Tandis que l’économie du Canada continue de se redresser à la suite de la pandémie de COVID-19, il est important de soutenir les femmes, qui ont été touchées de façon disproportionnée par la pandémie et cherchent à avancer, à s’épanouir et à surmonter les difficultés des deux dernières années.

L’initiative Femmes de la Banque ScotiaMD prend des mesures importantes pour aider les femmes à se remettre sur pied. Elle versera 10 milliards de dollars en capital à des entreprises canadiennes dirigées et détenues par des femmes, une hausse par rapport à son engagement initial de 3 milliards de dollars annoncé en 2018.

Perspectives s’est entretenu avec Sloane Muldoon, coprésidente de l’initiative Femmes de la Banque Scotia et première vice-présidente, Rendement des activités de détail à la Banque Scotia, au sujet des raisons qui ont motivé le rehaussement du financement, sur l’importance d’entretenir un réseau de soutien pour les femmes entrepreneures et les femmes d’affaires et sur les raisons pour lesquelles elle estime qu’il est important de « donner au suivant ».

Q : Il était initialement prévu que l’initiative Femmes de la Banque Scotia verserait trois milliards de dollars en capital à des entreprises dirigées et détenues par des femmes, le tout pour faire tomber les obstacles qu’elles rencontrent lorsqu’elles cherchent de l’aide financière pour leurs projets. Vous venez d’annoncer que cet engagement a été porté à 10 milliards de dollars. Pourquoi?

R : Nous avons atteint la barre des trois milliards de dollars avant notre échéance de trois ans. De plus, nous remarquons que de nombreuses femmes canadiennes, qui viennent d’établir leur entreprise ou qui souhaitent prendre de l’expansion, ont toujours besoin de soutien financier. Nous y voyons une occasion d’accroître notre engagement envers les entreprises dirigées par des femmes dans tout le pays et de les aider à progresser. Elles sont d’importantes employeuses au Canada et jouent un rôle essentiel dans notre économie. C’est tout simplement la bonne chose à faire.

Q : Quels sont vos espoirs pour l’incidence de cette nouvelle infusion de capitaux et l’initiative Femmes de la Banque Scotia en général? À votre avis, à qui cela profitera-t-il le plus?

R : Je souhaite que nous puissions soutenir les femmes à toutes les étapes du développement de leur entreprise partout au pays, qu’elles soient au début de leur parcours ou en pleine expansion. Nous contribuerons ainsi aux économies locales et aux perspectives d’emploi locales. Pour moi, en tant que femme faisant partie de la haute direction, c’est une occasion de donner au suivant et d’aider des femmes passionnées par l’entrepreneuriat qui, dans le passé, ont malheureusement eu des difficultés à se procurer du capital par manque d’accès équitable. Il est également difficile pour les femmes d’affaires de tisser des liens entre elles de manière organisée, car elles ne disposent pas nécessairement d’autant de temps que leurs homologues masculins, et elles souhaitent réseauter différemment. Lorsque je participe aux Ateliers Un-Mentorship et aux séances de réseautage, on ressent cet esprit de camaraderie dans la pièce, et c’est là que se puise notre force. Et cet esprit de camaraderie, nous le savons, a mené à des relations et à des réseaux de soutien entre femmes entrepreneures, ce qui a également généré des recommandations et des affaires pour la Banque. De nombreuses clientes et nous-mêmes, les banquières, sommes restées en contact. Cela les a aidées à élargir leur réseau auprès de femmes de même sensibilité.

Q : L’une des principales raisons qui ont motivé le lancement de l’initiative Femmes de la Banque Scotia a été les commentaires que Gillian Riley, fondatrice de l’initiative, a reçus de clientes des services bancaires commerciaux sur les obstacles qu’elles rencontraient pour obtenir du financement. Quels étaient ces obstacles et quelles mesures la Banque a-t-elle adoptées pour y remédier?

R : Lorsque Gillian, qui est maintenant PDG de la Banque Tangerine, a créé cette initiative, elle entendait parler de toutes sortes de projets menés par des femmes qui avaient de la difficulté à obtenir du financement par manque d’accès équitable. Par suite des recherches que nous avons effectuées avec Dre Barbara Orser, nous nous sommes rendu compte que les femmes font face à des biais inconscients bien réels au chapitre des décisions financières et des prêts de capitaux. Et c’est quelque chose que nous voulions tenter d’éliminer à l’échelle de l’entreprise. Tous nos évaluateurs ont donc suivi une formation sur les biais inconscients. Si la demande d’une entreprise dirigée par une femme est refusée, nous demandons à une seconde personne de la passer en revue pour nous assurer que nous prenons la bonne décision et pour que les femmes se sentent à l’aise de faire affaire avec nous. Nous savons que beaucoup de femmes entrepreneures préfèrent emprunter de l’argent à leurs amis ou à leur famille plutôt que de passer par une institution financière, et nous voulons changer cet état de choses.

Q : Les difficultés auxquelles les femmes se heurtent ont-elles évolué au cours des trois dernières années?

R : La pandémie a créé de nouvelles difficultés pour les femmes entrepreneures. De nombreuses personnes, comme vous le savez, peinent à concilier leur vie professionnelle et personnelle. Pendant la pandémie, ce sont souvent les femmes qui ont assumé la majeure partie de la charge de travail, qu’il s’agisse de responsabilités associées aux enfants ou à des personnes aînées. De plus, bon nombre d’entre elles ont dû transformer leur entreprise très rapidement pour prendre un virage numérique. Elles avaient besoin de soutien, et c’est ainsi que le Centre du numérique de l’initiative Femmes de la Banque Scotia a vu le jour. Par ailleurs, certains des secteurs à prédominance féminine, comme l’hôtellerie, les voyages ou les services personnels, ont été plus durement touchés que d’autres secteurs. Les femmes entrepreneures ont réellement eu besoin de soutien pendant la pandémie.

Q : À votre avis, quelles ont été les plus grandes répercussions de l’initiative Femmes de la Banque Scotia jusqu’à présent?

R : Nous avons plusieurs réalisations clés. À ce jour, nous avons versé plus de quatre milliards de dollars en capital, collaboré avec plus de 15 organisations, comme la conférence Une coche plus haute pour les femmes entrepreneures, et élargi la portée de l’initiative en dehors du Canada pour aider des entreprises dirigées et détenues par des femmes en Jamaïque et au Costa Rica. Tout cela est très stimulant. En partenariat avec Le Forum, nous avons établi le programme de mentorat de l’initiative Femmes de la Banque Scotia, le plus important programme de mentorat pour les femmes entrepreneures au pays. Nous avons lancé le Centre du numérique de l’initiative Femmes de la Banque Scotia pendant la pandémie avec des partenaires tels que Shopify, Pinterest, LinkedIn et Facebook afin d’aider les femmes entrepreneures durant cette période d’incertitude. Et récemment, au Québec, nous avons lancé l’Accélérateur Femmes en automobile, un programme d’accélération axé sur le mentorat et le réseautage pour les femmes dans l’industrie automobile. Mais notre plus grand impact, je crois, réside dans le fait que nous avons suscité l’engagement de plus de 13 000 femmes entrepreneures d’un bout à l’autre du pays et que nos conseillers et nos directeurs, Relations d’affaires, Services aux entreprises ont adopté ce programme. Ce projet est devenu une véritable initiative citoyenne, et je suis d’avis que c’est l’un des éléments clés de son succès.

Q : Selon vous, quelles sont les mesures qui devraient être prises pour soutenir les femmes dans leur parcours de rétablissement économique tandis que nous sortons de la pandémie de COVID-19? 

R : Nous devons continuer de nous attaquer aux obstacles économiques inégalés et disproportionnés auxquels les femmes se heurtent. Que ce soit les entrepreneures ou les femmes qui réintègrent le marché du travail, nous devons nous assurer que tous les systèmes de soutien sont en place pour qu’elles puissent rouvrir les portes de leur entreprise ou retourner au travail en toute confiance. Et dans le cadre d’entreprises comme la Banque Scotia, nous devons offrir aux femmes la souplesse qu’elles recherchent lorsqu’elles retournent au travail. Nous devons également nous assurer que nous continuons d’appliquer des pratiques d’embauche inclusives et d’établir des comités d’embauche diversifiés. Nous déployons des efforts concrets pour mettre l’accent sur la diversité, l’équité et l’inclusion en général, mais plus particulièrement sur les inégalités de genre.

Q :  Pourquoi est-ce important pour vous, personnellement, d’occuper ce rôle au sein de l’initiative Femme de la Banque Scotia? Qu’est-ce qui vous interpelle le plus?

R : Pendant la majeure partie de ma carrière, j’ai accordé la priorité à la clientèle. J’adore interagir avec les clients et les clients potentiels. Je sens que j’ai la possibilité d’aider les clientes à réaliser leurs rêves financiers et leurs rêves d’entrepreneures partout au pays. Ce que j’apprécie de l’initiative Femmes de la Banque Scotia, comme je l’ai déjà mentionné, c’est l’énergie citoyenne que nous ressentons de la part de nos conseillers et de nos directeurs, relations d’affaires d’un océan à l’autre. Particulièrement lorsqu’une cliente nous fait part, en tant qu’entreprise, du rôle important que nous avons joué dans sa vie et dans son entreprise. C’est tellement gratifiant. Récemment, lors d’un événement du Toronto Board of Trade, une femme m’a parlé des difficultés qu’elle rencontrait avec son entreprise, qu’elle devait la diriger seule en tant que mère célibataire. Quand elle m’a dit que la Banque Scotia était la seule banque à lui avoir accordé une chance, ça m’a fait chaud au cœur. Voilà pourquoi nous faisons ce que nous faisons.

Q : Que souhaitez-vous accomplir avec l’initiative Femmes de la Banque Scotia dans les prochaines années?

R : Je suis très fière que l’initiative Femmes de la Banque Scotia fasse partie de la Gestion de patrimoine mondiale, des Services bancaires et marchés mondiaux et des Opérations internationales. Je pense que c’est incroyable. Erin Griffiths, Anya Schnoor et leurs équipes respectives font un excellent travail pour mener à bien cette initiative au sein de la Gestion de patrimoine mondiale et des Opérations internationales.  Loretta Marcoccia et Michelle Khallili ont accompli un travail formidable en offrant des programmes de formation à des femmes ayant un poste de haute direction et souhaitant occuper un poste dans un conseil d’administration. Je suis très fière de voir comment toute la Banque s’est mobilisée pour cette initiative. Nous voulons continuer à évoluer. Nous voulons nous assurer que nous devenons un incontournable pour les femmes et changer les choses.