Si le stress est le lot quotidien des professionnels de la santé en temps normal – surtout dans les hôpitaux –, que dire de la situation actuelle? C’est une anxiété exacerbée qui les tenaille, en particulier s’ils travaillent en première ligne dans les hôpitaux et les cliniques.

Prenant acte de cette conséquence dramatique de la pandémie, l’Association médicale canadienne (AMC) n’a pas hésité à anticiper la mise en place de la ligne SOS bien-être, un service téléphonique grâce auquel les médecins, les résidents, les étudiants en médecine et leur famille immédiate peuvent joindre 24 heures sur 24 des intervenants spécialement formés pour les accompagner face aux difficultés que vivent les professionnels de la santé en cas de crise ou de problèmes psychologiques chroniques.

Ce type de service existait déjà dans certaines provinces – grâce aux associations médicales provinciales, au ministère provincial de la Santé ou aux deux – mais pas partout. 

« L’AMC déplorait que ce genre de service ne soit pas offert dans toutes les provinces et tous les territoires, a expliqué en entrevue la Dre Caroline Gérin-Lajoie, vice-présidente directrice, Santé et bien-être des médecins. Nous tenions à ce que tous les médecins et tous les stagiaires aient à leur disposition une ligne d’assistance en tout temps, et ce, aux quatre coins du pays. »

Financé par la Banque Scotia et Gestion financière MD inc., le service est parrainé par les associations médicales de la Saskatchewan, de l’Ontario, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve-et-Labrador, du Yukon et du Nunavut.

La Dre Gérin-Lajoie dirige une équipe mise sur pied par l’AMC en janvier 2019 pour se pencher sur la santé physique et psychologique des médecins, et plus récemment sur la culture médicale. Cette mesure faisait notamment suite au Sondage national de l’AMC sur la santé des médecins, mené en 2017, qui a révélé que s’ils s’avéraient généralement en meilleure santé que l’ensemble de la population, les médecins étaient plus souvent victimes d’épuisement professionnel, et qu’il serait donc bénéfique pour les patients que l’on s’occupe de la santé du corps et de l’esprit des disciples d’Esculape. La nouvelle équipe avait donc entre autres pour mandat de fournir du soutien et des ressources aux médecins.

Le sondage portait sur plusieurs facteurs liés à la santé physique et psychologique des médecins, dont le train de vie et le milieu de travail; il en est ressorti que les longues semaines de travail (en moyenne 48 heures, sans compter les 111 heures de garde en moyenne par mois), le manque de sommeil et l’insuffisance de l’activité physique étaient monnaie courante. Quant à la satisfaction à l’égard du milieu de travail, plus de la moitié des répondants se disaient insatisfaits ou très insatisfaits en raison du manque de ressources (humaines ou matérielles) et des pratiques inefficaces, et près d’un tiers ont déclaré avoir vécu un épisode d’épuisement.

Mais c’est le déferlement de la COVID-19 qui a propulsé à l’avant-plan la question de l’accès aux ressources d’accompagnement psychologique.

« Nous savions déjà que c’était important, et le projet était déjà dans nos cartons, mais la COVID a rendu le besoin plus urgent, et c’est pourquoi tout le monde s’est retroussé les manches pour concrétiser la chose le plus vite possible », précise la vice-présidente, ajoutant que l’AMC « est particulièrement reconnaissante pour l’apport de la Banque Scotia ».

Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que l’AMC entende l’inquiétude de ses membres à propos du risque de manquer d’équipement de protection individuelle et de respirateurs et quant à la difficulté éventuelle de faire leur travail en cas d’engorgement susceptible de poser aux médecins des dilemmes cornéliens. Le taux de contagion suscitait aussi des craintes.

« Ce qu’il y a de particulier avec cette pandémie, c’est la peur d’attraper la maladie. Parce qu’elle est si contagieuse, mais aussi parce qu’attraper la maladie, c’est risquer de la passer à un patient, à un collègue, à sa famille », insiste la Dre Gérin-Lajoie.

Toujours selon la vice-présidente, c’est sans doute après la crise que la ligne SOS bien-être prendra toute son importance. « Dans le cycle typique d’une pandémie, il y a ce qu’on appelle la quatrième vague : c’est le moment où, une fois la poussière retombée, c’est l’anxiété, les troubles de l’humeur, voire la toxicomanie qui prend le dessus. C’est cela que nous voulons prévenir. »

« L’état psychologique des médecins est d’une importance capitale, car ils sont au cœur de la bataille. Nous espérons que la ligne SOS bien-être sera d’une aide précieuse en tout temps et partout où on en aura besoin », renchérit Alex Besharat, vice-président à la direction, Gestion de patrimoine – Canada à la Banque Scotia, au sujet de l’appui de la Banque.

Pour en savoir plus sur ce service d’accompagnement, consulter le site de l’AMC. Au sujet de Gestion financière MD, consulter son site.