Avant même d’entreprendre ses études secondaires, David Sutcliffe avait tracé son parcours professionnel. Il voulait servir dans les Forces armées canadiennes, qu’il considérait comme un tremplin pour une carrière dans la finance; il allait ainsi bâtir sa confiance et acquérir des compétences qui allaient le suivre toute la vie. Aujourd’hui, à 32 ans, l’objectif qu’il s’était fixé à long terme lui donne raison.

Caporal dans les Cameron Highlanders d’Ottawa, il a servi son pays en Afghanistan. Après avoir décroché un diplôme de comptable professionnel au Collège Algonquin et le titre de planificateur financier certifié, il a passé un peu de temps dans un cabinet comptable à faire des déclarations de revenus. Il travaille à la Banque Scotia depuis deux ans.

C’est en parcourant la cote boursière avec son père qu’il s’est intéressé à la finance: « Le marché boursier m’a captivé dès mon plus jeune âge. J’ai en fait passé ma première transaction quand j’avais 12 ans », confie David Sutcliffe.

À peu près à la même époque, c’est un professeur de l’école intermédiaire qui lui a donné le goût d’entrer dans les Forces armées. Ce professeur avait participé, à la fin des années 1980, à une expédition avec les forces du maintien de la paix des Nations Unies à Chypre. David se souvient de ce que son professeur lui a dit : « J’ai vécu les trois meilleures années de ma vie, j’ai repoussé mes limites et j’ai su ce que j’étais capable de faire, en plus de prendre de l’assurance ». En 2004, à 16 ans, David entre dans les Cameron Highlanders. En 2008, l’infanterie de son unité, surtout constituée de réservistes, commence à débarquer en Afghanistan, et David a l’occasion d’en faire partie, en 2010. 

David Sutcliffe, que l’on voit ci-dessus sur la photo avec un groupe de jeunes Afghans, affirme que les techniques qu’il a apprises dans les Forces armées canadiennes en Afghanistan l’aident à réussir, à la Banque Scotia à Ottawa, dans ses fonctions de conseiller financier principal, qu’il exerce depuis janvier dernier.

C’est à force de vivre dans un avant-poste à la lisière d’un petit village et d’avoir chaque jour des échanges avec les Afghans qu’il a fini par apprécier le Canada et toutes les perspectives qui s’offrent à lui, en plus d’en tirer des leçons enrichissantes pour ses relations. Dans le cadre d’une équipe tactique, qui intervenait auprès des aînés et des chefs religieux des villages, dit-il, il fallait, pour réussir cette mission, savoir écouter et entendre ce que les résidents de la localité avaient à dire de leurs besoins. C’est justement une technique que chaque conseiller financier peut utiliser. « Chacun a des besoins professionnels, familiaux et personnels différents, et il faut être attentif à ces besoins pour y répondre », explique-t-il.

Il s’en remet aussi à la devise du soldat (« se serrer les coudes ») dans son rôle actuel de conseiller. « Dans l’armée, j’ai vraiment apprécié l’esprit d’équipe », dit-il. Dans la succursale où il travaille, il fait partie d’une petite équipe qui sait « toujours se serrer les coudes », qu’il s’agisse de s’entraider pour servir un client ou d’épauler les caissiers et les caissières dans les périodes de pointe.

Sur son bureau, deux photos lui rappellent l’importance de ces techniques : l’une représente les principaux membres de son équipe sur leur caserne après leur dernière patrouille; l’autre, prise juste après son arrivée, le montre avec un jeune Afghan de la localité assis sur un mur.

Aujourd’hui, il continue essentiellement d’enrichir ses relations en contactant, à l’extérieur de son service, des collègues — qu’ils soient ou non des anciens combattants — pour se bâtir un réseau afin d’accélérer son évolution professionnelle et de laisser sa marque. Il précise que malgré l’envergure de la Banque, « chacun a l’occasion de réseauter et de mentorer. Nous travaillons dans un environnement d’entraide », enchaîne-t-il.

remembrance day

David Sutcliffe, conseiller financier principal à la Banque Scotia à Ottawa, a été caporal des Cameron Highlanders d’Ottawa en Afghanistan.

Si le Réseau des anciens combattants de la Banque Scotia a été lancé il y a trois ans, c’est surtout pour permettre au personnel militaire retraité et réserviste de s’échanger des anecdotes et de s’entraider. Dès le troisième jour de son arrivée à la Banque, il a communiqué avec un réserviste de Montréal, qui lui a ouvert les portes de ce réseau.

La Banque avait une approche déstructurée dans le recrutement et le perfectionnement des talents des anciens combattants, affirme Letlotlo « Coco » Lefoka, directeur principal de la Stratégie bancaire internationale, qui a aidé à monter ce réseau. M. Lefoka note que malgré sa longue tradition de banquiers qui ont fait leur service militaire, la Banque Scotia n’avait pas de structure d’entraide formelle pour les soldats retraités et réservistes actifs. Plus de 60 anciens combattants et réservistes identifiés travaillent à la Banque Scotia.

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Chacun a l’occasion de réseauter et de mentorer. Nous travaillons dans un environnement d’entraide. 

- David Sutcliffe, caporal des Cameron Highlanders d’Ottawa et conseiller financier principal à la Banque Scotia

Plus de 600 employés de la Banque ont fait leur service militaire pendant la Première Guerre mondiale. Sydney Frost est l’un d’entre eux : il s’était porté volontaire pour le Royal Newfoundland Regiment. En 1918, il a mérité la Croix militaire du courage et du leadership dans la bataille de la crête de Keiberg, non loin d’Ypres. Il est ensuite devenu président et chef de la direction de la Banque Scotia. David Sutcliffe, qui se reconnaît dans les témoignages des employés de la Banque Scotia qui ont fait leur service militaire pendant la Première et la Deuxième Guerres mondiales, affirme que c’est grâce à eux qu’il est fier de travailler à la Banque.

Le Réseau des anciens combattants de la Banque Scotia, qui permet aux anciens militaires et aux réservistes de la Banque Scotia de communiquer, est surtout destiné à bâtir un réseau pour le recrutement et se veut essentiellement un moyen d’aider les nouveaux venus en les intégrant, en enrichissant leur réseau de contacts et en leur permettant d’évoluer professionnellement.

Il fallait essentiellement amener les titulaires des fonctions opérationnelles de la Banque à se faire une autre idée des anciens combattants, déclare M. Lefoka. « Ce sont des soldats, qui sont aussi bien entraînés et qui apportent mille et une qualités à une institution comme la nôtre. Ils savent ce qu’est une mission, ils ont l’esprit d’équipe, ils sont très minutieux et attentifs, et ils se tirent bien d’affaire dans les environnements très stressants », conclut-il.

Quand la COVID-19 a éclaté, en mars 2020, il fallait s’attendre à ce que les réservistes de la Banque Scotia soient appelés à intervenir. Le Réseau des anciens combattants a travaillé, de concert avec les Ressources humaines, à un plan pour actualiser la politique de la Banque sur les congés, qui n’obligeait alors les réservistes qu’à suivre deux semaines de formation par an. Plus de 15 réservistes de la Banque Scotia se sont portés volontaires pour l’Opération LASER, dans l’intervention des Forces armées canadiennes en réaction à la COVID-19. Ils ont finalement été appelés en renfort. 

David Sutcliffe, qui n’était pas du nombre, salue la volonté de son employeur d’offrir des congés préapprouvés et des congés rémunérés pendant les deux premières semaines du déploiement, ainsi que des avantages sociaux permanents et une bourse pour réduire les pertes financières. « Les réservistes peuvent ainsi accomplir leur devoir sans avoir à s’inquiéter de leur famille ni des pressions de rentrer au travail », affirme David Sutcliffe, qui se rappelle qu’en Afghanistan, les réservistes qui l’accompagnaient ne savaient même pas s’ils pouvaient trouver du travail en rentrant. « C’est tout le contraire de la Banque Scotia, s’exclame-t-il, qui appuie sans réserve tous ceux et celles qui doivent être déployés. »

« Le plus important, ce n’est pas tant la rémunération, ce qui est déjà très bien, que l’assurance de pouvoir accomplir une mission très importante et d’avoir du travail en rentrant, insiste M. Lefoka. Il faut reconnaître que ces employés, qui sont pour nous une pépinière exceptionnelle de talents, rendent aussi au Canada des services absolument essentiels. »

Fidèle à cette tradition, M. Lefoka donne bénévolement de son temps au Réseau des anciens combattants. Immigrant venu du Royaume du Lesotho, il avait de la famille en Afrique du Sud pendant l’apartheid et connaît le rôle indispensable qu’ont joué les hommes et les femmes des Forces armées canadiennes dans la lutte pour la liberté et la démocratie, au Canada comme partout ailleurs dans le monde.

M. Lefoka affirme que les Canadiens ont eu de la chance d’avoir une tradition militaire aussi solide dans la Première et la Deuxième Guerres mondiales, pendant la Guerre de Corée et dans les interventions des Nations Unies.

« Les soldats canadiens qui ont joué un rôle en militant pour la liberté dans le monde ont accompli des actes de bravoure absolument exceptionnels et parfois méconnus. »