• Dans l’ensemble, les cours des produits de base ont continué de monter malgré les flambées de la COVID-19 et les plans de déconfinement en pause dans certains pays.

  • La vigoureuse remontée des cours se poursuit pour les métaux industriels, en particulier grâce à la reprise de l’activité manufacturière et de la construction et malgré les inquiétudes logistiques régionales.

  • Les marchés du pétrole brut poursuivent leur long parcours de rééquilibrage.

LA REPRISE MONDIALE PROGRESSE

L’activité économique mondiale continue essentiellement de s’améliorer en se relevant des creux atteints dans le confinement du début de l’année (graphique 1), malgré la hausse des cas de COVID-19 et les plans en pause pour réassouplir les restrictions dans certains pays. Il s’agit toujours d’un facteur qui permet de relever la plupart des cours des produits de base. Du point de vue du rythme de la croissance, nos trajectoires prévisionnelles pour la plupart des pays laissent essentiellement entrevoir une reprise classique en V. Or, le rebond devrait être graduel, et pour bien des pays, le rattrapage des pertes essuyées au premier semestre de 2020 pourrait s’étendre sur deux ans.

 

Bien que nous ne nous attendions pas à ce que la propagation fulgurante du virus aux États-Unis nuise à la trajectoire globale de l’économie mondiale, elle a influencé le goût du risque, et si on ne maîtrise pas cette propagation, nous pourrions changer d’avis. La mise en pause de certains plans de déconfinement pourrait aussi donner lieu, dans certains pays, à une dévalorisation incrémentielle de la croissance.

Les tensions commerciales et diplomatiques sino-américaines restent vives. La semaine dernière, les deux pays ont fermé des consulats à l’étranger. L’incertitude provoquée par les mesures prolongées de rétorsion entre les deux grandes puissances économiques mondiales a considérablement freiné la croissance et pesé sur les cours des produits de base l’an dernier. En brandissant à nouveau, en 2020, son spectre, elle menace une reprise déjà fragilisée par la COVID-19.

MÉTAUX : L’OR ET LE CUIVRE CONTINUENT DE MONTER DE CONCERT

La double remontée des cours de l’or et du cuivre est une caractéristique singulière du paysage des produits de base cette année. La valeur de l’un a tendance à monter quand la valeur de l’autre baisse. Généralement, on se rue sur l’or comme valeur refuge pendant les périodes économiques tumultueuses, alors que le « Dr Cuivre », comme on l’appelle, est à l’image de l’opinion que l’on se fait du métal rouge comme baromètre de l’activité mondiale dans la construction et dans l’industrie manufacturière.

L’incertitude de la conjoncture économique — même si elle s’améliore — a essentiellement musclé les cours du lingot. En 2019, les investisseurs se sont précipités sur le métal jaune pendant la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, ce qui en a considérablement relevé le cours, et ont continué de le faire cette année malgré la conjoncture économique la plus incertaine depuis la Grande Dépression. À une époque plus récente, le bond de l’or, qui a franchi la barre des 1 900 $ US l’once, s’explique par la dévalorisation substantielle du dollar américain (graphique 2). Nous croyons que cette évolution est attribuable à la mutation de la valeur refuge que constituait le billet vert plutôt qu’à la hausse de l’inflation que certains redoutaient. Toujours est-il que les facteurs de la récente croissance des cours du lingot devraient continuer de produire leurs effets dans les prochains mois.

 

À près de 3,00 $ US/t, le cuivre a gagné plus de 35 % depuis son creux de mars, en fracassant, chemin faisant, le niveau des cours avant la pandémie (graphique 3). Deux facteurs fondamentaux expliquent ce rebond. Les premiers confinements en Chine — pays responsable d’environ la moitié de la consommation mondiale du cuivre — ont tétanisé l’activité et la demande industrielles; de même, un rebond meilleur qu’escompté et un important programme de mesures de relance ont favorisé la progression du métal rouge. Dans le même temps, la propagation chronique de la COVID-19 dans les grands pays producteurs que sont le Chili et le Pérou a donné lieu à des inquiétudes logistiques aigües, ce qui a pesé plus lourdement sur les cours. Puisque ces deux facteurs sont appelés à perdurer dans les prochains mois, nous avons révisé à la hausse nos prévisions à court terme sur le cuivre.

 

Les cours des autres métaux industriels ont eux aussi tendanciellement évolué à la hausse; or, leurs perspectives sont moins prometteuses. Le minerai de fer continue de profiter de la vigueur de la production sidérurgique chinoise, de la léthargie des stocks dans les ports chinois et de l’incertitude qui pèse sur l’offre parce que la COVID-19 évolue à vive allure dans la première région minière du Brésil. Or, l’angoisse sur ce dernier point pourrait retomber, puisque jusqu’à maintenant, les prévisions sur la production restent intactes. Le nickel a lui aussi monté; toutefois, à la différence du cuivre, le marché du nickel a commencé 2020 en position excédentaire; en Indonésie, l’interdiction d’exporter la fonte de première fusion nickélifère viendra probablement étayer avec force la production dans les prochaines années. Les cours du zinc, même s’ils sont sortir des bas-fonds pandémiques, seront aux prises avec la mise en service de la nouvelle capacité de production lancée avant la pandémie et avec la demande particulièrement léthargique liée à l’utilisation de ce métal dans les secteurs du transport et de l’automobile.

LES PREMIERS SIGNES DE LA HAUSSE DE LA PRODUCTION PÉTROLIÈRE COMMENCENT À SE FAIRE JOUR

Les marchés du brut continuent leur long parcours de rééquilibrage. Énergisées par les cours du WTI, qui sont de l’ordre de 35 $ à 40 $ US le baril depuis les deux derniers mois, les entreprises de forage américaines ont commencé à relever leur production (graphique 4). Ce relèvement commence à se répercuter peu à peu sur l’équilibre des stocks massifs de brut constitués pendant les chocs simultanés sur la demande et l’offre au début de l’année. Une nouvelle hausse des cas de COVID-19 et les restrictions liées à la pandémie aux États-Unis continuent de comporter des risques de baisse.

 

En Alberta, les baisses de production du brut pourraient aussi se ralentir, et nous prévoyons un différentiel WCS-WTI plus rapproché que celui que nous avions projeté auparavant sur les prochaines années. Le fort repli de la production dans la foulée de l’affaissement des cours du pétrole en raison de la COVID-19 a laissé une capacité excédentaire dans les oléoducs exportateurs, et ce déficit aigu freine les producteurs de pétrole de l’Ouest canadien depuis quelques années. L’offre de pétrole lourd a elle aussi probablement été limitée par les contingents de production de l’OPEP+ et du Venezuela. L’écart frôle aujourd’hui les 10 $ US le baril; toutefois, nous entrevoyons un écart moyen plus durable, de l’ordre de 15 $ US le baril, dans les prochaines années. À plus long terme, les perspectives des producteurs de l’Ouest ont été rehaussées, durant le mois écoulé, lorsque la Cour suprême du Canada a rejeté un appel sur l’expansion de l’oléoduc TransMountain, ce qui met effectivement fin à une querelle juridique qui dure depuis des années.

Le compte rendu économique et budgétaire publié vendredi dernier par le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador nous rappelle les difficultés qui pointent à l’horizon pour les administrations essentiellement productrices de pétrole et de gaz. Comme nous l’avons signalé dans notre note, cette province paraît en voie d’éviter une contraction historique de sa production réelle en partie grâce au relèvement de la production de la plateforme pétrolière en mer Hebron, affligée de longs délais de production; toutefois, elle est aux prises avec un déficit budgétaire nominal presque sans précédent cette année. Comme la Saskatchewan, le Roc sera probablement aux prises avec des inquiétudes à long terme sur la viabilité financière et avec la nécessité d’étayer une économie de ressources mise à rude épreuve. On s’attend à ce que l’Alberta publie en août un compte rendu financier officiel; or, le gouvernement provincial a déjà fait savoir que le déficit budgétaire de cette année sera d’au moins 20 G$ CA (soit 6 % à 7 % du PIB nominal, selon nos plus récentes prévisions) (graphique 5).

 

NOTE TECHNIQUE

Indice Scotia des prix des produits de base – Principales exportations canadiennes

Janvier 2007 = 100

Le présent indice a été conçu pour suivre les variations des prix au comptant ou de vente en dollars US pour des marchandises et des produits manufacturés à base de matières premières du Canada sur les marchés d’exportation. Le poids de chaque produit repose sur la valeur de ses exportations nettes en 2010. Avant janvier 2007, le poids de chaque produit reposait sur la valeur de ses exportations entre 1995 et 1997. Toutefois, dans le cas du brut et des produits pétroliers raffinés, du papier de pâte maigre non couché et du carton doublure, on utilisait la valeur des exportations nettes. Le Canada importe une grande quantité de ces produits; par conséquent, l’emploi de la seule valeur des exportations aurait surestimé leur contribution à la performance commerciale du Canada.

La composition de l’indice est la suivante :  

PÉTROLE ET GAZ

Produits pétroliers bruts et raffinés ($ US par baril) le prix du pétrole brut non corrosif léger MSW à Edmonton (auparavant, prix du pétrole brut Edmonton Par) et prix du pétrole lourd Western Canadian Select à Hardisty, en Alberta; écarts de prix par rapport au prix des contrats à terme à échéance rapprochée sur le WTI provenant de Bloomberg.

Gaz naturel ($ US le millier de pieds cubes) Prix à l’exportation moyen de l’Office national de l’énergie.

Liquides du gaz naturel (LGN – propane, butane, éthane et pentanes plus) ($ US le baril) Prix du propane à Edmonton et à Sarnia.

 

MÉTAUX ET MINÉRAUX

Cuivre et produits ($ US la livre) Cours officiel au comptant à Londres pour le cuivre de catégorie A.

Zinc ($ US la livre) Cours officiel au comptant à Londres SHG; avant septembre 1990, prix des producteurs américains pour le zinc de haute qualité, livré.

Plomb ($ US la livre) Cours officiel au comptant à Londres; avant janvier 1991, prix des producteurs américains pour le plomb de qualité ordinaire, livré.

Aluminium et produits ($ US la livre) Depuis 1979, cours officiel au comptant à Londres.

Nickel ($ US la livre) Depuis 1980, cours officiel au comptant à Londres.

Or ($ US l’once) Prix de l'or LBMA en après-midi, à compter du 20 mars 2015.

Potasse ($ US la tonne) Chlorure de potassium standard, prix au comptant, FAB à Vancouver. 

Soufre ($ US la tonne) À l’état solide, prix au comptant, FAB à Vancouver.  

Charbon métallurgique ($ US la tonne) Prix contractuel du charbon dur cokéfiable de première qualité, FAB à Vancouver.

Minerai de fer (cents US la tonne métrique sèche) Prix au comptant des fines ayant une teneur en fer de 62 %, livrées CFR à Qingdao, en Chine; avant janvier 2011, prix contractuel des concentrés ayant une teneur en fer de 66 % en provenance du Labrador et du Québec et exportés vers l’Europe du Nord (FAB à Sept-Îles).  

Uranium ($ US la livre) Contrats à terme à échéance rapprochée sur l’U308, selon Bloomberg.

Molybdène ($ US la livre) Depuis mars 1992, prix MW du courtier de l’oxyde de molybdène.

Cobalt ($ US la livre) Prix MW du courtier.

 

PRODUITS FORESTIERS

Bois d’œuvre et produits ligneux, 2 x 4 de pin-sapin-épinette de l’Ouest, catégorie no 2 ou supérieure ($ US le mpmp), FAB à l’usine.

Panneaux de particules orientées ($ US le millier de pieds carrés), Centre-Nord des États-Unis, 7/16 de pouce.

Pâte kraft blanchie de résineux de l’hémisphère nord ($ US la tonne) Prix de vente, livrée aux États-Unis.

Papier journal ($ US la tonne) Prix de vente moyen, 45 grammes par mètre carré, livré dans l’Est des États-Unis.

Papier spécial à base de pâte mécanique ($ US la tonne courte). Papier glacé A, 35 lb, livré aux États-Unis.

Carton doublure ($ US la tonne courte), livré dans l’Est des États-Unis, escompte régional compris.

 

PRODUITS AGRICOLES

Blé et farine ($ US la tonne), DNS de première qualité à 14 % de protéines à Duluth, au Minnesota; avant avril 2011, CWRS de première qualité à 13,5 % de protéines à St-Laurent.

Orge ($ US la tonne), Agroalimentaire Manitoba no 1 : prix global au comptant de l’orge de l’Ouest canadien; données statistiques no 1 à Lethbridge (Alberta).

Canola et oléagineux ($ US la tonne) Classé Canada no 1, rendu Vancouver.

Bovins et bœuf ($ US le quintal) Bouvillons de plus de 1 051 livres à Toronto; depuis janvier 1993, moyenne ontarienne.

Porcs ($ US le quintal) Indice 100 du porc à Toronto; depuis janvier 1993, moyenne ontarienne.

Poissons et crustacés ($ US la livre) Prix du saumon coho argenté de la côte Ouest et du homard de l’Atlantique; avant 1986, filets et blocs de morue.

 

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