BUDGET 2021 : AMBITIEUX, OUI! MAIS EXÉCUTABLE? 

  • Le gouvernement plafonne à 51,2 %, pour cet exercice financier, son ratio de la dette/PIB malgré les nouvelles dépenses massives, et précise que ce ratio baissera dans les années suivantes.

  • Il propose tout un train de mesures : les garderies à 10 $ par jour dans l’ensemble du pays constituent un objectif essentiel. Même si le gouvernement s’engage à dépenser 30 milliards de dollars dans les cinq prochaines années pour atteindre cet objectif, on ne sait pas vraiment si les négociations avec les provinces donneront lieu cette année à des progrès significatifs dans le domaine des garderies.

  • Dans l’ensemble, les mesures paraissent bien ciblées pour hausser la production potentielle en se consacrant à l’inclusion économique, à la transition verte et à des mesures destinées à encourager l’investissement des entreprises.

  • Le budget devrait avoir au mieux un impact marginal sur les prévisions de croissance de cette année et de l’année suivante. 

Les plans du gouvernement libéral pour reconstruire l’économie prennent forme. Ils prévoient 100 milliards de dollars de dépenses nouvelles dans les trois prochaines années pour modeler l’économie postpandémique. Dans l’ensemble, les mesures paraissent bien ciblées pour permettre de hausser la production potentielle au Canada en se consacrant à l’inclusion économique, à la transition verte et à des mesures destinées à encourager l’investissement des entreprises. Compte tenu du nombre de mesures avancées dans le Budget, on serait très tenté d’affirmer que les efforts sont millimétrés : la puissance de feu considérable déployée pourrait au mieux être caractérisée comme un coup de fusil. Les plans de dépenses sont en partie compensés par différentes mesures de production de recettes; or, la croissance vigoureuse et le dénouement rapide des mesures d’aide pendant la pandémie au-delà de cet exercice financier donnent lieu à un ratio dette/PIB qui amorce l’an prochain sa trajectoire descendante (graphique 1). Si cette baisse se matérialise, il s’agira d’une réalisation louable. Ce qui est tout aussi important, c’est que le Canada continuera de s’inscrire à la fin de la liste du G7 du point de vue de la dette nette générale de l’État.

Dans une perspective macroéconomique, l’impulsion que laisse entendre le Budget correspond essentiellement à ce que nous avions supposé dans la foulée de l’Énoncé économique de l’automne. C’est pourquoi il est improbable que nous soyons appelés à modifier considérablement nos prévisions pour le Canada cette année ou l’année suivante, compte tenu du Budget 2021.

LES PRINCIPALES MESURES D’AIDE

Bien qu’à l’évidence, les résultats économiques et les attentes vis-à-vis de la croissance aient pris du mieux dans les derniers mois, le gouvernement continue de s’engager à offrir à court terme d’abondantes mesures d’aide budgétaire. Selon les garde-fous budgétaires du gouvernement, les résultats du marché du travail restent inférieurs aux niveaux prépandémiques, même si les statistiques récentes laissent entendre que l’écart par rapport à la période qui a précédé la COVID s’amenuise rapidement. Le Budget semble réaliser un équilibre harmonieux entre l’extension des mesures destinées à aider les entreprises et les ménages canadiens à amortir les chocs actuels et ultérieurs de la pandémie, en continuant d’offrir certains programmes d’aide sans stimuler excessivement l’économie à court terme.

À l’évidence, le gouvernement entend sérieusement lancer un régime national complet de services de garde d’enfants et s’engage à y apporter un financement de 30 milliards de dollars dans les cinq prochaines années pour offrir des garderies à 10 $. Nous sommes parfaitement d’accord avec cet objectif. Toutefois, comme nous l’avons signalé à maintes reprises, le programme national de garde d’enfants obligera probablement à mener avec les provinces des négociations vastes et prolongées. Faute de progrès concret à court terme, il est improbable que le paysage des services de garde d’enfants change beaucoup cette année. Nous continuons de croire que la vision du gouvernement dans les services de garde d’enfants dans l’ensemble du pays devrait être étoffée par des mesures visant à alléger le fardeau financier de la garde des enfants jusqu’à ce que sa vision devienne une réalité.

L’aide aux entreprises : Le gouvernement propose de dépenser un peu plus de 16 milliards de dollars dans les cinq prochaines années, dont 3,7 milliards de dollars cette année, pour aider l’activité des entreprises. Parmi les nombreuses propositions, cette aide prévoit presque 600 millions de dollars cette année pour secourir les entreprises fortement malmenées et leur permettre d’embaucher plus de travailleurs, des investissements stratégiques continus pour permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’accélération de la transformation industrielle et le financement destiné à aider les PME à entrer dans l’ère numérique. On espère que ces mesures muscleront chroniquement l’investissement anémique des entreprises au Canada; or, il est utile de faire observer que les nombreux efforts des précédents gouvernements pour hausser l’investissement sont restés vains. Compte tenu du parcours budgétaire que comportent les propositions actuelles, nous aurions préféré que le gouvernement consacre des sommes plus importantes aux mesures destinées à hausser l’investissement dans le cadre de la transformation postpandémique.

Au-delà de ces secteurs, le Budget comprend des douzaines d’autres mesures dans différents domaines. La liste des initiatives nouvelles est si longue qu’il est impossible de la résumer dans cette note. Voici quelques mesures essentielles. Le régime de l’assurance-emploi sera modifié pour favoriser l’accessibilité et accroître la durée des prestations de maladie. L’Allocation canadienne pour les travailleurs sera plus généreuse. Les prestations de la Sécurité de la vieillesse seront augmentées de 12 milliards de dollars dans les cinq prochaines années. Le gouvernement consentira un certain nombre d’investissements pour accroître le logement abordable, notamment en augmentant de 1,5 milliard de dollars l’Initiative pour la création rapide de logements. Le gouvernement va aussi de l’avant dans ses plans pour adopter une taxe de 1 % sur la valeur des immeubles résidentiels inoccupés ou sous-utilisés appartenant à des étrangers non résidents.

Pour ce qui est des recettes, au-delà des mesures destinées à endiguer l’accès des acheteurs étrangers à la propriété, le Budget propose un certain nombre de mesures fiscales qui consistent par exemple à limiter le montant des intérêts que peuvent déduire certaines entreprises, la taxe de luxe sur les voitures, les aéronefs personnels et les embarcations, l’amélioration de la perception des droits de douane et des taxes sur les marchandises importées, le renforcement de la capacité de l’ARC à percevoir les impôts impayés, en plus de différentes autres mesures. Dans l’ensemble, les mesures de production de recettes viendront enrichir de 8,3 milliards de dollars les coffres fédéraux dans les cinq prochaines années, contre de nouvelles dépenses de 135 milliards de dollars.

PROJECTIONS BUDGÉTAIRES

Bien qu’il soit plus important, en chiffres absolus, que la projection publiée à la fin de l’an dernier, le déficit de 155 milliards de dollars attendu pour l’exercice financier 2022 représente une part moindre que projetée du PIB nominal prévu dans l’Énoncé économique de l’automne. La hausse du niveau du PIB depuis novembre s’explique essentiellement par les nouvelles initiatives officielles de presque 50 milliards de dollars, compensées depuis en partie par une amélioration de 16 milliards de dollars de la conjoncture économique et budgétaire. De même, les projections du déficit budgétaire des années ultérieures représentent des parts plus modestes de la production nationale (graphique 2, page 1).

En pourcentage de la production, les niveaux de la dette de l’État devraient progresser beaucoup plus discrètement qu’annoncé à la fin de l’an dernier. Ottawa s’attend désormais à ce que son ratio de la dette nette/PIB atteigne à peine 51,2 % dans l’EF 2022 et baisse dans chacun des exercices financiers suivants. Ce chiffre contraste avec la hausse constante menant à 58 % dans l’EF 2024, qui avait été annoncée en novembre 2020 selon différents scénarios de mesures de relance et maintient l’avantage tant vanté du Canada par rapport aux autres pays du G7.

Le gouvernement s’attend à ce que les frais de la dette publique atteignent des parts minimums des recettes (6,2 %) et du PIB nominal (0,9 %) dans l’EF 22 — pour ensuite augmenter rapidement selon les prévisions, de concert avec les taux obligataires (graphique 3). D’ici l’EF 2026, Ottawa s’attend à ce que les frais de remboursement de la dette interviennent pour 9 % et 1,4 % respectivement dans les recettes et dans la production : ces deux taux sont nettement inférieurs aux pics atteints à la fin des années 1980 et au début des années 1990. D’après les estimations, par le gouvernement, de l’impact de la hausse soutenue de tous les taux d’intérêt, les frais de remboursement de la dette pourraient passer à 10,8 % des recettes et à 1,7 % du PIB si les taux d’intérêt sont haussés de 100 points de base.

Le gouvernement s’attend à emprunter 523 milliards de dollars dans l’EF 2022. Ce chiffre comprend 332 milliards de dollars pour les besoins en refinancement et 191 milliards de dollars pour les besoins financiers — dont l’essentiel se rapporte au déficit projeté. Durant l’exercice financier en cours, il continuera de tâcher de maximiser le financement de la dette liée à la COVID-19 grâce à des obligations à long terme, qui devraient représenter 42 % des émissions obligataires.

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