entreprises devront plus que jamais miser sur les personnalités rassembleuses. Et les atouts des expatriés canadiens peuvent constituer un avantage stratégique à la politique étrangère canadienne, remise en question par un monde fracturé.

— John Stackhouse (premier vice-président, Bureau du chef de la direction, RBC), tiré de son livre à paraître intitulé Planet Canada: How our Expats are Shaping the Future.

L’immigration contrôlée sur la base des qualifications est une compétence clé du Canada, qui donne au pays l’occasion de se démarquer encore plus sur l’échiquier mondial. Alors que les États-Unis restreignent de plus en plus l’entrée sur leur territoire, le Canada continuera-t-il d’ouvrir ses frontières? Dans un contexte économique où un travailleur sur cinq dans le secteur des technologies est né à l’étranger, le Canada pourrait bien devenir la destination de choix de la prochaine génération d’entrepreneurs et d’exploitants.

Quelles initiatives devront être mises en œuvre? La communauté d’expatriés canadiens et la diaspora canadienne peuvent donner un élan crucial à notre nation : notre destinée est entre leurs mains et celles de nos collectivités.

Rédigé conjointement par : Laura Buhler et Joshua Goodfield de C100, avec la contribution de David Rozin (vice-président et chef, Technologie et Innovation – Services bancaires), Thomas Park (vice-président, Soutien à l’exploitation et stratégie – BDC Capital), Charles Lespérance (vice-président adjoint, Développement de l’écosystème de CR, BDC Capital), John Stackhouse (premier vice-président, Bureau du chef de la direction, RBC), Marianne Bulger (fondratrice, présidente et chef de la direction, Prospect), Craig Wright (économiste en chef, RBC),  Martin Philipp (directeur principalSenior, Soutien aux opérations de CR, BDC Capital), Win Bear (chef de BD Canada, Silicon Valley Bank) et Paul McKinlay (directeur principal, Services financiers Innovation, CIBC).