• La croissance du Canada en 2021 a été révisée à 4,8 %, ce qui reste élevé, contre 6,1 % dans nos prévisions précédentes. Nous nous attendons désormais à un taux de croissance de 3,6 % en 2022, en baisse sur nos prévisions précédentes de 4,1 %. Notre première passe dans les prévisions de 2023 laisse entrevoir une croissance de l’ordre de 3 %.
  • Les difficultés de la chaîne logistique expliquent la plus grande partie de ces révisions, à l’heure où la demande reste extrêmement bien étayée par les fondamentaux. Nous avons révisé notre estimation de la production potentielle cette année et l’an prochain pour tenir compte des incidences plus durables de ces difficultés logistiques.
  • Le variant Delta explique en partie ces problèmes de la chaîne logistique, surtout dans la production des semi-conducteurs dans certains pays asiatiques. Jusqu’à maintenant, relativement peu d’éléments permettent de croire que ce variant se répercute sur les dépenses de consommation, hormis l’incapacité à acheter certains biens en raison de la léthargie des stocks.
  • Puisque les restrictions imposées dans la mobilité se sont dénouées durant tout l’été au Canada, l’activité rebondit dans les secteurs touchés par la COVID-19, ce qui vient compenser une partie de la léthargie liée à l’anémie des stocks de biens.
  • Les pressions inflationnistes restent fortes : un certain nombre de banques centrales adoptent déjà des mesures vigoureuses pour endiguer ces pressions. Nous nous attendons toujours à ce que la Banque du Canada hausse son taux directeur l’été prochain et à ce que la Réserve fédérale fasse de même au début de 2023.
  • Nous ne croyons pas que le résultat des élections au Canada aura une incidence perceptible sur l’activité économique l’an prochain.

Une forte révision des prévisions canadiennes s’impose en raison des contraintes de la chaîne d’approvisionnement, qui paraissent s’éterniser et être plus engageantes que ce que nous avions prévu auparavant. Nous nous attendons désormais à des taux de croissance de 4,8 % en 2021 (contre 6,1 % auparavant) et de 3,6 % en 2022 (contre 4,1 % auparavant). La majorité de ces changements s’explique par les révisions négatives de la croissance du deuxième trimestre, qui tiennent essentiellement compte des difficultés dans l’approvisionnement des principaux intrants de la production en raison des pénuries de composants comme les semi-conducteurs ou des blocages dans le transport. Malgré ces frictions, les statistiques qui confirment que la demande est toujours aussi vigoureuse et que la demande refoulée augmente sont nombreuses, et la reprise reste solidement orientée, à moins d’être freinée par de nouvelles ruptures de la chaîne logistique. Nous constatons actuellement peu de signes directs des répercussions économiques du variant Delta sur l’activité économique canadienne et nous nous attendons à ce que la situation reste essentiellement la même jusqu’à la fin de l’année; or, il est évident que le virus pénalise les principaux pays en cause dans la production des intrants critiques, ce qui viendra retarder le rythme auquel l’économie pourra reprendre du mieux.

Si les contraintes de l’offre sont cinglantes, c’est précisément parce que la demande est très forte. La croissance de l’emploi reste exceptionnellement solide au Canada, la richesse des ménages culmine toujours à des niveaux record, les cours des produits de base restent élevés, la croissance de l’économie américaine est toujours très vigoureuse, l’épargne continue de se cumuler et la confiance des entreprises de rester particulièrement forte, même si les cas de COVID-19 se multiplient de nouveau. Dans l’ensemble, ces facteurs fondamentaux de la croissance continuent de laisser entrevoir une progression remarquablement vigoureuse dans les prochains trimestres, même si l’économie est temporairement fragilisée dans sa capacité d’importer ou de produire des biens. Le secteur des services, qui vient compenser certaines difficultés dans la colonne des biens du bilan économique, reprend de la vitesse, à l’heure où les restrictions imposées dans la mobilité se dénouent. Les voyages bondissent, tout autant que l’activité dans le secteur de la restauration et de l’hôtellerie. C’est ce que paraissent confirmer les données sur les transactions bancaires, ce qui laisse entendre que les dépenses de consommations sont restées solides en août. De plus, Statistique Canada publie désormais, à titre d’essai, un indicateur en temps réel de l’activité économique dans les grandes villes (graphique 1), et cet indicateur laisse entendre que l’activité dans les plus grands centres urbains s’est généralement accélérée durant l’été.

Cette tension entre la demande et l’offre est évidente dans un certain nombre de baromètres; rien ne l’illustre plus clairement que l’information sur le sondage du Baromètre mensuel des entreprises de la Fédération canadienne de l’entreprise (graphique 2). Alors que les postes à pourvoir dépassent désormais les niveaux prépandémiques, les PME font savoir que le choc des pénuries de main-d’œuvre est ce qui nuit le plus aux ventes et à la production depuis le début du sondage. La pénurie d’intrants et les difficultés dans la distribution des produits atteignent elles aussi leur zénith dans les annales.

Nous relevons ailleurs, notamment aux États-Unis, ces obstacles dans la chaîne logistique. Ils ont un impact particulièrement retentissant dans les industries dont les chaînes logistiques sont vastes et complexes, par exemple le secteur automobile. De nombreux constructeurs automobiles ont annoncé, dans les prochaines semaines, des baisses ou des arrêts de la production parce qu’ils ne peuvent pas se procurer les semi-conducteurs essentiels. Compte tenu de l’importance de ce secteur pour l’économie nord-américaine, cette pénurie a eu un choc perceptible sur le Mexique, les États-Unis et le Canada en août, et probablement en septembre. Plus généralement, la multiplication statistique des ruptures de la chaîne logistique nous amène à réduire notre estimation de la croissance potentielle au Canada cette année et l’an prochain.

Il est important de mettre en contexte ces difficultés de l’offre. Si elles existent, c’est essentiellement en raison de la vigueur de la demande. Pour un large éventail de biens, les stocks anémiques expliquent la demande refoulée. Compte tenu de la solide situation financière de nombreux ménages et des taux de financement toujours extrêmement conciliants, les dépenses de consommation s’annoncent vigoureuses lorsque les biens offerts sur le marché seront plus nombreux, ce qui sous-tend notre avis : la croissance de l’économie canadienne restera assez vigoureuse, à 3 %, en 2023.

Dans le même temps, le déséquilibre entre la demande et l’offre a pour effet de généraliser la hausse de l’inflation à l’heure où les entreprises répercutent sur leur prix une partie des pressions haussières sur les prix des intrants auxquelles elles sont soumises, notamment l’augmentation des salaires. L’inflation de synthèse s’accélère plus rapidement que prévu dans la plupart des pays que nous surveillons. Nous sommes toujours d’avis que le pic inflationniste sera transitoire; or, il est aujourd’hui évident qu’il faudra attendre quelques trimestres pour que l’inflation se purge de ces pressions sur les prix des intrants temporaires, mais tenaces. Au Canada, nous n’avons essentiellement pas modifié nos prévisions inflationnistes, puisque les révisions négatives importantes apportées à nos prévisions de croissance tiennent compte d’un redressement du rythme de la croissance potentielle de la production. Au Canada comme aux États-Unis, nous continuons de nous attendre à ce que les indicateurs de l’inflation fondamentale restent supérieurs aux cibles des banques centrales en 2023.

Les banques centrales réagissent à ces pressions inflationnistes. Dans les pays de l’Alliance du Pacifique, les pressions sur les prix des intrants, de concert avec la dévalorisation des taux de change, donnent lieu à des surcroîts de l’inflation, déjà accompagnés de hausses vigoureuses des taux directeurs. En deçà de nos frontières, la Banque du Canada a entamé le débouclage de son bilan et paraît imperturbable devant l’étonnante léthargie de la production au deuxième trimestre. La Réserve fédérale semble pour sa part mettre la table pour une réduction de son programme d’assouplissement quantitatif d’ici la fin de l’année. C’est pourquoi nous sommes toujours d’avis que la Banque du Canada haussera l’été prochain son taux directeur malgré l’abaissement de nos prévisions de croissance. La Fed devrait emboîter le pas au début de 2023.

D’un point de vue macroéconomique, l’élection fédérale au Canada est essentiellement un non-événement. Les plateformes économiques des deux grands partis laissent entendre que l’un comme l’autre resteront essentiellement fidèles à leur parcours l’an prochain ou dans les deux prochaines années pour ce qui est de l’amplitude des dépenses, même si ces plateformes sont différentes du point de vue des mesures qui pourraient être adoptées.


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